Les états modifiés de conscience

Dans quelles circonstances parvenons nous à un état de conscience modifié ? Est-ce toujours de notre fait, qu’est-ce que cela peut nous apporter ?

23 SEPT. 2021 · Lecture : min.
Les états modifiés de conscience

Une EMC se caractérise par une fréquence d'onde cérébrale différente de celle d'un état d'éveil ordinaire. Il constitue une ouverture à une infinité de possibilité car il permet de créer un autre rapport à nous même, à notre identité et au monde qui nous entoure. Il correspond à un ralentissement de nos ondes cérébrales en comparaison de celles de l'état d'éveil, celui de notre fonctionnement quotidien et rationnel.

L'EMC, sorte de transe hypnotique, est naturel et peut survenir lorsque nous rêvons ou pratiquons une activité artistique. Il peut également être provoqué et apparait comme un état intermédiaire entre veille et sommeil.

Il n'est pas nouveau pour la nature humaine d'avoir cherché à s'évader du raisonnement « normal » de la conscience.

Nous en entendons beaucoup parler en ce moment, compte tenu de l'engouement, par exemple, autour du yoga et du chamanisme qui ont conquis l'occident ; pour autant ce désir de l'homme de sortir d'une conscience limitée a toujours existé. Les transes chamaniques ne sont pas nouvelles, les textes sur le Tai Chi ou le yoga sont tirées de traditions orales qui ont plus de 3000 ans.

Les derniers siècles y ont rajouté l'hypnose, la sophrologie, et « popularisé » depuis 68 le recours aux plantes et substances psychédéliques initialement pratiquées par les tribus indiennes.

Mai 68 avait initié un certain courant, cette jeunesse consommant ce genre de substances se retrouve, d'une certaine manière aujourd'hui, dans les évènements festifs techno, les festivals, les Rave Party, où consommations de substances et musiques peuvent faire réfléchir d'un point de vue anthropologique sur une quête commune d'un état de conscience modifié.

Une petite parenthèse pour dire que ces substances font même, depuis quelques années, également leur retour dans des thérapies où les justes doses prodiguées suscitent l'intérêt du corps médical, notamment dans le traitement des addictions.

En tout cas, pourquoi une émergence par exemple du « tourisme chamanique » depuis une quinzaine d'année, qui se manifeste certes en Amérique, mais également en Europe, et au Canada ?

Notre monde est en proie à des innovations rituelles, à des nouvelles transmissions de savoirs religieux afin d'accéder à un état modifié de conscience, mais dans quel but ? Tout d'abord, nous connaissons les EMC provoqués dans un but thérapeutique, comme en hypnose. Il s'agit alors de moduler des circuits cérébraux, par exemple celui de la douleur afin de provoquer une légère sédation qui viendra en complément d'une anesthésie classique avant une intervention.

Grâce à des suggestions, le praticien pourra également activer des capacités d'auto-guérison de l'individu, en se servant d'éléments de sa vie qui ont de l'importance pour la thérapie. L'état de transe en hypnose permet de dépasser les blocages de la conscience pour pouvoir aisément accéder au potentiel caché de la personne.

Nous connaissons également l'EMC qui survient lorsque nous rêvons, au cours du sommeil paradoxal. Ce sont des EMC tout à fait habituels, être dans la lune, dormir ou rêver n'a rien d'exceptionnel.

Il est donc logique de penser que ce n'est pas ce que les personnes recherchent lorsqu'elles se mettent en quête de prendre des substances, ou de faire des rituels particuliers. C'est bien qu'elles souhaitent accéder à autre chose, à des EMC que l'on pourrait qualifier de non ordinaire. Elles cherchent donc à accéder à certains états plus « impressionnants » que ce qui se produit dans les EMC « habituels ».

Le rôle des ondes cérébrales dans les EMC

Nous expérimentons chaque jour de multiples états de conscience, qui correspondent chacun à des ondes cérébrales différentes, d'une fréquence particulière.

