Comment faire face à nos peurs profondes ?

Pourquoi "ne t'inquiètes pas, ça va aller" a pour effet d'augmenter notre peur ? En cette période de pandémie, si anxiogène, comment faire face à nos peurs profondes ?

17 SEPT. 2020 · Lecture : min.
Comment faire face à nos peurs profondes ?

Ces temps-ci, la peur envahit tout.

Nos têtes, nos cœurs, nos corps, nos couples, nos familles, nos cercles d'amis, notre travail, les lieux publics, les transports en commun, elle s'insinue partout, stimulée et amplifiée par les caisses de résonance médiatiques : peur d'être contaminé(e), peur de contaminer nos proches, âgés et/ou malades, peur de perdre notre emploi, peur de ne pas en trouver, peur de rater nos études...

Que signifie cette peur ?

Cette peur nous renvoie à la perte de contrôle sur le cours des choses, à notre hantise de ne plus pouvoir faire face, de ne plus pouvoir anticiper notre avenir, ce qui est l'exacte réalité en cette situation de pandémie. Même les meilleurs experts reconnaissent qu'ils sont dans l'incertitude la plus totale, malgré leur sommes d'expérience et de connaissances. Plus de repères, ni pour eux, ni pour nous. Dans une société habituée au contrôle et à l'aversion au risque, cette situation d'impuissance peut être très douloureuse pour certaines personnes. Et nous renvoie à des peurs très profondes (abandon, exclusion, humiliation de l'échec...)

Deux injonctions paradoxales

" Ne t'inquiète pas " : cette injonction qui se veut aidante masque paradoxalement un message bien plus dommageable, qui est " ne ressens plus ta peur, ignore-la, fais comme si elle n'était pas là ". Alors qu'au fond beaucoup d'entre nous ont de très bonnes raisons d'avoir peur dans ce contexte troublé.

" Ça va aller " : un joli et gentil mensonge, dans un contexte où personne n'a de repères sur ce que pourrait être l'avenir proche. Nous sommes tous à la recherche de certitudes qui se dérobent chaque jour un peu plus devant cette situation inédite. Et que c'est douloureux de constater notre impuissance !

Parce qu'elles dénient notre réalité émotionnelle (j'entends une parole en contradiction avec mes ressentis), ces deux injonctions ont pour effet paradoxal d'augmenter notre inquiétude, notre peur, notre anxiété.

 

Pourquoi la peur est une émotion vitale

Or la peur est une émotion vitale, qui nous signale un ou des dangers, de manière parfaitement subjective, parfois irrationnelle, mais toujours utile pour nous. Elle nous indique que nous avons besoin de protection et de sécurité. C'est pourquoi un être humain qui ne ressentirait pas la peur serait incapable de détecter les dangers et de s'en protéger : il risquerait sa vie en permanence, incapable de s'arrêter de traverser une rue alors qu'une voiture va le percuter.

Lorsqu'elle est à sa juste place, la peur est donc un précieux messager, qui nous invite à nous adapter à la situation. Et pourtant, que d'efforts faisons-nous pour tenter de la faire disparaître de notre vie !

Que faire face à une peur trop envahissante ?

S'il est illusoire d'éliminer la peur (tout comme il est impossible d'empêcher l'eau d'une rivière de couler), il est par contre utile de pouvoir la réguler pour la maintenir un niveau acceptable, qui nous permet de continuer à mener notre vie de notre mieux.

Dans ma pratique de thérapie brève, j'aide très concrètement mes clients à identifier, accueillir et traverser leurs peurs, à retrouver leur capacité d'action, de décision, à se libérer de leurs entraves pour augmenter leurs marges de liberté. L'approche systémique et stratégique de l'école de Palo Alto me permet de travailler sur vos situations concrètes, quotidiennes, pour trouver des solutions adaptées et efficaces. Quand il s'agit d'émotions, l'hypnose peut être une précieuse alliée pour activer nos ressources intérieures et révéler un potentiel insoupçonné.

 

Accompagner la peur : un exemple

Cette cliente appréhendait d'annoncer sa décision de divorcer à son conjoint, craignant des réactions très violentes de sa part. Après avoir exploré sa situation, nous avons travaillé sur les différents scénarios possibles, sur les réactions potentielles du conjoint et de ses enfants, sur ce qui pourrait vraiment arriver de pire, sur ce qui serait maîtrisable ou non-maîtrisable, pour regarder comment anticiper et se prémunir, tout en acceptant les risques de l'imprévu. A l'issue de cette séance, ma cliente s'est sentie beaucoup plus sereine, non pas " rassurée", mais prête à agir avec justesse en ayant "remis" ses peurs à leur juste place.

Merci de votre attention, et je vous souhaite de trouver de belles ressources en vous pour " traverser sereinement " vos peurs.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Armel Cusin-Gogat

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