L'attachement parent-enfant : la théorie de l'attachement

Il existe un lien direct entre le type d'attachement mis en place dès la naissance et les relations amoureuses. Les neurosciences actuelles nous ont montrées que ce lien affectif , précoce, et durable  que recherche l'enfant dès les premiers mois de vie, et particulièrement dans les deux premières années de vie, (moment où se développe l'hémisphère droit du cerveau, qui gère les émotions) est déjà le prélude du type de partenaire de choix amoureux, 15, 20, ou 30 années plus tard. 

Pour autant il ne faut pas se dire que c'est perdu d’avance et que tout est joué. Chacun dispose d’un patrimoine génétique singulier et les enfants d'une même famille vont tous vivre leur propre expérience intime avec leurs parents. Chaque personne a sa propre personnalité et ses propres besoins affectifs, ce serait donc une erreur en tant que parent de vouloir avoir le même comportement avec chacun de ses enfants, ils sont tous différents, avec des besoins différents, bien qu'ils  se ressemblent . Apprenons-en un peu plus...

La théorie de l'attachement et du comportement

Bowlby parle du comportement d'attachement (qui est celui de l'enfant) et de la figure d'attachement (qui est le soignant) pour identifier les sujets présents dans la relation.

Selon le psychanalyste, cette relation découle d'une prédisposition innée des enfants à nouer des liens : il estime notamment que ces comportements sont instinctifs et découlent d'une tendance innée à la survie.

En fait, selon Bowlby, l'attachement est une prédisposition parce que l'être humain, en tant qu'animal social, a besoin de se lier et de se rapporter aux autres. À partir de ces schémas, le nouveau-né développe des schémas comportementaux qui serviront à déclencher des réactions chez l'adulte : par exemple, pleurer ou sourire sont des comportements innés de libération sociale, qui attirent l'attention du donneur.

L'attachement est donc un processus dont le nouveau-né a besoin pour recevoir des soins et des réponses et pas seulement de la nourriture.

Les 4 styles d'attachement

Mary Ainsworth est une collaboratrice de Bowlby qui a mené des expériences pour définir les types d'attachement entre parents et enfants.

Ces expériences ont tenté de mettre l'enfant dans une sorte de stress relationnel (pour cette raison, on les appelait des situations étranges) pour voir quel type de réaction cela produisait (normalement, il s'agissait de situations dans lesquelles l'enfant était laissé seul ou avec un inconnu pendant quelques minutes, en l'absence ou en présence du soignant).

À la base de ces preuves, Ainsworth et Bowlby ont pu identifier 4 styles d'attachement :

• Attachement sécure : l'enfant se sent à l'aise pour explorer l'environnement et jouer avec son soignant. Resté seul avec l'étranger, il se sent bouleversé, mais une fois que le soignant revient, il se laisse consoler et tout va bien. Dans ce style, la confiance et la sécurité dans ses propres capacités prévalent : l'enfant sait qu'il ne sera pas abandonné, car la figure de l'attachement répond à ses demandes de protection et a confiance en ses propres capacités et se sent libre d'explorer le monde.
• Attachement insécure-ambivalent : L'enfant peut explorer l'environnement en toute sécurité, mais il est indifférent à la présence ou à l'absence de son soignant et essaie de l'éviter. Cela découle d'une attitude antérieure dans laquelle l'enfant se sent rejeté par le soignant lorsqu'il demande de l'aide et ne doit compter que sur sa propre force. Ce type d'attitude peut amener l'enfant à se sentir mal aimé et à se construire un faux soi pour rechercher l'amour ou la protection.
• Attachement insécure-évitant : l'enfant évite parfois et cherche parfois son soignant. Si le soignant s'éloigne puis revient présent, l'enfant est inconsolable. L'enfant a rencontré dans le soignant des réactions d'indifférence et de disponibilité selon les cas, mais aussi des menaces d'abandon comme moyen de coercition, son attitude est donc anxieuse et précaire.
• Attachement désorganisé/désorienté : l'enfant réagit avec des comportements stéréotypés et désorientés, en l'absence du soignant, et est très déconcerté et étonné par l'absence du soignant.

Adultes et relations amoureuses

Comment identifier les styles d'attachement acquis dans l'enfance chez l'adulte ou en couple ?

Mary Main a fait une analyse sur les styles d'attachement des adultes, appelée Adult Attacchement Interview (AAI), interrogeant plusieurs adultes avec des questions qui évaluaient les souvenirs d'enfance généraux et spécifiques, afin d'évaluer leurs modèles de fonctionnement internes.