Nous pouvons avec un peu d'entrainement, modifier de manière conséquente, ces différentes ondes et apporter de surcroit, des bénéfices non négligeables à notre état de santé.

En effet, la relaxation, la méditation ou le yoga nidra favorisent via les états de conscience modifiés qu'ils entrainent, entre autres une diminution du stress et une régénérescence cellulaire.

Alors quelles sont les différentes ondes cérébrales ?

Tout d'abord, il convient de se rappeler que le cerveau a une activité électrique.

Dans les différentes zones du cerveau constituées de neurones, l'influx nerveux fonctionne selon une certaine cohérence et un certain rythme via les cellules neuronales qui s'activent ensemble, se calment, puis s'activent à nouveau.

Les études qui ont été réalisées pour déterminer la gamme des fréquences et les états mentaux qui y sont associés, ont produit des résultats qui relient les capacités métaphysiques et les fréquences réelles du cerveau.

On peut noter parmi les méthodes employées l'électro encéphalogramme (EEG), la réceptivité et la température de la peau, le battement cardiaque, la tension musculaire, et même les effets sur l'immunité par les tests sanguins.

On peut diviser les ondes cérébrales qui constituent l'activité cérébrale en cinq catégories principales (delta, thêta, alpha, beta et gamma) selon la fréquence des ondes émises ou leur nombre d'oscillations par secondes en Hertz (1 hertz = 1 oscillation par seconde).

Le cerveau humain émet des ondes, 4 à 45 oscillations par seconde. Ces ondes cérébrales mesurent entre 10 et 100 Mégamètre (1 Mm = 1 000 000mètres = 1000 km). Ces ondes cérébrales ont une très faible amplitude, une fréquence très courte (quelques hertz), et une faible puissance (quelques microvolts).

  • Ondes ou rythme cérébral Delta

Les ondes Delta sont les plus lentes de l'ensemble des cinq fréquences des ondes cérébrales. Elles sont localisées sur les lobes temporaux et, en état subjectif sur les lobes occipitaux.

Les ondes Delta sont obtenues en état de sommeil lent, elles se manifestent au cours du sommeil profond.

  • Ondes ou rythme cérébral Thêta

Les ondes Thêta ont une fréquence assez basse de 4 à 8 Hertz et sont en liaison avec la créativité, l'intuition et le rêve.

Le rythme Thêta gouverne aussi nos attitudes, croyances et comportements.

Ces ondes sont liées aux états de super créativité, d'inspiration et de conscience spirituelle.

  • Ondes ou rythme cérébral Alpha

L'état induit par les ondes Alpha est un état de méditation. On l'observe par exemple chez les Chamans qui utilisent des techniques de médiations visant à s'harmoniser avec la fréquence de la terre.

Cet état de méditation permet d'accéder à des états de conscience plus profonds, et par ce biais à une partie de la richesse et de la créativité de l'inconscient. Nous sommes dans un état de relaxation léger, avec des sensations de bien-être.

  • Ondes ou rythme cérébral Bêta

Les ondes Bêta correspondent à des oscillations de fréquence de 12 à 45 Hz d'amplitude basse de 12 à 45 microvolts. Ce sont les plus rapides.

Le cycle Bêta est celui de l'éveil lorsque nous sommes avec les yeux ouverts dans l'action, c'est celui des comportements intégrés, des activités courantes par exemple lorsque nous sommes concentrés au travail. Lors de celui-ci, nous écoutons et pensons au cours de la résolution de problèmes analytiques, nous émettons des jugements, prenons de décision, et traitons des informations relatives au monde qui nous entoure. Notre cerveau fonctionne alors à plein régime.

  • Ondes ou rythme cérébral Gamma

Les ondes Gamma ont une fréquence très rapide de 35 Hz à 80Hz approximativement.

Ce sont les ondes de la pensée, haute activité mentale incluant la perception et la conscience. Les sens, l'intellect, le traitement de l'information, l'intuition, ou encore la mémoire sont mis harmonieusement et synchroniquement à l'œuvre. L'émission de ce type d'ondes, à oscillations rapides, reflèterait en quelque sorte la pleine conscience à travers l'être.

