Harcèlement scolaire : qu’est-ce que mon enfant peut faire ?
Le harcèlement scolaire est une épreuve très difficile pour un enfant ou adolescent. Après avoir reconnu inconditionnellement ses émotions et sa souffrance, que faire ?
Le harcèlement qu'il soit scolaire, moral, ou de rue doit être combattu. Si, dans le harcèlement de rue, l'intervention d'un « témoin » est fondamentale en agissant avec l'une des 5 mesures bien connues (distraire, déléguer, documenter, diriger, dialoguer), pour le harcèlement scolaire il est primordial que les adultes jouent leurs rôles d'éducateurs et de protecteurs. Maintenant, le harcèlement n'apparait pas toujours avec évidence et les adultes ne jouent pas toujours leurs rôles. Donc il est utile que la « victime » scolaire tente déjà de réagir elle-même (sans oublier de tout relater les faits à un adulte de confiance). Quelques rappels ci-dessous.
Conflit ou harcèlement scolaire ?
Il ne s'agit pas de voir le mal partout. Mais il existe des critères pour qualifier une situation de harcèlement :
- la répétition des actes,
- une agressivité même « larvée »,
- un comportement social avec des spectateurs des actes,
- un sentiment d'impuissance et d'humiliation de celui qui est victime.
Le harcèlement scolaire est à distinguer d'un conflit où les 2 enfants sont en force à peu près égale (en nombre ou en puissance), certes difficile à vivre mais pour lequel il n'y a pas la notion de victime et spectateur.
« Il ne faut pas perdre de vue que toute forme de harcèlement, envisagé comme une conduite sociale, nécessite des spectateurs qui, par leur seule présence d'observateurs, contribuent à installer un dominant, initiateur des comportements, et un dominé, qui les subit dans une position figée, sans pouvoir se rebeller, en proie à un sentiment d'humiliation qui renforce les effets négatifs de ce qu'il vit. » B. Humbeeck, psychopédagogue.
En tant qu'adulte il y a souvent un risque de minimiser la portée des faits car la tendance d'un harceleur sera de faire passer pour dérisoire chacun de ses comportements en parlant d'humour, de taquinerie (« c'est pour jouer »), d'erreur (« je ne l'ai pas fait exprès », « c'est lui qui prend mal les choses »), de responsabilité de l'autre (« j'y peux rien s'il est susceptible »), etc.
Quelques signaux d'alerte du harcèlement scolaire
Les signaux ci-dessous peuvent être le résultat de harcèlement scolaire, mais ils peuvent également trouver leur origine dans d'autres problèmes. Dans tous les cas, ils reflètent un mal-être certain chez votre enfant, il ne faut donc pas les négliger et aller voir ce qui se cache derrière.
- Des troubles du comportement : agitation, colère, susceptibilité, attitude provocante
- Des troubles du sommeil et somatisations anxieuses : des maux de ventre ou de tête, des cauchemars, …
- Une baisse du niveau scolaire : l'anxiété diminue les capacités attentionnelles, refus d'aller à l'école (phobie scolaire)
- Un changement dans ces relations sociales : changement soudain du groupe d'amis, ou bien repli sur soi et isolement
- Des marques de violences physiques : elles sont plus rares, mais très graves (vous pouvez porter plainte à la gendarmerie).
Si vous n'êtes pas sûr, il est préférable de consulter un spécialiste en psychologie qui pourra par des moyens adaptés (jeux ou activités particulières pour faire parler l'enfant) vous aider en tant que personne externe, à distinguer ce qui peut se passer.
Y-a-t-il une cause précise de harcèlement scolaire ?
Certains parents pensent que c'est uniquement la différence de leur enfant qui fait qu'il est attaqué. Mais nous sommes tous différents. Chacun est unique. Donc nous sommes tous « attaquables ».
Votre enfant a peut-être déjà été exposé à des moqueries, des surnoms, des insultes, des exclusions … Même si ça n'a pas été encore le cas, cela pourrait bien arriver un jour ou l'autre.
Ressentir de la tristesse, de la colère, du dégoût contre ceux qui font du mal est normal. Seulement que faire ? Éduquer le monde à la « bienveillance » ? Eduquer les gens à la gentillesse et la tolérance ? Cela prendra du temps et même est-ce seulement possible … Je crois que vous avez la réponse.
Que faire face aux attaques verbales, en cas de harcèlement ?
Je crois que quelque soit l'âge, les humains continueront toujours à dénigrer ou à se moquer des autres. Il n'y a qu'une solution: apprendre la résilience émotionnelle, apprendre à changer son état d'esprit, et ainsi apprendre à accepter qui on est et l'être pleinement.
Cela s'apprend. Adulte ou enfant. C'est un long travail à commencer le plus tôt possible. Maintenant il est possible de donner certains principes.
Ce qui fait souvent mal, c'est d'avoir des attentes impossibles : celle que personne ne se moque, ne pointe de différence, ne dise des choses fausses … Pour ne pas s'épuiser sans fin, il s'agit d'apprendre à ne plus vivre dans l'attente de changer les autres (ils le feront que si ils le souhaitent eux-mêmes). Il est utile de l'apprendre aux enfants.
Il est toujours possible à posteriori de se questionner sur pourquoi les paroles nous ont fait mal mais cela relève du travail sur soi (dans l'après-coup).
