Comment combattre l'hyperphagie ?

Ce trouble alimentaire reste encore méconnu mais est pourtant bel et bien présent.

7 SEPT. 2018 · Lecture : min.
Comment combattre l'hyperphagie ?

Trouble alimentaire méconnu, l'hyperphagie touche pourtant 1,9 des Européenne, et se manifeste par une prise compulsive de nourriture sans comportements compensatoires (vomissements, hyperactivité sportive, etc.).

Parmi les troubles alimentaires, les plus connus sont évidemment l'anorexie et la boulimie, mais les chiffres de l'hyperphagie sont pourtant alarmants : selon une étude de 2015 publiée par la Haute Autorité de Santé, l'hyperphagie concerne 1,9% des femmes en Europe et 3,5% aux États-Unis, et 0,3% des hommes en Europe et 2% aux États-Unis. On estime que 50% des personnes en situation d'obésité souffrent d'hyperphagie, mais ce chiffre est difficile à définir car la plupart des personnes en souffrant consultent d'abord un nutritionniste ou un médecin plutôt qu'un psychologue, ne sachant pas forcément qu'elles souffrent d'un trouble alimentaire.

D'ailleurs, l'hyperphagie est souvent détectée chez des personnes venant consulter un médecin pour des troubles de santé consécutifs à l'obésité ou au surpoids, comme un taux de cholestérol élevé, une maladie cardiaque, de l'insuffisance respiratoire ou de l'apnée du sommeil ou encore de l'hypertension artérielle.

Comment se manifeste l'hyperphagie ?

L'hyperphagie se manifeste par des crises de boulimie (compulsion alimentaire) sans comportements compensatoires. La personne absorbe en une courte période de temps (moins de deux heures) une quantité de nourriture bien plus élevée que ce que mange toute autre personne dans le même temps et les mêmes circonstances.

Cette absorption génère un sentiment de perte de contrôle sur le comportement alimentaire, avec l'impression de ne pas pouvoir contrôler ce qui est mangé ou la quantité. Une crise boulimique se manifeste par au moins trois critères d'absence de contrôle :

  • Prise alimentaire en solitaire visant à cacher aux autres les quantités avalées
  • Absorption d'aliments à une vitesse plus élevée que la normale
  • Prise alimentaire jusqu'à une sensation inconfortable de distension abdominale
  • Absorption d'aliments sans sensation de faim
  • Sensation de culpabilité, de dégoût de soi ou de déprime après la prise compulsive.

Pour être diagnostiqué en tant qu'hyperphagie, le comportement compulsif doit survenir au moins deux fois par semaine pendant six mois et ne pas être associé à des comportements compensatoires, comme les vomissements, les laxatifs, la privation ou l'hyperactivité sportive, contrairement à la boulimie.

Comme tous les troubles du comportement alimentaire, l'hyperphagie répond à un principe qui veut que plus le contrôle est fort, plus l'est aussi la perte de contrôle.

Quelle est la cause de l'hyperphagie ?

Comme de nombreux troubles alimentaires, l'hyperphagie se développe souvent à la suite d'un traumatisme. Selon de nombreuses études, environ 20% des femmes souffrant d'un trouble alimentaire ont souffert d'un abus sexuel, et 8% d'autres traumatismes. Parmi ces 20%, 12% des femmes souffrent d'anorexie, 25% d'anorexie-boulimie et 37% de boulimie.

Dans l'hyperphagie, la compulsion alimentaire est souvent une manière d'anesthésier des affects négatifs, des émotions telles que la peur, l'anxiété, l'angoisse ou l'ennui. De nombreuses personnes décrivent le moment de la prise alimentaire compulsive comme un moment d'apaisement d'une tension/agitation intérieure. Lorsque l'hyperphagie est due à un traumatisme, elle se manifeste comme moyen d'éviter de perdre à nouveau le contrôle.

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L'obésité, consoeur de l'hyperphagie, est aussi une stratégie inconsciente de protection, une carapace contre le monde extérieur. D'ailleurs, la personne aura souvent du mal à perdre du poids au-delà d'un certain seuil, comme si elle se sentait en danger. L'hyperphagie est un trouble complexe, car le surpoids, qui peut devenir problématique, est aussi une solution de protection. Un état dépressif est souvent associé à l'hyperphagie, et il s'agit souvent de personnes distantes bien que souriantes, loyales, dociles au point de parfois se laisser marcher sur les pieds. Cet état leur génère souvent des sentiments de tristesse, d'auto-dévalorisation et insatisfaction. La vie amicale et amoureuse sont parfois agréables mais souvent insatisfaisantes ou pauvres, et si la personne se développe bien au niveau professionnel, l'image qu'elle véhicule peut lui être pénalisante que ce soit au niveau affectif ou professionnel.

Comment combattre l'hyperphagie ?

Les troubles alimentaires ne guérissent pas seul, et l'aide d'un professionnel de la psychologie est vivement recommandée pour toute personne qui en souffre. C'est un véritable travail sur soi, mais qui permet de travailler aussi bien sur la cause du trouble alimentaire (traumatisme passé, image de soi) que sur les problématiques associées (manque de confiance en soi, compulsion alimentaire, culpabilité).

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Le travail du thérapeute sera d'abord d'établir un lien thérapeutique avec le/la patient(e), puis de soigner les empreintes émotionnelles, tout en éliminant les croyances dévalorisantes et schémas de pensées inadaptés. Le travail consistera aussi à rétablir une sécurité relationnelle en aidant dans le même temps la personne à retrouver confiance en soi et estime de soi et à gagner en autonomie. Il est aussi indispensable de travailler sur l'image de soi.

Un suivi psychologique est recommandé, pouvant être complété par des séances d'hypnose, qui permettront d'éliminer les schémas de pensées inadaptés. L'hypnose seule ne suffira pas mais cela est possible via les techniques du praticien comme dans l'hypnothérapie "intégrative" qui est une thérapie à part entière très efficace pour traiter de type de trouble permettant de travailler sur plusieurs niveaux inconscients pour aller à la source du problème en procédant également à une restructuration cognitive.

Les TCC (thérapies comportementales et cognitives) sont complémentaires à une approche plus ciblée pour traiter les troubles du comportement alimentaire. Mais l'important est que le patient reçoive un suivi qui lui convienne au mieux. En cas de trouble associés, tel que dépression ou anxiété, un suivi médicamenteux complémentaire pourra aussi être proposé. Il est parfois d’ailleurs nécessaire de travailler d’abord sur l’anxiété ou la dépression avant même de travailler sur le trouble alimentaire, chaque cas est différent et l’hypnothérapie intégrative est encore une fois très bénéfique si le thérapeute utilise les techniques avancées d’exploration sur le psychisme.

Photos : Unsplash

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