30 ans, célibataire, sexy et épanouie : c'est possible ?

Les Femmes modernes indépendantes, épanouies sans enfants font la une de la presse ! Les codes sont renversés. Mais derrière cette apparence de guerrière se cache une femme sensible.

30 AVRIL 2021 · Lecture : min.
30 ans, célibataire, sexy et épanouie : c'est possible ?

À l'heure où la femme s'épanouie dans le monde des affaires et des finances, les schémas antérieurs collectifs persistent : « Quand penseras-tu à avoir des enfants ? Tu commences à prendre de l'âge (…), Tu es trop exigeante tu ne rencontreras jamais personne (…) un homme a besoin que lui laisse une place etc ».

Par définition, une femme indépendante n'a pas besoin d'une autre personne pour réussir ni pour être heureuse. Elle est carriériste, déterminée, assertive, indépendante financièrement. Finalement, elle préfère être seule que mal accompagnée et ne se prive pas de le revendiquer ! Et malheur, à l'homme qui croisera sa route s'il n'a pas un minimum de confiance en lui.

Être une femme indépendante, un problème ?

Sauf, qu'aujourd'hui être une femme indépendante peut-être considéré comme un problème. Effectivement, nous connaissons tous une copine, une amie, jeune, belle, ambitieuse, intelligente, blonde, sportive et pourtant célibataire !

Il y a quarante ans, il n'y avait pas trente six schémas possibles. D'un côté, l'homme qui gérait les finances du foyer, et de l'autre, la femme cantonnait au foyer et à l'éducation des enfants. Aujourd'hui, la donne a changé. Les femmes peuvent gagner leur propre argent, revendiquer leurs droits et leurs besoins, avoir plusieurs relations hors mariage, où finalement la relation de couple est un « bonus ». Si la femme indépendante souhaite un compagnon c'est parce qu'elle le décide et non par ce qu'elle en a besoin. Comme dit c'est la cerise sur le gâteau !

Cependant, certaines de ces femmes indépendantes cachent des blessures profondes qui forgent cette carapace, cette armure de testostérone qui marque bien la frontière : ne franchis pas ! Effectivement, malgré leur apparence puissante, ces femmes indépendantes sont des êtres sensibles et qui ont besoin d'amour. Par conséquent, pour elles, l'engagement fait écho à une peur plus profonde.

Nous sommes peut-être dans une période de réadaptation, vous savez ce moment où ayant toujours fonctionné sur un certain modèle, on décide de fonctionner complètement à l'opposé avant de revenir à quelque chose de plus équilibré. Mystérieux paradoxe, à l'heure où l'indépendance est perçue comme un problème à l'inverse, pourtant, on sait que la dépendance et le manque d'autonomie à long terme dans une relation de couple s'avère délétère.

La peur de l'engagement comme armure

Pour reprendre le profil de la femme indépendante où il y a une peur de l'engagement se cache une réelle peur de dépendre. Je me souviens de Nina, 34 ans. Chef d'entreprise et Consultante pour les entrepreneurs qui me confia la blessure derrière ce trop plein d'indépendance :

« Je me construis une vie qui ne laisse que peu de place à un homme car j'ai peur de souffrir (…) s'il y a bien un domaine de ma vie que je ne contrôle pas ce sont mes émotions et mes relations sentimentales, c'est toujours un désastre, alors le travail me permet d'évincer cette partie de moi « ingérable ».

Le cas de Nina n'est pas isolé des femmes que je rencontre en consultation. Elles ont souffert, ont assisté à des schémas de dépendance dans leur enfance, comme une mère soumise à autorité du père, parfois des violences conjugales ou encore une mère célibataire luttant pour nourrir ses enfants ; elles ne veulent surtout pas retomber dans de tels schémas.

Selon Lise Bourbeau, psychothérapeute canadienne, les souffrances de l'être humain peuvent être catégorisées en 5 blessures, nommées par l'auteur les blessures de l'âme. En effet, lorsque nous sommes enfants pour faire face à des situations de dangers et pour survivre, nous développons des stratégies, dits masques.

La blessure de l'abandon et du rejet expliquées

Dans mon propos, je vais aborder la blessure de l'abandon et du rejet. Car c'est celles-ci que je retrouve chez les femmes que j'accompagne en thérapie.

