Comment s'explique une attirance pour les deux sexes ?

Notre cerveau est-il conditionné pour aimer les hommes, les femmes ou tous les genres ? Pour le savoir, une équipe a étudié grâce à l'IRM les mouvements du cerveau en montrant à des hommes hétérosexuels, homosexuels ou bisexuels des images érotiques d'hommes et de femmes.

Les équipes, constituées de chercheurs de Magdeburg (Allemagne) et de Northwestern (États-Unis) ont découvert que, dans tous les cas, c'est la zone dite du striatum ventral qui semblait déterminer l'envie sexuelle. C'est d'ailleurs cette zone qui centralise tous les désirs : nourriture, alcool, tabac, relations sexuelles... Pas étonnant, donc, que le désir sexuel s'y trouve. En revanche, les chercheurs ont réussi à faire "parler" cette zone pour voir ses réactions face à des personnes de sexe différent.

Afin de voir comment notre cerveau déterminait notre orientation sexuelle, les chercheurs ont passé aux volontaires des vidéos érotiques d'hommes et de femmes. L'activité de la zone du striatum ventral était à chaque fois mesurée, et des questions étaient posées aux participants à propos de leur niveau d'excitation.

Les chercheurs ont pu noter que les niveaux d'excitation sexuelle relevés sur le striatum correspondaient bien à ce qui était décrit lors des questionnaires : ainsi, plus un volontaire déclarait effectivement une excitation à la vue d'une vidéo, plus l'illumination du striatum relevée sur l'IRM était importante. Pour aller plus loin, l'équipe a créé un logiciel s'additionnant à l'IRM permettant de comparer les activités face aux stimuli masculins ou féminins, et ainsi déterminer si le cerveau avait une préférence pour les hommes, les femmes, ou égale pour chaque sexe. Le résultat s'affichait de façon numérique : positive pour les hommes, négative pour les femmes et nulle pour une attirance égale pour les deux sexes.

Les chercheurs ont ainsi pu voir que l'activité du striatum ventral chez les hommes homosexuels était plus élevée face à des photos et vidéos d'hommes que de femmes. Au contraire, chez les hommes hétérosexuels, on observait un résultat négatif, révélant ainsi une plus grande activité face aux clichés de femmes. Chez les hommes bisexuels, le logiciel donnait un résultat nul, ce qui indiquait que l'activité du striatum ventral, et donc l'attirance, était égale face aux clichés d'hommes et de femmes.

Cette étude permet d'avancer dans la compréhension du cerveau et des mécanismes de l'attirance et de l'excitation sexuelle. Depuis plusieurs années, les chercheurs s'accordent en effet sur le fait que le striatum ventral aurait la capacité de s'illuminer aussi bien face à un stimulus homme ou femme. Cependant, il semble que ce soit des freins externes qui déterminent par la suite l'attirance sexuelle chez les hommes hétérosexuels : ainsi, ils seraient rebutés inconsciemment par les signaux émis par les autres hommes, tels que la voix, l'odeur ou la pilosité.

Au contraire, chez les hommes homosexuels, le striatum ventral ne s'activerait tout simplement pas face aux femmes. Quant aux bisexuels, il semblerait qu'il n'y ait de blocage ni à un niveau ni à l'autre, le striatum ventral s'activant aussi bien face aux hommes qu'aux femmes, et n'étant pas rebuté par des signaux extérieurs génériques.

Cette étude permet également de tordre le cou à des idées reçues toujours tenaces. Ainsi, si cela provient de notre cerveau, il n'y a rien dans notre éducation qui détermine notre orientation sexuelle future. Les études menées depuis de nombreuses années sur l'attirance sexuelle montrent aussi que nos préférences sont, curieusement, souvent dues à des critères qui freinent (comme la voix ou la pilosité des autres hommes dans le cas des hétérosexuels) plutôt que de critères positifs.

Photos : Shutterstock

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