Le pouvoir contre la compétence

Mon expérience personnelle face aux hiérarchies n’a jamais été de tous repos. Je reconnais volontiers que je n’ai pas toujours été facile à gérer pour des personnes aimant et réclamant la so

9 JUIN 2017 · Dernière modification: 11 JUIN 2017 · Lecture : min.
Le pouvoir contre la compétence

Avec l'argent, le pouvoir est le sujet le plus traité par les personnes travaillant dans les entreprises. la recherche de pouvoir semble être une quête partagée par les humains au travail.

A partir des accompagnements menés, j'ai pu identifier plusieurs finalités recherchées dans celle-ci:

  • Proposer autre chose
  • Laisser son empreinte
  • Exprimer sa soif de possession de l'autre
  • Exprimer son potentiel
  • Faire partie d'une élite
  • S'aménager un espace protégé des autres personnes et/ou des contraintes
  • Gagner de l'argent et obtenir des privilèges
  • Vivre un défi et éprouver des sensations liées au risque d'échouer ou de réussir
  • Trouver un espace de compensation à sa vie personnelle non satisfaisante

Cette quête qu'elle soit satisfaite ou pas transforme les personnes dans leur relation dans le groupe et l'équipe. Elle induit et produit une palette d'attitudes, de postures souvent loin de la congruence de la personne. Paraître pour « mériter » le pouvoir « sacré » semble se retrouver dans ce que j'ai pu observer et écouter dans l'organisation et dans les collectifs. Une « compétition » se joue à chaque instant que chaque personne entre dans un schéma conditionné interactif qui veut que le pouvoir est et sera mérité.

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Une idéologie bien pensante est entretenue par chaque personne dans l'équipe pour entourer cette quête de pouvoir de validation collective qui justifierait les actions et les stratégies individuelles. Ceux qui n'ont pas le pouvoir et grâce à cette idéologie peuvent se sentir exclu ou victime et non reconnu et par relation justifier leur stratégie de recherche de confort et leur refus du changement. Etre victime est une forme de positionnement dans la sphère du pouvoir. La victimisation justifie la lutte des classes et permet de se situer dans le combat du pouvoir. Ceux qui ont le pouvoir peuvent justifier les actes de domination et de non prise en compte des réalités de terrain derrière la toute puissance divine et la croyance que leur accession au pouvoir leur confère tous les droits sur « le petit peuple ».

Cette idéologie comprend un certain nombre de postulats qui ne sont jamais remis en cause ouvertement de peur de perdre le « graal précieux » qu'est le poste de travail:

  • On ne peut travailler sans hiérarchie
  • On ne peut travailler sans cadre commun à tous et fixé par la hiérarchie
  • La hiérarchie a toujours raison puisqu'elle est hiérarchie
  • Obéir est une preuve de compétence d'adaptation
  • Faire obéir est une preuve de compétence d'autorité
  • Les collaborateurs en dessous sont foncièrement roublard, irresponsable et ont besoin d'apprendre
  • Les collaborateurs au dessus sont omniscients et constitue le seul repère de la bonne décision
  • Dire toujours oui est signe d'investissement dans son travail
  • Dire non doit constituer un risque à prendre exceptionnellement et de manière explicative et justificative
  • Une hiérarchie peut tout demander à un collaborateur en dessous il est payé pour cela, l'inverse n'est pas acceptable
  • Une hiérarchie est plus importante que ceux qui produisent
  • Les personnes doivent tout faire pour répondre à toutes consignes y compris en cas d'impossibilité
  • Une relation respectueuse proposée par la hiérarchie est une faveur non une obligation
  • L'initiative professionnelle est valorisée à condition qu'elle rentre dans les schémas d'organisation et d'action existants
  • Le changement est une action reconnue quand elle vient d'en haut, c'est une résistance quand elle vient d'en bas
  • Etre dans la hiérarchie signifie être pour et avec ses pairs contre les « exécutants », la distance favorise donc la soumission et l'autorité

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Ces postulats s'enracinent inlassablement sans réflexion et remise en question. Pouvoir et exécutants semblent faire perdurer ce système idéologique sans vraiment se questionner sur son efficacité et sa performance économique.

La compétence ne s'embarrasse pas d'idéologie toute faite, elle s'appuie sur la prise en compte du réel. Elle est un processus qui permet à une personne de rechercher une solution personnalisée à une adaptation au plus prés des faits. La compétence constitue un danger pour ce système car elle remet en question ces postulats non par esprit de rebellion mais par bon sens. Comme disait Carl Rogers : « les faits sont nos amis ».

L'acteur de la compétence pour rester compétent remet en question ce qui est pour rester adaptables aux faits. Finalement la compétence n'est ni marxiste ni capitaliste elle est profondément humaine au sens anthropologique.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Jean Yves Caen

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