Comment gérer les caprices des enfants ?

Les colères infantiles peuvent désespérer les parents les plus patients, mais elles sont normales et il existe des techniques pour les contrôler à temps et sans agressivité.

19 JUIN 2017 · Lecture : min.
Comment gérer les caprices des enfants ?

S'il y a bien une chose qui génère du stress et énerve les parents de jeunes enfants, ce sont les fameuses colères ou les caprices. Dans cette article, la psychologue Ana María Támara Martelo, spécialiste en psychologie infantile, propose des solutions aux parents pour savoir réagir face aux colères et que les enfants apprennent à gérer leurs émotions.

Les colères sont-elles normales ?

La réponse à cette question est oui, jusqu'à un certain âge. Pour déterminer si un comportement comme les colères est normal ou non, il faut prendre en compte l'étape de développement où se trouve l'enfant. Les colères ou les caprices sont liés au développement émotionnel et à l'expression des sentiments par l'enfant, qu'ils vont apprendre à gérer au fil de leur croissance. Évidemment, ils seront influencés en cela par leur environnement extérieur (maison, école, etc.).

Le développement des enfants, a fortiori lorsqu'ils sont petits, est très variable : certains manifestent des comportements très tôt, d'autres plus tard, et le développement tend à se stabiliser un peu autour de sept ans. À trois mois, un bébé commence à répondre face au sourire d'un visage connu. À dix mois, il est très affectueux avec le groupe familial et timide avec les étrangers : les pleurs commencent à être une manifestation d'émotions, sans être encore différenciés selon les émotions, ce qui vient plus tard. Par exemple, un pleur de colère se caractérise par des mouvements violents des jambes et des bras. À environ un an et demi, le sens de la possession de l'enfant augmente pour ses objets et les colères sont des caprices avec des pleurs violents, l'enfant se jette sur le sol, fait des battements de jambes, donne des coups, lutte et jette les objets.

À deux ans et demi, l'enfant est happé dans le négativisme et les rituels, il est plus sérieux, rit moins, même s'il est possible de le gérer en utilisant l'humour, qui permet de dissoudre les tensions. L'enfant devient égoïste, possessif, absorbant et éventuellement jaloux des frères et soeurs. Lorsqu'il a des accès de colère, tout le corps a une réaction agressive, et elles sont souvent provoquées par une interférence dans ses activités physiques ou ses possessions. À quatre ans, il se bat et polémique pour tout.

Comme nous l'avons souligné, les caprices ou les colères sont des expressions émotionnelles normales entre deux et quatre ans environ. Évidemment, elles seront plus intenses ou fréquentes chez certains que chez d'autres, en fonction du tempérament. Ce sont des expressions nécessaires, car toute émotion, qu'elle soit positive ou négative, a une fonction importante chez l'être humain, qui est la survie. Lorsqu'ils grandissent, il est important d'offrir aux enfants des stratégies pour qu'elles s'expriment de la manière adéquate.

À quel âge les enfants doivent-ils abandonner les colères ?

À partir de quatre ou cinq ans, elles ont tendance à diminuer. Cela va cependant déprendre de facteurs biologiques comme ambiants. Les facteurs biologiques sont ceux qui sont déterminés par la génétique ou l'héritage, comme par exemple la fréquence à laquelle la personne peut ressentir l'émotion, l'intensité ressentie et le temps.

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Au contraire, les facteurs environnementaux sont tous les types d'apprentissages qu'acquiert un individu lorsqu'il interagit dans différents contextes. Cela peut être par l'observation de modèles significatifs pour l'enfant, ou par les conséquences reçues lorsqu'il émet un comportement précis. Si les conséquences sont positives, la probabilité qu'il émette ce comportement est plus élevée. En ce qui concerne les caprices, si l'enfant reçoit de l'attention lorsqu'il en fait, il est très probable qu'il continuera et que la diminution du comportement sera plus complexe.

L'apprentissage de la régulation des émotions est important pour toute personne. Un enfant doit apprendre avec le temps des stratégies pour y arriver, comme :

  • identifier son émotion,
  • connaître la réaction appropriée face à une telle émotion,
  • et à quel moment il est approprié de le faire.

Ceci peut aider à prévenir dans le futur des difficultés avec sa santé mentale. Cela peut se faire à partir de modèles ou de conséquences, comme expliqué dans le paragraphe antérieur.

Les parents ont un rôle fondamental dans l'apprentissage de stratégies de régulation des émotions, car ils sont la plus grande source d'apprentissage des enfants.

Ainsi, un enfant qui, pour des raisons héréditaires, ne ressent pas la colère et a des parents qui ne savent pas à quel moment et comment exprimer leur énervement ou sont assertifs pour le faire arrêtera ses caprices plus rapidement.

