Stress : pourquoi se faire aider ?

Nous sommes tous confrontés à des situations de stress, et pourtant nous n'y réagissons pas de la même façon. Comment expliquer cette inégalité devant le stress et savoir s'en protéger ?

18 JUIN 2019 · Dernière modification: 19 JUIN 2019 · Lecture : min.
Stress : pourquoi se faire aider ?

« Stress » : l'ensemble des moyens physiologiques et psychologiques mis en œuvre par une personne pour s'adapter à un événement donné (Hans Selye).

Vous avez peut-être déjà eu envie d'exploser parce que votre ado de 15 ans a laissé trainer une chaussette sale, d'étrangler votre patron qui vous demandait un dossier le vendredi soir à 18h30 alors que vous vous apprêtiez à partir en week-end, ou encore de partir en courant avant d'entrer dans une salle pleine à craquer avant votre conférence, ou bien d'être resté(e) tétanisé(e) et l'esprit vide et devant votre feuille blanche à l'examen du baccalauréat ?

Bref, vous vous êtes encore fait le coup du Mammouth ! Un gros coup de stress, incontrôlable, souvent disproportionné par rapport à la situation, comme si votre vie était en danger…UNE RÉACTION NATURELLE D'ADAPTATION (L'instinct de survie).

Vous avez simplement expérimenté la réaction très archaïque que votre système nerveux autonome met en place pour vous protéger face à un danger vital, soit pour vous permettre de fuir, soit pour vous aider à combattre. Cette réaction générale d'adaptation de stress (décrite en 1963 par l'endocrinologue Hans Selye) se manifeste entre autres par la sécrétion d'une hormone, l'adrénaline, qui a pour effet une accélération du rythme cardiaque et une augmentation de la tension artérielle, afin d'envoyer plus de glucose et d'oxygène dans les muscles. Le rythme respiratoire augmente également, pendant que la digestion et les fonctions cognitives (réflexion, pensée) sont inversement inhibées. Face à un Mammouth, il faut fuir ou combattre, sans réfléchir !

Heureusement, cette réaction d'adaptation est prévue pour ne durer qu'un moment et disparaît une fois le Mammouth parti, lorsque le système nerveux revient à un état d'équilibre (homéostasie).

Pourtant, dans les cas cités plus haut, vous n'étiez pas du tout en danger de mort, et la réaction d'adaptation de votre corps s'est déclenchée quand même, de façon disproportionnée par rapport à la situation.

Pourquoi avez-vous réagi de la sorte ? Une des explications serait que ces fonctions instinctives, archaïques, n'ont pas encore eu le temps de s'adapter aux conditions du stress moderne, dont la nature a complètement changé depuis seulement un siècle. En effet, à partir de la seconde moitié du XX siècle, nous sommes rarement confrontés à un danger vital, alors que les générations précédentes, sans exception, ont toutes dû faire face à des situations de guerre et payer un lourd tribut.

Tout se passe comme si notre corps moderne continuait à fonctionner sur ces anciennes bases, qui remontent aux premiers hommes…

Une autre donnée moderne est que le stress, au lieu d'être une mobilisation de l'organisme face à un danger ponctuel, a tendance à devenir un stress chronique, et que les modèles sociaux (relative stabilité de la cellule familiale, plein emploi, solidarité rurale, etc.) qui avant la seconde moitié du XXè siècle nous protégeaient de son impact ne fonctionnent plus aussi bien aujourd'hui, devenant eux-mêmes source de stress... l'apparition et le développement depuis les années 90s des technologies numériques, de la téléphonie mobile et des réseaux sociaux viennent encore accentuer ce phénomène, puisque nous avons de plus en plus de mal à nous « déconnecter » du travail et de nos interactions avec autrui. C'est comme si nous devions vivre en permanence au milieu d'un troupeau de mammouths, et maintenir sans cesse une vigilance dans tous les cadres de vie...

Cette mobilisation sur le long terme va dépasser les capacités de réponse normale et l'organisme en mobilisant une autre hormone, le cortisol, dont on connaît aujourd'hui les effets délétères sur l'organisme lorsqu'il y est présent en trop grande quantité et trop longtemps. La répétition du stress dans la durée aboutit à un épuisement physique et psychique. C'est le fameux « Burn Out".

La recette du stress

Le centre d'étude sur le stress humain, dirigé par Sonia Lupien (chercheuse en neurosciences et professeur au département de psychiatrie de Montréal), a pour mission d'éduquer le public sur les effets du stress sur le cerveau et le corps chez l'adulte et l'enfant. Au cours de ses travaux de recherche, elle identifie 5 ingrédients essentiels (facteurs externes de stress) que l'on retrouve le plus souvent à l'origine du stress, et qui peuvent se résumer en un mot, facile à retenir : CINÉ !