En revanche, quand quelqu'un nous dit quelque chose de blessant, il est préférable sur le moment de se questionner sur ce que la personne essaye de faire : se venger, blesser, parler de lui (c'est majoritairement le cas, « c'est celui qui dit qui l'est » n'est pas une phrase prononcée sans raison) … Quand on réalise que les mots prononcés par l'autre servent en premier lieu son mal-être à lui, les mots ne résonnent plus pareil.
Pour votre enfant, il est bon de lui expliquer que ce n'est pas seulement ce que les gens disent qui le perturbent, c'est la façon dont il le reçoit. Et il n'y a que là-dessus qu'il peut agir. Il n'y a pas de télécommande vers le cerveau des autres. Nous ne pouvons pas appuyer sur « stop », donc il n'est pas besoin en plus de leur laisser le pouvoir de déclencher nos propres émotions.
S'il faut toujours dénoncer les actes, il s'agit de se blinder déjà contre les mots. Dans tous les cas, en cas de harcèlement scolaire, il s'agira d'en parler à un adulte de confiance. Mais si on a su réagir sur le moment, c'est encore mieux.
Donc en plus de la résilience émotionnelle, c'est apprendre à savoir comment répondre. Mais évoquons quand même la prévention.
Harcèlement scolaire, que peut-on faire en prévention ?
L'idéal est de faire de la prévention et c'est le rôle des adultes.
Mais tous les enfants n'ont pas eu la chance de faire dès la maternelle ou la primaire le jeu des 3 figures.
En fait, cette méthode développée par le psychiatre S. Tisseron préconise de développer l'empathie de la maternelle au collège, plutôt que de vouloir réduire la violence. Le jeu est appelé ainsi en référence aux trois personnages :
- l'agresseur,
- la victime,
- le tiers, que celui-ci soit simple témoin, redresseur de torts ou sauveteur.
Chaque enfant est amené à jouer tous les rôles régulièrement. Chaque enfant expérimente ainsi chaque position dans une situation et peut sortir de son rôle habituel (de caïd par exemple).
Il s'agit de faire ce jeu le plus tôt possible. Mais si il n'y a pas eu de prévention correcte, que peut-on faire face à du harcèlement scolaire ?
Si les adultes sont en défaillance face à la gestion de cette violence, il est préférable pour l'enfant d'essayer de réagir par lui-même.
En cas de harcèlement scolaire, comment répliquer ?
Si quelqu'un nous fait des menaces physiques, il est nécessaire de le dénoncer (en appelant le 3020 ou le 3018 pour le Net) et de se faire protéger.
Ensuite, les jeux de rôle sont le meilleur moyen d'apprendre à répliquer. Cela demande d'y travailler, mais juste quelques idées.
La règle du talion « oeil pour œil, dent pour dent » ne fait que faire rentrer dans une escalade. Si les autres se comportent en « ennemis » (je n'ai pas de pouvoir là-dessus), mon instinct me dictera (suivant la règle de la réciprocité) de me comporter en retour comme un ennemi. Mais en faisant ça, je lui donne l'envie de continuer sur le même registre. Ceci peut être très difficile à supporter mais …
Il est en tout cas préférable de ne pas se justifier, de ne pas montrer sa colère à celui qui nous attaque, de ne pas être un mauvais perdant, d'accorder aux autres la liberté de parole (y compris s'ils veulent dire quelque chose de faux, d'idiot ou de méchants) …
Il existe des cas particuliers mais généralement il y a 3 motifs pour lesquelles l'agresseur s'en prend à sa victime :
- Domination : l'autre veut me rabaisser par rapport à lui
- Humour : l'autre veut rire à mes dépens, se moquer
- Victimisation : l'autre veut se venger de quelque chose
Dans le premier cas, il est plus malin de questionner l'autre sur ses dires, d'approuver ce qu'il dit ou même de le complimenter (attitudes inattendues).
Dans le 2e cas, il est possible de le féliciter, de jouer l'autodérision en exagérant ou d'aller plus loin (« si tu voyais ma… »)
Dans le 3e cas, il est bon de reconnaître l'autre comme une victime en s'excusant soi-même et en laissant tomber.
Cas particulier du cyber harcèlement et des rumeurs
Il s'agit déjà de comprendre que tout ce qui est inscrit sur le Net peut être amplifié car les messages se répandent rapidement. Donc en répondant à un message qui nous concerne, il est important d'y réfléchir à 2 fois.
Si quelqu'un demande des photos, il est généralement préférable de ne pas en fournir.
Si on sent que quelqu'un cherche à nous atteindre, pour ne pas lui donner ce qu'il attend, il est souvent préférable de ne pas répondre. La meilleure façon de répondre (si on y tient vraiment) est de le faire avec humour.
Si l'idée de la personne est de faire courir une rumeur, étant donné qu'il n'est pas possible d'empêcher les gens de croire ce qu'ils croient, soit on ne répond pas, soit on peut leur dire « une mauvaise publicité vaut mieux que pas de publicité du tout » ou bien « Encore en train de parler de moi ? Ma vie vous intéresse alors. Merci mes fans. »
Une bonne stratégie est généralement de faire l'inverse de ce que les gens attendent. Par exemple à leurs commentaires il est possible de mettre un « like » ou bien « Mais qu'est-ce que je suis idiot, c'est vrai. Tu as raison. J'aimerais être aussi intelligent que toi ».
Et si vous souhaitez qu'on soit sympa avec vous en mots, le meilleur moyen est de commencer par l'être avec les autres. Et des gens écrivent des méchancetés sur d'autres, ne pas en rajouter, ne pas faire suivre les posts.
On n'est pas obligé d'aller là où l'autre veut qu'on aille.
Photos : Shutterstock
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