Une métaphore qui me parle, et particulièrement en tant que thérapeute EMDR, et que j'utilise en séance est celle de la « plaie ». Imaginons que tu t'entailles la main. Tu ignores cette blessure et néglige de la soigner. Plus tu attends, plus la plaie va laisser une trace indélébile car ne cicatrice pas et s'enlaidit. Avec le temps, par son aspect désagréable tu décides de la cacher et revête un gant (le masque). Au fur à mesure du temps, ne voyant que le gant tu oublies la plaie en dessous, et tu finis par croire qu'elle n'existe plus puisqu'elle n'est plus dans ton schéma de vision. Mais la douleur persiste car elle n'est pas soignée. Donc, ta lésion te fais mal chaque fois que quelqu'un te prend la main, même si cela est avec attention, amour et tendresse. Imagine la surprise de l'autre qui arrive avec toutes les bonnes intentions de monde et toi qui cries à l'aide car tu as mal. A-t-il voulu vraiment te faire mal ? Non. Si tu souffres quand quelqu'un te touche la main c'est parce que toi seule à décider de ne pas t'occuper de ta blessure. L'autre n'est nullement responsable de ta souffrance.

Une chose que nous devons également retenir c'est que plus notre blessure est forte et profonde plus nous allons nous attirer des circonstances, des situations pour la reproduire. Étrange ? C'est ce que notre cher Sigmund Freud a mis en évidence et qu'il a nommé compulsion de répétition. L'être humain à cette fâcheuse tendance à reproduire ses vécus traumatiques. En d'autres termes, nous restons dans ce que nous connaissons. Il est donc important d'être responsable et de soigner nos blessures pour sortir de ces schémas aspirants. La thérapie est là pour nous aider à faire ce cheminement intérieur, aussi difficile qu'il soit.

La blessure d'abandon est plus souffrante avec le rejet car les deux touchent l'être. D'ailleurs, très souvent un individu souffrant d'abandon vit aussi du rejet. Ainsi nos blessures nous obligent à vêtir un masque pour survivre. L'abandon va nous conduire à porter le masque du dépendant ; le rejet celui du fuyant. Vous comprenez donc que nos actions sont à l'inverse de notre blessure.

Ambivalent ? Attendez je m'explique. Quand le dépendant est en contact avec les problèmes que sa dépendance engendre, il souhaite devenir INDEPENDANT. Se montrer, y croire, être indépendant devient une réaction très courante chez les personnes, au fond, dépendantes. Cependant, cela ne fait qu'accentuer et cacher la blessure d'abandon. Voilà, le revers de médaille.

Pour affiner les processus psychiques et les enjeux relationnels, il est important de comprendre l'origine de ces blessures. Lise Bourbeau ajoute la racine de la blessure dans le lien d'attachement. Selon elle, le rejet est vécu avec le parent du même sexe. Le fuyant se sent dont rejeté par les personnes du même sexe que lui. Il les accuse de les rejeter et éprouve de la colère envers ces personnes plus que contre lui-même. Pour illustrer, prenons l'exemple, de la femme indépendante qui a toujours eu plus d'amis garçons que filles, justifiant que le feeling passe mieux et que cela a toujours été ainsi.

L'abandon, quant à lui, est vécu avec le parent du sexe opposé. Le dépendant se sent facilement abandonné par les personnes du sexe opposé et est porté à les accuser plutôt que de s'accuser lui-même. L'exemple typique que j'entends en consultation : « les hommes sont tous des connards ! ». En revanche, avec un individu du même sexe, il a tendance à se culpabiliser et s'autoflageller.

Comment ne pas reproduire un schéma et se sortir de ces blessures ?

Alors oui, mais comment se sortir de tout ça ? Comment ne pas reproduire sans cesse ces schémas ? La première étape pour guérir d'une blessure consiste à la reconnaitre et l'accepter. Le travail que j'utilise en thérapie est le système familial intérieur qui consiste à comprendre et communiquer avec ces parties émotionnelles qui ont aidé l'individu à survivre. En permettant à la personne de développer un regard bienveillant sur ces différentes parties émotionnelles, qui finalement ont été héroïques car lui ont permis de survivre à l'expérience traumatique, une régulation émotionnelle, un apaisement opère. Le but n'est pas de supprimer les parties émotionnelles mais de coopérer avec elles. Une démarche d'amour avec soi !

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Amandine Esteves

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Bibliographie

  • Lise Bourbeau, les 5 blessures de l'âme (2013)

  • Richard Schwartz, introduction to the internal family systems model (2001)

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