Sensible, empathique et hypersensible : quelles différences ?

Connaissez-vous la différence entre sensibilité, hypersensibilité et empathie ?

29 JANV. 2019 · Lecture : min.
Sensible, empathique et hypersensible : quelles différences ?

Il suffit d'être un peu surchargé par les émotions pour s'entendre aisément dire que l'on est sensible, empathique, voire hypersensible. Mais connaissez-vous la différence entre ces termes ? 

Qu'est-ce que la sensibilité ? 

En physiologie, la sensibilité est la possibilité de percevoir un stimulus et d'y répondre. C'est la faculté de percevoir par les sens, et aussi un mot que l'on utilise pour désigner une inclination vers quelque chose ("je suis sensible à la beauté").

Dans le domaine affectif, la sensibilité est "la faculté de ressentir profondément des impressions, d'éprouver des sentiments, de vivre une vie affective intense".

La sensibilité est la marque profonde de notre humanité, c'est elle qui nous connecte au monde et les uns aux autres. Tous les êtres humains sont plus ou moins sensibles, et nous ne vivons pas tous les émotions de la même façon, mais elles sont tout de même un superbe cadeau. 

L'hypersensibilité, de la difficulté à gérer ses émotions

Comme son nom l'indique, l'hypersensibilité est une sensibilité plus élevée que la moyenne, pouvant être durable ou temporaire. D'après des études, les personnes hypersensibles représenteraient 15 à 25% de la population. 

Ce mot est cependant très souvent connoté très négativement, et employé à tort et à travers dès qu'une personne a des difficulés à contrôler ses émotions ou les ressent bien plus violemment que les autres. Marie-France de Palacio et Saverio Tomasella préfèrent parler d'ultrasensibilité, terme plus valorisant et plus spécifique, sous-entendant la difficulté de gérer ses émotions. 

Pour déterminer si une personne est hypersensible ou non, on se réfère classiquement à l'échelle DOES, créée par Elaine Aron : 

  • Depth of processing : profondeur de traitement.
  • Over aroused : sollicitation plus forte aux stimuli.
  • Emotional reactivity and high empathy : réactivité émotionnelle et empathie élevée.
  • Sensitivity to subtle stimuli : sensibilité aux stimulis subtils. 

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L'hypersensibilité est une neuroatypie : la personne ressent les émotions de façon plus forte que les neurotypiques, mais suivant un effet de seuil. Ainsi, une situation émotionnelle de faible intensité sera vécue sans réaction, ce qui peut parfois laisser penser que les personnes hypersensibles sont froides et hautaines. Par la suite, la courbe s'accorde sur celle des personnes neurotypiques puis, à partir d'un certain seuil, la dépasse. 

Une définition qui est très loin de décrire uniquement des personnes qui pleurent aisément ! On voit que l'hypersensibilité est complexe : si certains stimuli ne vont pas déclencher de réaction (parfois, il peut aussi s'agir d'une protection), d'autres seront vécus de façon bien plus forte qu'une personne neurotypique. Il est aussi intéressant de noter qu'une personne hypersensible n'est pas forcément timide et introvertie, comme on peut facilement le penser. 

L'hypersensibilité n'est pas une pathologie. Les personnes hypersensibles doivent juste apprendre à vivre avec cette particularité et à trouver des occupations pour la mettre en valeur ou se défaire de la charge émotionnelle lorsqu'elle devient trop lourde. 

Troubles liés à l'hypersensibilité

L'hypersensibilité n'est pas une pathologie, mais peut être liée avec divers troubles, résultant d'un trop-plein d'émotions ou d'une difficultés à les gérer : 

  • Stress, angoisse
  • Phobies
  • Trouble de stress post-traumatique
  • Difficultés relationnelles
  • Etc.

Si vous êtes dans ce cas, un(e) psychologue peut vous aider à gérer ces troubles liés et à mieux accepter votre hypersensibilité.

L'empathie, quand les émotions des autres nous envahissent

Une personne empathique est une personne qui ressent plus ou moins fortement les sentiments et émotions des autres, et peut ainsi se mettre à leur place. Plusieurs études ont été réalisées afin de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau des personnes empathes : grâce à l'imagerie IRM, on a ainsi pu voir que les mêmes zones du cerveau s'activaient chez des personnes qui se faisaient mal et d'autres qui les observaient. Chez les personnes moins empathes, les zones ne s'activaient pas face à la douleur de l'autre. 

Selon des recherches récentes, il existerait deux types d'empathies : 

  • L'empathie émotionnelle : capacité à ressentir les états affectifs d'une autre personne
  • L'empathie cognitive : capacité à comprendre les états mentaux d'une autre personne (croyances, etc.).

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Ressentir les joies et peines des autres ?

Contrairement aux idées reçues, une personne empathe ne ressent pas la même émotion que les autres ; dans ce cas, on parlerait plutôt de contagion émotionnelle. D'aileurs, une réponse empathique à l'émotion d'une autre personne n'est pas toujours positive, car on parle alors de sympathie. Faire preuve de cruauté est une capacité empathique, car on tire son plaisir de la souffrance de l'autre.

Être empathique, c'est donc ressentir les émotions des autres sans jugement de valeur, et donc sans forcément de sympathie (vouloir le bien-être de l'autre) ou contagion émotionnelle (ressentir la même émotion). 

"L'objet de l'empathie est la compréhension. L'objet de la sympathie est le bien-être de l'autre. […] En somme, l'empathie est un mode de connaissance ; la sympathie est un mode de rencontre avec autrui", Lauren Wispé

Comprendre les émotions de l'autre sans les confrondre avec les siennes est une puissante capacité humaine mais aussi, pour Jean Decety (Université de Chicago), une forte possibilité de communication interpersonnelle. Mais si l'empathie est une magnifique valeur humaine, elle peut toutefois avoir un impact négatif. Ainsi, une personne empathe sera plus souvent préocuppée par l'individu ou l'animal visé par son émotion plutôt que par elle-même : on parle alors de décentrement. 

Photos : Shutterstock

Si vous avez des difficultés à gérer votre empathie ou à vous retrouver face au tumulte d'émotions qui ne vous appartiennent pas, n'hésitez pas à faire appel à un(e) thérapeute

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Écrit par

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Commentaires 2
  • Antoine

    Merci beaucoup pour l'article. Vous définissez bien les 3 termes. Mais vous ne mettez pas en valeur les DIFFERENCES comme promis dans le titre de l'article. Un empathique est-il nécessairement sensible et un sensible est-il nécessairement empathique ? Un hypersensible est sensible mais est-il nécessairement empathique ? Quid de la sensibilité interne et externe ? Dans quelles mesures ces termes se chevauchent-ils ? et dans quelles mesures se DIFFERENTIENT-ils ? Merci d'avance

  • Mirabelle

    Très juste. Excellent article.

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