Comment agir lorsque mon enfant pique une colère ?

La première chose à faire est de ne pas s'énerver. Les parents sont des modèles de régulation émotionnelle. Si vous sentez que l'intensité de l'émotion est très élevée, respirez lentement, jusqu'à sentir la disparition de l'émotion, concentrez-vous sur les mouvements de la respiration plutôt que sur le comportement de l'enfant.

La deuxième chose à faire est, une fois qu'il s'est calmé, d'analyser ce qui est à l'origine de la colère ou du caprice. Par exemple, si l'enfant demande du temps à un parent et que celui-ci est occupé, il est important de lui donner une instruction courte et claire, positive, expliquant ce qu'on attend de lui pour qu'il reçoive l'attention de son parent, et comment exprimer l'émotion qu'il ressent à ce moment là : "Maman / Papa ne peut pas jouer avec toi pour le moment, je sais que ça t'énerve ; quand Maman / Papa aura terminé elle/il viendra jouer avec toi, mais pour pouvoir jouer avec moi et t'amuser il faut que tu sois calmé".

La troisième chose à faire est d'appliquer la conséquence en l'ignorant (lui prêter attention est exactement ce que recherche l'enfant) et continuer à faire ce que l'on faisait. Une fois que le parent a terminé ce qu'il faisait et est disponible pour donner du temps à son enfant et que celui-ci est tranquille, il peut lui dire "Maman / Papa a terminé ce qu'elle / il avait à faire et je vois que tu es tranquille, maintenant on peut jouer". Il est important de toujours respecter l'instruction. Ainsi, on parvient à plusieurs résultats. D'abord, l'enfant comprend qu'il ressent une émotion et que c'est normal. C'est le premier pas pour apprendre à réguler les émotions. Ensuite, il ne reçoit pas une conséquence positive attendue (l'attention du parent) lors de la colère, ce qui va diminuer petit à petit la probabilité que les caprices se répètent souvent.

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Cependant, cela peut arriver dans les lieux publics. Il faut alors agir de la même manière qu'à la maison : donner l'instruction et appliquer la conséquence. Il faut remonter à l'origine de la colère, si c'est de la fatigue, si c'est parce qu'il veut quelque chose que l'on ne peut lui donner actuellement, faire quelque chose qu'il ne peut pas faire, il faut lui montrer qu'il est compris. Par exemple, s'il fait un caprice parce qu'on lui a ôté ce qui captait son attention, ses parents peuvent lui dire : "je comprends que tu voulais continuer à jouer avec ça et que tu es énervé, mais ce n'est pas à nous et ça ne se prête pas, pour finir de te promener avec Maman / Papa il faut que tu te calmes car il y a beaucoup de personnes ici qui n'aiment pas le bruit que tu fais, on sort le temps que tu te calmes et on reviendra lorsque tu auras fini de pleurer et de crier". Il faut alors le sortir sans lui prêter attention ni le regarder, l'amener dehors et l'asseoir quelque part. S'il bouge ou qu'il se déplace du lieu, ignorez-le jusqu'à ce qu'il se calme. Une fois calmé, faites-lui un câlin et dites-lui "maintenant que tu vas bien, on peut continuer notre promenade".

Est-il possible de prévenir les caprices ?

Plus que prévenir, on peut diminuer les caprices par un apprentissage adapté, notamment via le système de conséquences et en mettant en place des stratégies de régulation émotionnelle. La colère est une réaction face à une émotion, une émotion dont on n'a pas le contrôle. On ne peut pas prévenir la tristesse ou l'énervement, mais on peut contrôler notre réaction face à l'émotion, et si nous le faisons de manière adéquate ou non. On ne peut pas éviter ou prévenir l'émotion qui cause la colère, mais on peut apprendre à y réagir différemment. Par exemple, si l'enfant est énervé car un parent ne lui prête pas attention au moment voulu et ne reçoit pas la conséquence positive que son parent se tourne vers lui quand il pique une colère mais qu'il l'ignore au contraire, et ce à chaque colère que fait l'enfant pour recevoir de l'attention, il finira par arrêter. Il comprendra en effet que son énervement passe et que ses parents viendront vers lui plus tard, comme promis.

Peut-on dialoguer après une colère ?

Il est recommandé de parler à un enfant après une colère, mais en adaptant son langage à son âge. Les petits comprennent mieux les choses à travers leur monde imaginaire, cela peut donc se faire via des contes. Le dialogue ne doit cependant pas être trop long.

Quelles sont les astuces selon l'âge ?

Il n'existe pas d'astuce spécifique selon l'âge, ce qu'il faut prendre en compte est la conséquence à gérer et la fonction du comportement (il faut comprendre ce que recherche l'enfant par ce comportement).

Photos Shutterstock

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