Pour essayer autre chose que les psychothérapies classiques verbales (partie 4)
Bien souvent les difficultés psychologiques sont liées à des conflits avec les autres mais si tout commençait en vous, par vos propres conflits internes ?
Cet article est le quatrième d'une série qui vous présente certaines approches thérapeutiques complémentaires des thérapies psychanalytiques, des TCC classiques, ou d'approches déjà bien connues telles que l'hypnose et la PNL. Dans l'article ci-dessous : les thérapies des parties (Dialogue Intérieur, IFS ou thérapie des Etats du Moi).
La multiplicité du psychisme est reconnue par des approches comme la psychanalyse (Ça, Moi et Surmoi), l'analyse transactionnelle (les états du moi), la programmation neurolinguistique (PNL) ou l'hypnose éricksonienne. Le Self est aussi identifié dans la psychologie de Jung, ainsi que dans des pratiques reposant sur la pleine conscience. Tout le monde connaît la situation où on remarque un dialogue intérieur entre deux parties lorsqu'il s'agit de prendre une décision importante. Et bien dans certaines techniques thérapeutiques, il est possible de ressentir en nous encore plus de parties.
Nos différentes parties
Par exemple, avez-vous eu des problèmes d'insomnie comme si une partie de vous avait peur que vous vous endormissiez ? Avez-vous ressenti le besoin de travailler au-delà du raisonnable alors qu'une partie de vous aspirait à de la détente ? Chacun de nous a une personnalité à différentes facettes, qui ne sont pas toujours en harmonie. Et si les difficultés et les souffrances auxquelles vous êtes confrontés étaient les conséquences de dissonances intérieures.
"C'était plus fort que moi!", "Je ne sais pas ce qui m'a pris!", "Ce n'était pas moi!" ,"Une partie de moi le veut, mais une autre résiste." Avez-vous déjà entendu ou vous être dit intérieurement ces phrases ? Elles peuvent révéler un conflit intérieur et indiquer le besoin pour une thérapie des Parties . A l'intérieur de nous, c'est un perpétuel combat qui non seulement nous empêche d'être dans la réalisation de notre être profond mais en plus nous épuise. Quand on n'arrive pas à équilibrer ces « parties », cela peut entraîner un vrai conflit, avec des blocages, des troubles comportementaux, des auto-sabotages. Ces "conflits intérieurs" persistants peuvent évoluer vers des états de stress tels que la dépression, les dépendances et les peurs. C'est là qu'interviennent les différentes thérapies des parties.
Comment ça marche ?
Les parties naissent dès le plus jeune âge, dès qu'un individu entre en contact avec sa famille, sa culture, son environnement. Cela l'influence tellement qu'il va développer des comportements en relation avec ses besoins insatisfaits, avec ce que l'on attend de lui (même si cela ne correspond pas à ce qu'il est fondamentalement), ... Les parts apparaissent tout au long de la vie. Certaines sont archétypales, c'est à dire qu'elles sont présentes en chacun de nous : le juge, l'enfant intérieur, le critique intérieur, le bourreau, le guérisseur.... D'autres sont propres à l'individu.
Certaines de ces parties vont se "figer" par exemple face à un évènement traumatisant ou vont entrer en conflit. Elles ont alors tendance à prendre toute la place (surpuissantes) ou inversement à disparaître totalement (reniées) et ne plus jouer aucun rôle. Cela a pour conséquence de "bloquer" la personne dans des comportements ou des attitudes handicapantes pour le Self lui-même, c'est à dire la personnalité, et la limiter.
Ces parties ou sous-personnalités ont des schémas qui leur sont propres. Il s'agit d'abord de les reconnaitre. Ensuite face à un évènement, si on se sent tiraillé entre des parties de nous qui semblent penser ou vouloir des choses différentes, il est possible de prendre en considération ces différentes parts et trouver un équilibre satisfaisant.
