De l’amour sous conditions à l’amour inconditionnel
Comment s’aimer de façon inconditionnelle et se connecter à ses parts d’ombre...

Comment s’aimer de façon inconditionnelle et se connecter à ses parts d’ombre quand notre éducation nous a promis que le bon comportement à adopter pour être quelqu’un de bien était de se conformer, d’être sage et obéissant ?
Au pays des gentilles, dociles et parfaites filles (parce que c'est comme ça qu'on les aime)...
Ne dit-on pas que c'est en forgeant qu'on devient forgeron ? Ben moi, je me suis dit qu'à force de vouloir être gentille, docile et parfaite, je finirai vraiment par l'être.
J'ai donc appris dans mon pays à être une gentille fille parce que par ici, on n'aime pas les méchantes. Donc, la méchante en moi, je l'ai mise au placard fermé, verrouillé parce que ici, ce n'est pas bien de la montrer. Mais alors pas du tout.
C'est pourquoi je me suis prise pour une gentille, docile et parfaite fille. Je me suis prise aussi pour superwoman qui règle illico presto, tous les problèmes des autres. Je me suis prise pour une fée du logis qui astique tout sur son passage, rien ne traîne même pas un grain de poussière, tout est javellisé, aseptisé, rien ne dépasse. Je me suis prise pour une princesse irréprochable parce que par chez nous, ça fait bien d'être une femme parfaite, mariée à un prince, servi par sa serviable princesse.
Oh, que lis-je : "La femme parfaite est une connasse. Quoi ? M'aurait-on menti ?"
Mais, je fais comment avec la méchante mise au placard, parce que moi, je ne veux pas être "une connasse", je veux juste être aimée et ne pas faire de vagues, parce que dans mon pays, c'est comme ça que j'ai appris.
Je me prends pour ce que je ne suis pas mais je croyais qu'à force de travailler dur j'allais être récompensée dans le futur. Et je vois bien que ça ne marche pas, la méchante, elle n'arrête pas de frapper à la porte du placard. Elle me fait mal au crâne. Quoi ? Elle veut me parler ? Non, non, je ne veux pas l'écouter ! Par ici, on n'aime pas les méchantes filles. Tais-toi, reste dans ton placard, tu es méchante et je ne veux surtout pas te voir. Sale sauvage ! Par chez moi, on aime que les filles discrètes et dociles. Et, moi, je veux qu'on m'aime.
- Ben oui, dans ton pays, on t'aimera ma fille mais sous conditions.
Oh, l'imposture ! On m'aurait donc menti, dans mon pays, la méchante ne serait pas si méchante que ça ?
- Non, elle est ton alliée pour t'aider à te dé/chaîner.
Et la liberté, ça s'apprend aussi ? Et ça m'apporte quoi la liberté si on ne m'aime pas dans mon pays ?
- Moins de fatigue et moins de migraines, et surtout moins de lourdeur au coeur qui plombe ta bonne humeur. Tu n'as plus qu'à faire ce qu'il te plaît et à bien t'amuser, ma fille ! Et surtout évite ceux qui se prennent pour des princes charmants parce qu'ils n'existent pas dans la vraie vie et surtout, ils te font beaucoup pleurer.
Et l'amour pour de vrai, ça existe ?
- À toi, d'être vraie. Mais pour y arriver, ça te demandera du courage et de l'audace pour te confronter à la méchante que tu as muselée pendant tant d'années. Bonne chance à toi, ma fille mal aimée.
Pars maintenant ma fille. Pars à la découverte de la femme sauvage qui est en toi. Elle n'est ni méchante ni gentille, elle est juste vivante. Tout l'émerveille et l'inspire. Elle meurt à hier pour renaître à aujourd'hui puisque c'est ici et maintenant, la vraie vie.
Laurence Traineau, "Au pays des gentilles filles", 31 août 2017.
Photos : Shutterstock
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