Les EMC et la spiritualité ?

La spiritualité et sa quête serait donc peut-être une des causes de certaines EMC.

Les civilisations ancestrales avaient beaucoup moins d'a priori que nos civilisations contemporaines sur les rituels magiques et l'au-delà.

Peut-être assistons-nous à une résurgence de cette tendance qui montrerait les limites du monde matérialiste et binaire tel que nous le connaissons, et prouverait que dans son essence, l'humain se sait appartenir à quelque chose de plus grand avec quoi il souhaite se reconnecter.

Certains EMC ont en commun des similitudes troublantes. Ils peuvent transcender le temps, l'espace, et tous suggèrent une réalité plus vaste.

Un autre de leurs points communs est leur aspect spirituel, soit en tant que composante de l'expérience, soit en tant « qu'ouverture » consécutivement à celle-ci.

Ces EMC qu'on pourrait qualifier de « non ordinaires » peuvent donc survenir de différentes façons, parfois spontanément ou au contraire grâce à la pratique de techniques (relaxation, méditation, hyperventilation, autohypnose etc.). Ils peuvent également être provoqués par un choc émotionnel, voire un traumatisme, physique ou psychique, ou encore, comme nous l'avons évoqué, la prise de produits (alcool, médicaments, drogues).

  • a) Les NDE (Near death experience)

Connue en France sous le nom d'EMI (expérience de mort imminente), un état sans aucun signe de vie, mais qui n'est pas pour autant la mort. C'est l'exemple qui me semble le plus flagrant d'EMC non ordinaire.

Les récits font état d'une sensation de grand bien-être, l'impression de quitter son corps, d'un déplacement à travers un tunnel en direction d'une lumière, d'une communication avec cette lumière, de la rencontre d'entités spirituelles ou de personnes décédées, de visions paradisiaques et de la présence d'une frontière à ne pas dépasser.

Ce canevas central semble indépendant du niveau intellectuel et social, ainsi que du sexe et de l'âge. Les récits sont également très similaires à travers le monde, les cultures et les époques, même si les récits contiennent également de nombreux éléments individuels qui reflètent les conditionnements socio-culturels, religieux et psychologiques de la personne.

Cette expérience induit souvent un bouleversement total de l'individu, impliquant parfois une remise en question générale de valeurs fondamentales de la personne. Avec le perfectionnement croissant des techniques de réanimation, le nombre de NDE rapportées se multiplie chaque jour dans le monde entier. On estime à 12% le pourcentage de personnes réanimées suite à un arrêt cardiaque ayant vécu cette expérience.

  • b) La décorporation 

Plus connue du grand public sous le nom de voyage astral, on peut la décrire comme un état dans lequel l'individu a l'impression que sa conscience a quitté son corps et se trouve en position d'observateur, totalement déconnecté par rapport à celui-ci avant la « réintégration ».

Il s'agirait de la première étape de la NDE mais cette expérience peut aussi survenir spontanément sans proximité de la mort comme une expérience à part entière.

Hormis l'existence de personnes plus prédisposées que d'autres à vivre ce genre de phénomène, certains facteurs semblent en favoriser le déclenchement : une position allongée, de préférence au moment de l'endormissement, une anesthésie générale, une forte fièvre ou la prise de drogues etc.

Les pilotes d'avion rapportent aussi fréquemment ce type d'expérience au moment d'une accélération ou décélération brusque.

Mais cet état de conscience particulier peut également être induit par différentes techniques ancestrales telles que les transes ou le yoga. Pratiquant régulièrement celui-ci, j'en ai effectivement très souvent entendu parler, notamment lors de séances de yoga nidra, qui permet une relaxation intense.

Les récits de décorporations sont présents dans la littérature occidentale de l'Antiquité à nos jours. Presque toutes les civilisations ont possédé ou possèdent encore leur propre technique permettant d'accéder au voyage astral.

Ces expériences troublantes ne sont donc ni rares, ni nouvelles, elles constituent la catégorie d'EMC la plus représentée parmi tous les témoignages.