Thérapies basées sur les parts
Le travail du thérapeute a pour but d'entrer en contact, à travers un dialogue intérieur, avec les groupes de sous-personnalités ou les parties isolées pour les ressourcer, les équilibrer, redonner une place à celles qui sont exclues et réorganiser le système de manière à ce qu'il devienne coopératif et efficace pour la personnalité elle-même. Personnellement, j'utilise alors des concepts appartenant à différentes thérapies qui permettent de cheminer vers plus de sérénité : Dialogue Intérieur, Thérapie des Etats du Moi et Internal Family Systems (IFS). Pour faciliter le travail du patient, il est possible aussi d'externaliser les parts grâce à différents objets empruntés à l'art-thérapie et à la Gestalt. Pour communiquer avec les parties ou pour mieux les cerner, j'utilise le focusing (présenté dans https://www.psychologue.net/articles/pour-essayer-autre-chose-que-les-psychotherapies-classiques-verbales-partie-3) et l'hypnose.
Les approches basées sur les parties sont très utiles dans les cas de traumatismes, de troubles anxieux, de troubles de l'humeur ou de troubles du comportement alimentaire (notamment boulimie et hyperphagie). Ceci est efficace pour désamorcer certains comportements liés à des mémoires, à des croyances.
IFS (Internal Family Systems) et Dialogue Intérieur
Que ce soit R. Schwartz (pour l'IFS), ou H. et S. Stone (pour le Dialogue Intérieur), ils ont développé des techniques thérapeutiques permettant de comprendre, reconnaître et ressourcer les sous-personnalités (ou subpersonnalités ou parties ou parts) qui vivent en nous.
Le modèle de psychothérapie Internal Family Systems (IFS) a d'ailleurs été récemment listé au sein des pratiques dont l'efficacité est basée sur des preuves (evidence-based practice). Il reconnaît la multiplicité du psychisme en identifiant le monde des sous-personnalités qui constitue le système psychique. Il identifie aussi le Self (ou siège de la conscience), comme instance régulatrice, médiatrice, thérapeutique, et organisatrice du monde des sous-personnalités. L'une des originalités de l'approche IFS consiste en la manière dont celle-ci articule, sur le plan thérapeutique, la mise en jeu du Self avec le monde des parts dans une dimension relationnelle. En effet, le Self d'un côté et les parts de l'autre, sont dotés d'une capacité relationnelle innée les unes vis-à-vis des autres. Or celle-ci n'est plus mise en jeu depuis les périodes passées où le patient a été exposé aux expériences traumatiques à l'origine des symptômes psychiques présents à l'âge adulte… En remettant du mouvement et en établissant des relations assertives et constructives, la thérapie permet de retrouver un sentiment d'unité et de paix intérieure en se reconnectant avec les différentes parts de nous afin d'accueillir, écouter et apaiser nos dissonances.
Pour les difficultés relationnelles
Il est reconnu qu'il y a beaucoup d'éléments à prendre en compte : vous, les autres et le système qui vous regroupe. En effet, nous réagissons tous aux interactions et les influences sur le système sont alors complexes. Dans les approches systémiques (utilisées dans les thérapies familiales), il est indispensable de s'intéresser de façon globale au contexte, aux relations et interactions.
Néanmoins, dans toute difficulté relationnelle, la première étape est déjà de travailler sur soi en comprenant et analysant comment et pourquoi nous réagissons et inter-agissons dans notre milieu familial, amical, professionnel, social. Pour cela, utiliser cette analyse par parties permet de prendre de la distance déjà par rapport à son propre fonctionnement. Cette compréhension permet bien souvent déjà d'apaiser notre propre ressenti par rapport à nos difficultés relationnelles. Et surtout permet d'avoir des pistes pour comprendre la réaction des personnes qui semblent nous poser des difficultés car ce fonctionnement fragmenté du psychisme est général. L'étape suivante est bien sûr de communiquer ensuite avec ceux qui nous posent problème. Et alors là des techniques empruntées à la Communication Non Violente, à l'Analyste Transactionnelle, … peuvent être mises en place par exemple.
Photos : Shutterstock
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