Les déguisements de la peur
Saviez-vous que l'ennui, la paresse et le mensonge étaient en réalité des déguisements de la peur ?
La peur est l'une des émotions humaines les plus basiques. C'est grâce à la peur que nous avons pu survivre, et si nous avons aujourd'hui moins de raison d'avoir peur pour nos vies, la peur nous accompagne sous d'autres formes.
Dans notre société, avoir peur est souvent vu comme un signe de faiblesse. On estime que la peur nous empêche d'agir et est l'émotion des couards : rien n'est moins vrai. La peur est très utile pour freiner une éventuelle témérité, mais aussi pour apprendre à la dépasser par le courage.
Nous avons tous et toutes peur de quelque chose. Des insectes, des oiseaux, de la mort, de nous-même... Même si on a tendance à le cacher, la peur fait partie de nos vies, et c'est normal.
Pourquoi cache-t-on notre peur ?
Pour de multiples raisons ! Pour ne pas être jugé(e) par les autres, pour ne pas sembler plus faible ou passer pour une personne qui manque de courage. Encouragé(e)s à la perfection depuis toujours, nous cachons aussi notre peur pour ne pas montrer que nous sommes faillibles et que nous ressentons cette émotion que nous voyons comme négative.
Pour échapper à notre peur, nous avons ainsi tendance à éviter les situations qui la déclenchent ou à la masquer, involontairement, sous d'autres émotions. Mais notre peur prend de plus en plus de place, et devient un obstacle de plus en plus présent.
L'ennui, premier masque de la peur
Ne pas affronter notre peur en préférant penser que cela nous ennuie est quelque chose que nous faisons très communément. Si une situation nous fait peur ou nous pose problème, même si le danger n'est pas réel, il est souvent plus aisé de se dire que nous ne voulons pas la résoudre par ennui. C'est pourtant la peur de la surmonter qui nous fait penser ça.
Par exemple, on peut vous proposer un nouveau projet au travail, projet angoissant car c'est un sujet que vous maîtrisez moins et que vous avez peur d'être jugé(e) ou de ne pas réussir. La peur s'immiscera sous la forme d'un ennui qui vous fera penser "de toute façon, ce projet ne m'intéresse pas".
Essayez d'identifier les causes profondes de votre ennui. Peut-être découvrirez-vous que sous le vernis du désintérêt se cache en réalité une peur. Une fois que vous l'aurez identifiée, il vous sera bien plus facile d'y faire face et de prendre les mesures pour la surmonter.
La paresse : la peur invisible
La paresse, voici bien un comportement très mal vu à l'heure actuelle, alors que nous menons tous des vies tellement remplies, toujours à cent à l'heure. Parfois, il arrive que nous soyons pris d'un accès de paresse sans bien comprendre pourquoi.
En réalité, la paresse est une technique d'évitement de notre esprit : ne pas réaliser la tâche ou ne pas affronter la situation est une solution pour ne pas souffrir de l'effort que suppose l'exposition à cette situation qui nous angoisse.
Ne pas avoir envie de faire quelque chose ou le repousser sans cesse au lendemain est une couverture de la peur.
Mais de quoi avons-nous peur ? Des conséquences de cette situation, de ce qu'il se passera si tout ne marche pas comme prévu ?
Pour apprendre à affronter la situation, nous devons faire preuve d'une grande volonté, qui passe d'abord par le fait d'assumer les éventuelles conséquences négatives. Pour cela, nous devons les rationnaliser : quelles pourront être ces conséquences si vous prenez cette décision ? Est-ce que les conséquences positives pourraient contrebalancer les négatives ? Et est-ce que ces conséquences négatives seraient réellement si graves que cela ?
Ne culpabilisez pas d'un accès de paresse, mais essayez plutôt de comprendre ce qui se cache dessous, et comment cette peur pourrait être résolue.
