​Dire ses émotions ou les vivre, quelle différence ?

Parler de ses émotions négatives, est le signe que l'on vit l'instant Présent. Au contraire, Vivre ses émotions négatives est le signe que l'on vit dans le passé ou dans le futur.

18 JANV. 2017 · Lecture : min.
​Dire ses émotions ou les vivre, quelle différence ?

Il est vrai que pour donner la vie à quelque chose ou à quelqu'un il faut la nommer. Dans la Bible, dès le 3ème verset du premier livre (la Genèse) « Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. » montre bien à quel point dans l'inconscient collectif de nos sociétés occidentales, la parole est symboliquement créative.

La PNL base la gestion des émotions par le travail sur les pensées. Pour cela, trois points d'accès sont à la disposition de tous : les représentations mentales (perceptions, images mentales, représentation du monde…), le langage du corps (posture, respiration, énergie, regard…) et le langage des mots.

Au vu du sujet à développer, nous allons nous intéresser au langage des mots : le faire de dire, de parler, de jongler avec les mots. Pour cela, encore faut-il que les mots soient juste et pas emberlificotés dans des nœuds de contre-sens, d'incompréhension, d'approximation, ce qui créerait une barrière d'incompréhension qui s'ajouterait à toutes celle présentes dans la communication avec les autres mais aussi avec soi-même.

Lors de mes séances, lorsque je demande à mes patients pour la première fois de me parler de leurs émotions ils se font une représentation mentale (souvenir visuel, une voix, un souvenir d'une sensation, d'une souffrance…) et sans s'en rendre compte, ils mettent en place un engrenage bien huilé qu'ils ont mis en place dans le passé et répétés sans s'en rendre compte des dizaines, parfois des centaines de fois. La seconde étape est l'arrivée de l'émotion. Elle jaillit comme la lave d'un volcan en éruption, ça brûle, parfois ça pique ou même c'est lourd. Chacun le vit à sa manière. Ça y est, ils vivent l'émotion. Rien d'anormal jusqu'ici. J'ai lancé un mot « émotions » qu'ils ont traduit et avec lequel ils ont fait des liens avec des moments qu'ils ont vécus ou qu'ils vivent. Chacun va se faire sa représentation de ce mot fort.

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Pourquoi ne pas choisir des émotions positives ?

J'avoue que les enfants ont plus de facilités à me répondre quelque chose dans ce genre « hier au foot j'ai marqué un but et j'étais heureux ». C'est alors que je peux déduire qu'ils se focalisent sur le positif dans leur vie.

Mais là où j'entends chez certains « heureux, joie, amour, paix… », d'autres me répondront « peur, stress, tristesse… ». Grâce à cette simple question vous pouvez donc savoir QUAND vous vivez. Sur une frise chronologique représentant votre passé, votre présent et votre futur, vous vivez où maintenant ? Dans le passé ? Le présent ? Le futur ?

Tant que vous vous situez autre part que dans le présent, il vous sera impossible de parler de vos émotions sans les revivre car la prise de recul n'est possible que dans le présent.

Mais pourquoi ? Me direz-vous. Parce que vous ne pouvez vous occuper de votre bien-être que dans le présent, en prenant votre temps, en allant à votre rythme, en vous focalisant sur vos besoins votre équilibre. C'est ça prendre du recul. C'est regarder de plus loin, de plus haut, d'un endroit où je me sens bien. Je suis bien installé dans ma salle de cinéma dans le confort de mon sièges rouge et je me repasse des épisodes de ma vie. Je les observe. Je parle de ce que je vois. Je décris les images, les personnages à une tierce personne qui n'a pas vu le film (car elle n'est pas dans ma tête). Je ne me laisse pas happer par le film. Je peux faire pause, rembobiner, mettre plus clair, plus de couleurs etc… J'analyse bien confortablement en mettant l'image du film plus petite si j'ai peur ou plus floue, je peux me mettre au dernier rang ou dans la salle de projection ou encore couper le son. Tout m'est possible car je suis « en dehors ». C'est la position la plus saine pour parler de ses émotions (ou d'un évènement). Je dis bien « Parler » (et non « vivre »). Vous pouvez ainsi éviter de faire revenir les peurs ou la tristesse de votre passé dans votre présent.

Pourquoi votre cerveau vous pousse à ramener tout ce mal-être dans le présent et à le revivre en boucle ? Parce qu'il a besoin d'apprendre. Votre cerveau a reçu un message : celui de la souffrance générée par vos émotions au moment où vous avez vécu cet évènement. « Comment faire pour ne plus souffrir ainsi ? » vous demande-t-il. Il vous envoie une demande d'apprentissage. Mais en restant figé sur la souffrance, vous tournez en rond paralysé tel une biche apeurée au milieu de la route. Ce n'est donc pas dans un état émotionnel que vous allez pouvoir résoudre votre problème d'apprentissage car vous êtes comme une enfant qui a un trouble de l'attention : vous regardez les oiseaux, jouez avec des ciseaux, bavardez en classe mais ne résolvez pas le problème qui vous est proposé au tableau. La prise de recul est une question d'assurance et de discipline.

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Une fois que vous devenez observateur/analyste, vous pouvez parler de vos émotions : je vois (dans le « film ») que ça fait froid, ça fait un trou dans ma poitrine, ça fait mal au personnage… Les thermes je vois, je me souviens et le temps auquel vous vous exprimez comptent beaucoup dans la construction du début de vos phrases.

Bien-sûr, il est tout à fait possible de vivre vos émotions que vous avez peut-être refoulées, que vous ne vous êtes pas permis de ressentir, etc. C'est peut-être même un besoin que vous avez ? Vous seul avez la réponse à cette question. Mais l'enjeux n'est pas là, il est dans le fait de maîtriser le fait de vivre vos émotions ou d'en parler. De bien faire la différence et de comprendre la nécessite de ne pas être esclave du mode dans lequel on se met : acteur ou réalisateur du film ? Il faut les deux pour faire un bon film plein de sens mais l'acteur n'impose pas les émotions qu'il veut jouer au réalisateur. C'est un travail de fond, de discipline, de prise de recul, d'analyse, d'observation… mais c'est avant tout un travail d'humilité qui demande de ranger son égo de côté. L'égo c'est le gros producteur hollywoodien qui va transformer (de par son arrogance et son orgueil) un joli petit bijou (dont la créativité est libre) en grosse machine à fric (pleine de schémas préconçus, acceptés par la société, aseptisé, lisse et sans authenticité).

Le courage de faire face et de prendre en main des émotions ou problèmes qui nous dépassaient jusque-là, voilà une noble qualité. Il est rare que le courage et l'humilité soient des qualités présentes dans une même personne. Pourtant, qu'est-ce que le courage si l'on n'a pas l'humilité d'accepter et de voir ses besoins, ses faiblesses, l'aide dont on a besoin ? Sans humilité, l'idée même du changement ne vous viendrait pas à l'esprit. L'humble voit plus loin à l'intérieur de lui et des autres te le courageux met en œuvre le travail à effectuer. Il y a donc cette dimension de prise de conscience, d'ouverture, d'écoute de soi et d'action !

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Diane Scerri

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