C = contrôle faible (impression de subir sans aucun pouvoir)I = imprévisibilité (ne pas être en mesure de prévoir ce qui va se passer) N = nouveauté (devoir s'adapter aux changements) É = égo menacé (se sentir dévalorisé ou ignoré dans la relation à l'autre, ou traverser un conflit). Ces ingrédients font pour la plupart référence à des facteurs externes de stress, auxquels nous pouvons être confrontés, comme un accident, la perte d'un travail ou d'un être cher, un conflit avec des collègues de travail ou avec son conjoint, un changement d'affectation, des horaires de travail imposés, jusqu'aux cas plus graves de harcèlement moral…

Plus difficiles à identifier, car ils sont issus de notre éducation, de notre culture, de nos croyances et de notre chemin de vie, ce sont les facteurs internes de stress. Ils prennent souvent la forme de petites voix intérieures, des « ils faut », « je dois », ou des « c'est bien, c'est mal », autant d'injonctions-jugements souvent héritées de nos parents et éducateurs, que nous avons fait nôtres et que nous nous imposons, fidèlement. Ces facteurs internes sont différents pour chaque personne. Ainsi, confrontés aux mêmes événements, certains d'entre nous vont fabriquer un mammouth tandis que d'autres n'y verront qu'un obstacle à contourner sur leur chemin.

Ces petites voix intérieures, souvent rigidifiées, peuvent nous entraîner à adopter des postures inadaptées lors de nos échanges avec autrui. C'est ce qu'Eric Berne a décrypté en Analyse Transactionnelle, en repérant différentes modalités d'interaction depuis 3 positions possibles (états du moi) : parent, adulte, enfant. En fonction du cadre dans lequel nous évoluons, ces positions (ou talents, en EmetAnalyse) vont être adaptées ou, au contraire inadaptées, et entraîner le cas échéant les protagonistes dans des jeux psychologiques de manipulation, dans lesquels les « joueurs » seront tour à tour «victime », « persécuteur » et « sauveteur ». C'est ce qu'on appelle le triangle de Karpman (du nom du Dr Stephen Karpman, médecin psychiatre, grande figure de l'Analyse Transactionnelle).

La recette anti-stress va donc consister en premier lieu à « traquer le mammouth », comprendre ce qui fait que pour une situation donnée nous fabriquons du stress, et comment nous pourrions faire autrement à l'intérieur de la situation vécue pour éviter de tomber dans le piège du triangle dramatique.

Une autre source de stress fréquente, que ce soit dans le cadre du travail ou dans la vie privée, ce sont les conflits. Rares sont les personnes qui ne les redoutent pas, car ils sont synonymes pour beaucoup de tensions, de propos malveillants et de manipulations. Pourtant, le conflit n'est ni bon ni mauvais en soi, s'il est abordé pour ce qu'il est, c'est à dire un moment dans la relation qui place les protagonistes en présence de leur singularité réciproque, tant au niveau de leurs besoins et désirs, qu'à celui de leurs valeurs ou encore de leur analyse.

L'accompagnement d'un tiers vous aidera à identifier le type de conflit dans lequel vous vous trouvez engagé vous permettra d'en sortir, soit en adoptant des stratégies adaptées, soit en mettant fin à la relation plutôt que de l'user dans des combats stériles.

Comment « remercier » le mammouth ?

Dans un premier temps, il existe heureusement des techniques de « gestion du stress » qui pourront vous aider à limiter ses symptômes en travaillant à l'endroit de la somatisation, c'est-à-dire dans le corps. Des techniques comme la sophrologie, la cohérence cardiaque, la relaxation par la respiration et la visualisation vont vous permettre d'acquérir des compétences pour mieux gérer vos émotions lors de l'exposition aux situations de stress, et de limiter ainsi son impact sur le corps.

Ensuite, comme nous venons de le voir, mises à part dans des situations vitales et des événements catastrophiques les facteurs de stress sont en grande partie internes et mettent exergue vos fonctionnements inconscients et votre histoire singulière. La relation d'aide va vous permettre de devenir lucides sur ces fonctionnements, ou plutôt sur ce qui dysfonctionne dans la relation à l'autre. La bonne nouvelle, c'est que ces dysfonctionnements « parlent » à leur façon de ce qui est important pour vous. Ils ont toujours une « bonne raison » d'exister, qu'il convient de mettre à jour pour mieux la comprendre et mieux vous comprendre, et vous permettre d'en changer pour quelque chose d'adapté dan le présent.

En parallèle, l'apprentissage progressif d'une grammaire relationnelle vous permettra de sortir des jeux psychologiques et des freins inconscients qui vous empêchent de rester acteur de votre vie, de vous positionner pour préserver ce qui est important pour vous, sans fabriquer de culpabilité, tout en tenant compte des personnes avec qui vous êtes en interaction.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Caroline Gormand

Praticienne en psychothérapie et Hypnose - Sophrologue Sa vocation est de vous accompagner dans les changements que vous souhaitez pour vous même, dans le cadre d’une écoute bienveillante, afin de vous aider comprendre vos difficultés et blocages, et faire émerger les ressources, savoir-faire et savoir-être que vous pouvez mobiliser.

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