Mentir pour ne pas avoir peur
Pour ne pas avoir peur, nous en arrivons à mentir, aux autres comme à nous-même. Il nous est à tous arrivé de mentir : faire croire que l'on connait un sujet dont tout le monde parle pour ne pas être jugé(e) ou moqué(e) ; se dire que les choses sont de notre faute alors qu'on sait très bien, au fond de nous, que ce n'est pas le cas.
Le mensonge est un masque pratique de la peur, car il nous permet de nous couvrir ni vu ni connu, qu'on ait fait une erreur ou qu'on souhaite masquer un pan de notre personnalité.
Le but ? Créer une nouvelle réalité et éviter de se faire juger.
Et le problème du mensonge, c'est qu'il est redoutablement efficace à court terme pour faire baisser l'anxiété qui nous submerge, mais qu'il n'est qu'un cataplasme sur une jambe de bois : le problème est toujours là. Même sous un minuscule mensonge peut se cacher une immense peur.
Identifiez ces mensonges, même les mensonges pieux, et voyez s'ils ne sont pas le résultat d'une peur. Vous ont-ils réellement permis de vous sentir mieux ? Ne vaudrait-il mieux pas affronter votre peur différemment ?
Le danger des masques
Sous les masques du mensonge, de la paresse ou de l'ennui, la peur est toujours présente. Le problème de ces masques, c'est qu'ils nous permettent d'enterrer la peur pendant quelques temps et nous donnent une sensation de fausse sécurité. Nous devons absolument apprendre à les reconnaître et à comprendre les mécanismes de nos actions, afin de faire face à nos peur et de pouvoir les surmonter correctement. Continuer dans cette voie ne fait que nous bloquer.
Mais que faire alors ? C'est simple : comprenez que la peur est naturelle, elle fait partie de l'éventail des émotions humaines depuis la nuit des temps, et vous avez le droit de la ressentir. Nous ne sommes pas réellement maîtres et maîtresses de ce que nous ressentons, alors oui, nous avons le droit d'avoir peur parfois. Et pour reprendre le dessus, pour laisser cette peur derrière vous, apprenez à la voir, à la considérer et à la dépasser, si besoin avec l'aide d'un(e) psychologue.
Photos : Shutterstock
Les informations publiées sur Psychologue.net ne se substituent en aucun cas à la relation entre le patient et son psychologue. Psychologue.net ne fait l'apologie d'aucun traitement spécifique, produit commercial ou service.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ
En tant que praticienne en hypnose clinique intégrative, je voulais rebondir sur cet article. Le masque de la peur est bien plus complexe que cela. La peur est une émotion tout à fait normale et utile, et l'a toujours été. La peur est effectivement une réaction à notre survie, et notamment dans le passé. Cette émotion est un réflexe de notre cerveau reptilien qui permet soit l'attaque, soit la fuite devant un vrai danger. Tout comme pour les animaux, l'instinct de survie face aux prédateurs. Car la peur mobilise toutes les ressources de l'individu et/ou de l'animal. Avoir une petite appréhension lors d'un examen ou de tout autre chose est sain, car cela va générer tout un processus physiologique chez l'individu afin d'affronter ce qui doit faire. Par contre une peur démesurée face à l'objet de la peur va figer l'individu et le bloquer dans son action. La peur de nos jours est surtout une difficulté à affronter les obstacles de la vie (ne pas se sentir à la hauteur, trop vulnérable, la liste est longue)... Donc effectivement, nous pouvons adopter plusieurs masques pour dissimuler cette peur. La peur diffuse vécue d'une manière systématique peut limiter sérieusement toute une vie et amener vers un trouble dépressif et/ou une faible estime de soi. La peur concentrée sur un objet (animal,insecte, éléments,...) est une phobie et donc à traiter en conséquence. Cela est très différent d'une peur diffuse et intrinsèque à l'individu. Il est important de bien définir auprès d'un thérapeute quelle est votre peur et la traiter dans un travail d'introspection.