L'attachement des adultes a été divisé en 4 catégories :

• Sécure : les relations d'attachement sont considérées comme importantes, elles sont ouvertes sur le monde et elles ne sont pas défensives ;
• Distancé : manque de souvenirs du passé. Ils minimisent le problème et ne considèrent pas les relations comme importantes. Manque de discours cohérent et souvent défensif ;
• Anxieux : relation avec les parents est remplie d'inquiétude et d'incohérence, avec des souvenirs contradictoires du passé ;
• Non résolu : relation avec traumatisme et maltraitance, pleine de lacunes et non résolue.

Amour et attachement

À partir de ces résultats, certaines attitudes dans les couples sont identifiées, qui prennent en considération l'image que les sujets ont d'eux-mêmes et des autres, et qui peuvent donc générer les types de relation de couple suivants :

• Sécure : Image positive de soi et de l'autre, basée sur la confiance et qui permet de se sentir à l'aise à la fois dans l'intimité et l'indépendance.
• Insécure-ambivalent : image de soi négative mais positive de l'autre personne. Cela conduit à des réactions élevées d'intimité, d'impulsivité et d'expression émotionnelle, mais le manque de confiance et de sécurité peut créer une dynamique de dépendance émotionnelle.
• Insécure-évitant : image positive de soi mais négative de l'autre. Dans ce modèle, la personne n'a développé aucun style d'attachement et elle ne considère pas nécessaire de se rapporter à d'autres personnes dont elle a une mauvaise opinion, en faveur d'une indépendance totale, mais avec une incapacité totale à entrer dans l'intimité avec une autre personne.
• Désorganisé / désorienté : image négative de soi et de l'autre. Dans ce modèle, le sujet d'une part aimerait une relation et d'autre part non. C'est un modèle basé sur la méfiance, l'insécurité et la douleur et qui finit très souvent par amener l'adulte à supprimer ses sentiments pour ne pas être en couple et courir le risque de souffrir.

Pourquoi alors peut-on dire "dis-moi qui tu aimes, je te dirai qui tu es" ? Tout simplement parce que la personne que l'on aime révélera beaucoup sur notre personnalité. Ainsi , en apprenant à mieux connaître votre partenaire, vous en apprendrez davantage sur vous. Vous pouvez donc déjà trouver votre propre type d'attachement parmi les 4 cités, et mieux comprendre la combinaison entre vous et votre partenaire. Suivant la combinaison de vos types d'attachement, vous allez vivre des défis et des enjeux dans les domaines de la communication, de la sexualité et de la gestion des émotions.

Le choix du partenaire amoureux serait donc inconscient. Comment expliquer alors que certaines personnes retombent toujours dans le même schéma amoureux ? Pourquoi des femmes ou des hommes s'entêtent à sortir avec le même type d'hommes ou de femmes ? Nous avons des marqueurs au niveau du cerveau qui nous poussent à réaliser des actions automatiquement, ce sont des pistes neuronales qui font en sorte que sans même réfléchir nous répétons ce que nous faisons. Ces réponses automatiques qui se développent vont donc plutôt nous pousser à aller vers certains types de partenaires qui vont nous faire revivre ce qui nous est le plus familier, et ce qui peut être pour certaines personnes plus de souffrances répétées.

Plusieurs naissances dans une vie

Tout n'est pourtant pas joué d'avance. Il ne faut pas être fataliste, car heureusement on peut rectifier nos «erreurs»,à un moment ou un autre.

 Nous pouvons avoir plusieurs naissances dans notre vie.

De fait si vous avez identifié votre type d'attachement, vous pouvez partir à la conquête de la dimension qui vous manque. Pour un anxieux, apprendre à devenir plus indépendant sur le plan affectif. Pour un évitant , comprendre que l'intimité n'est pas dangereuse. Cet apprentissage et cette compréhension sont possibles grâce à la neuroplasticité de notre cerveau qui peut désinvestir des comportements très ancrés pour développer de nouveaux comportements. 

La recherche en neurosciences montre qu'on peut enseigner cela à des mères, à des enfants et des couples en s'inspirant de ceux qui réussissent bien, ceux qui ont un type d'attachement sécurisant. 

Il ne s'agit pas de s'aimer en couple, mais de bien s'aimer. Il faut apprendre à la fois s'auto-réguler à deux et à la fois se réguler soi-même sur le plan émotionnel, c’est à dire  qu'au lieu de réagir et de surréagir, il faut parfois se calmer et se poser, et ensuite d'aller vers l'autre pour discuter et échanger. 

Vous pouvez donc dès maintenant éviter les échecs amoureux en réfléchissant sur cet attachement, et en déterminant quel type de personnalité vous êtes. N'hésitez pas à vous faire aider par un professionnel si vous en ressentez le besoin.

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