Consulter en familles : quels bénéfices ?

Il est certain que consulter en famille n'est pas dans nos habitudes en France. Des raisons multiples sont à l'origine de ce constat et la principale tient probablement au caractère très personnel, et souvent intime, de la souffrance psychique.

Il semble dés lors tout à fait logique de traiter la souffrance au niveau où elle se manifeste et de nombreuses démarches thérapeutiques individuelles se sont développées sur cette logique pour aider avec succès la personne qui souffre.

Un autre constat tout aussi intéressant est que, lorsqu'un des membres de la famille va mieux, un autre subitement va moins bien ou alors, parfois, toute la famille va beaucoup mieux.

Comment l'expliquer ?

Ce que nous ressentons est, bien sûr, lié à nous, à notre histoire, mais pas uniquement. Le contexte dans lequel nous sommes joue lui aussi un rôle non négligeable dans ce que nous ressentons. Pour reprendre ce que disait Mony Elkaïm, une des figures majeures de la thérapie familiale en Europe : « ce que nous ressentons est lié à nous mais n'est pas réductible à nous » (1)

M. Elkaïm disait également que ce que nous ressentons est à « l'intersection de ce que nous sommes et du contexte dans lequel nous nous trouvons » (1). Parmi les différents contextes dans lesquels nous évoluons tout au long de notre vie, le contexte familial tient une place à part, notamment en raison de sa dimension affective très prégnante.

Une des conséquences de cette idée, si on l'accepte, est que nous sommes des êtres de relation. Ce sont donc les relations, en particulier les relations au sein du contexte familial, qui nous construisent et nous font grandir et peuvent aussi, malheureusement, nous faire souffrir.

Il vous est peut être déjà arrivé de vous sentir « agi » par un scenario qui s'est mis en place dans votre famille, scenario vous attribuant, à vous ainsi qu'à chacun des membres de votre famille, un rôle particulier, plus ou moins agréable et valorisant.

Vous avez pu aussi observer que certains scenarii ont tendance à se répéter à tel point que, même quand le rôle qui nous est attribué par le scenario familial nous fait souffrir, nous éprouvons ce sentiment, extrêmement pénible, qu'une force nous empêche d'en sortir.

Cette force ressemble, par certains côtés, à la force magnétique émise par les aimants. Elle correspond à ce que certains thérapeutes familiaux, issus de l'école de Palo Alto, désignent sous le nom, d'« homéostasie du système familial » (2).

Bien, me direz-vous, mais en quoi cette façon de voir les choses pourrait-elle m'amener à consulter en famille, pour une difficulté qui ne concerne qu'un de ses membres ?

Pourquoi ne pas essayer, ne serait-ce qu'une seule fois ? Certes pendant les premières minutes chacun hésite et se demande qui va prendre la parole. Cela n'est pas toujours très confortable mais, à vrai dire, est-on à l'aise les premières minutes d'une thérapie individuelle ?

Bien entendu, il est essentiel que le thérapeute soit formé à cette approche, et qu'il ait cette capacité à réguler les échanges entre les membres de la famille.

Lorsque cette condition est remplie, il n'est pas rare que chacun se sente suffisamment en sécurité pour dire des choses ou relater des événements familiaux qui vont venir éclairer d'une façon nouvelle ce que chacun vit au sein de la famille. Et ce nouvel éclairage pourra aider chacun à mieux comprendre l'autre et en particulier l'enfant, l'adolescent ou l'adulte qui est en souffrance.

Finalement, il arrive parfois que la famille toute entière change de scenario, et que ceux de ses membres qui en font le choix, sortent du rôle dans lequel ils étaient coincés. Car même s'il nous arrive de l'oublier nous avons toujours cette liberté « d'agir sur ce qui nous agit. » (1)

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