Accompagner le changement
Accompagner le changement, c'est donner la force d'être en mouvement ! Contrairement à ce qu'on croit, on peut changer son passé.

Regard de psy, # 1. Comme le chantonnait crânement Boris Vian, "personne fait plus ça". Dans l'humanité 2.0, on ne se préoccupe pas simplement d'être en forme, on "gère" au choix son "capital" santé ou bonheur. Mués en marques sur les réseaux sociaux, serions-nous devenus les entrepreneurs de nous-mêmes ? Au risque d'un grand retour, celui du refoulé ? Série d'éclairages en compagnie d'Emmanuelle Malhappe, psychanalyste.
Pays, entreprises, individus : chacun est sommé de se transformer. Mais qu'est-ce que ce terme évoque pour vous, psychanalyste et psychothérapeute ? Se transformer et changer, c'est la même chose ?
Emmanuelle Malhappe : Non, les choses ne sont pas de même nature. L'appétence au changement existe de tout temps. Souvenons-nous de Molière, qui fait dire à Dom Juan : "Tout le plaisir de l'amour est dans le changement" ! Je vois tous les jours dans mon cabinet des personnes qui ont une volonté de changer… mais pour que rien ne change vraiment. Changer en surface, pour ne pas prendre la responsabilité d'une réelle transformation.
"La transformation, c'est maintenant" : le slogan aurait pu faire peur ! Plus sérieusement, le changement serait du côté du superficiel, tandis que la transformation appartiendrait davantage à l'intimité ?
Emmanuelle Malhappe : Disons pour être plus précis que le changement a une forme d'extériorité. Soit que les circonstances de notre vie ou de notre environnement changent, soit que nous décidions de changer certaines choses, y compris relevant de l'intime. Nous restons quoi qu'il en soit "dominés" par notre inconscient. C'est au cœur de mon activité d'analyste : ce qui nous échappe et qui pourtant – ou à cause de cela – continue à agir à notre insu. La transformation est de ce côté-là. Elle implique une responsabilité du sujet.
"Responsabilité", en quel sens ? Les événements ou les traumatismes qui ont façonné cet inconscient appartiennent le plus souvent au passé. Ce qui est arrivé est arrivé, on ne peut pas revenir en arrière…
Emmanuelle Malhappe : C'est une réaction fréquente. Mais ce serait faire sans la parole. Nous parlons, et en parlant nous réécrivons en permanence notre propre histoire, réinventons nos interactions avec le monde. Notre passé est une construction, mouvante par nature. La transformation, c'est un "décollage", à tous les sens du terme : ne plus se réduire au traumatisme, retrouver un espace où continuer à respirer et s'inventer. C'est instaurer un "jeu", comme on le dit de deux pièces de bois pour que la charpente tienne.
Les Carnets de la transformation
Blog ALC Com – Novembre 2016
Ce quelque-chose qui nous échappe
Photos : Shutterstock
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