  • c) Les réveils de la Kundalini

En Inde, la Kundalini est le nom donné à " l'énergie créatrice" de l'Univers emprisonnée et endormie à la base de la colonne vertébrale au niveau du sacrum.

Chez la plupart des gens, une très faible partie seulement de cette énergie circulerait dans le corps et son "réveil" signifierait l'activation de sa circulation.

Une fois "réveillée", la Kundalini est ressentie comme remontant à l'intérieur de la colonne vertébrale, traversant et dynamisant au passage, l'un après l'autre, les sept "chakras" principaux, centres énergétiques du corps humain.

Elle est souvent représentée comme un serpent enroulé sur lui-même, qui se dresse progressivement dans l'épine dorsale.

Si le processus aboutit, l'énergie finit par sortir par le sommet du crâne au niveau de la fontanelle. Il s'ensuit un état d'expansion de conscience conduisant à la sensation de faire "un" avec l'Univers, avec le Tout. La personne pourrait devenir hautement intuitive et développer des facultés psychiques comme la clairvoyance, la clairaudience, la télépathie et des dons de guérison.

On retrouve cette notion de Kundalini sous différentes appellations dans le bouddhisme, le taoïsme ou encore la tradition kabbalistique. Certains théologiens chrétiens ont également établi un parallèle entre le Saint-Esprit des occidentaux et la Kundalini des orientaux.

En Orient, le réveil de la Kundalini est non seulement connu, mais recherché par beaucoup à travers la pratique de techniques ancestrales, comme la méditation et le yoga. Il existe d'ailleurs un « Kundalini yoga » de plus en plus populaire en occident.

L'énergie de la Kundalini est souvent ressentie comme un processus de purification intérieure. Elle peut réactiver sur son passage les peurs les plus profondes, des traumatismes anciens ou des blocages psychologiques.

Photos : Shutterstock

PUBLICITÉ

Écrit par

Florence Tarrade '

Voir profil

Bibliographie

  • L’ayahuasca dans le traitement des addictions ,Dr. Jacques Mabit : https://www.takiwasi.com/docs/arti_fra/ayahuasca_traitement_des_addictions.pdf
  • Article publié en anglais dans "Psychedelic Medicine (Vol. 2) : New Evidence for Hallucinogic Substances as Treatments" 1 (2007), by Thomas B. Robert, Michael J. Winkelman, pp. 87-103,
  • Le boum du tourisme chamanique, Frédéric Joignot, Publié le 02 août 2019, Le Monde : https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/02/le-boum-du-tourisme-chamanique_5495734_3232.html
  • Les Etats Modifiés de Conscience "non-ordinaires", Institut Suisse des Sciences Noétiques : http://www.issnoe.ch/les-tats-modifis-de-conscience-non-ordinaires
  • Les différentes ondes cérébrales, Mental Wawes : https://www.mental-waves.com/les-differentes-ondes-cerebrales/
  • Les États modifiés de conscience, Georges Lapassade, Cairn : https://www.cairn.info/les-etats-modifies-de-conscience--9782130402770-page-1.htm

Laissez un commentaire

PUBLICITÉ

Commentaires 1
  • tugdual

    Bonjour, je trouve l'article très intéressant, mais je voudrais savoir si vous avez vous même pratiqué des expériences de morts imminentes ? Car moi qui pratiquait régulièrement et volontairement des déplacement de conscience, je me rend compte que les ouvrages où les publications universitaires sont faîtes par des personnes n'ayant à aucun moment pratiqué, ce qui est paradoxale je trouve. J'explique quant à moi ce que vous appelé des états de conscience modifié par une dissociation du mental d'avec le corps physique aussi infime soit il. Cette dissociation permet l'expérimentation de toutes sortes de phénomènes y compris l'EMI, la télépathie, etc. A aucun moment je ne douterais de la véracité de ce que j'ai vécu même face à la volonté de millions de personnes de vouloir me démontrer l'inverse, comment peut il en être autrement ?

derniers articles sur anxiété

PUBLICITÉ