Épuisement professionnel : comprendre le mécanisme du burn-out pour l’éviter (ou vous en sortir à temps !)

Banalisé, le burn-out a perdu son sens. Pourtant, l’épuisement professionnel est un fléau bien réel. Identifiez le piège peut vous éviter de tomber dedans !

19 OCT. 2022 · Lecture : min.
Épuisement professionnel

Aujourd'hui galvaudé, le burn-out évoque à l'origine une réalité bien spécifique au monde de l'entreprise, et toujours d'actualité. Car bien que les sociétés soient responsables de la sécurité physique et psychologique de leurs employés, ce syndrome de l'épuisement professionnel touche de plus en plus de salariés.

Je vous propose de mieux comprendre la mécanique du burn-out. Ce processus lent qui empêche des personnes aussi compétentes qu'investies dans leur métier de respecter leurs propres limites et de se prémunir d'un surmenage tel que leur corps finira par mettre un terme à leur détresse psychique. En cernant les enjeux sous-jacents, vous pouvez enrayer ce cercle vicieux avant qu'il ne soit trop tard. Si vous vous trouvez en situation de souffrance au travail ou éprouvez des difficultés à dire « stop » malgré votre fatigue, alors cet article est pour vous !

La mécanique du burn-out : quand notre adaptabilité devient un piège

Face à une situation nouvelle comme un changement d'organisation, de poste, ou une surcharge de travail, nous devons tous nous adapter. Pour ce faire, nous mettons en place les solutions qui nous paraissent les plus pertinentes à ce changement de paradigme. La plupart du temps, nous trouvons des stratégies adaptées et passons le cap sans trop de dégâts et parvenons même à profiter des bons côtés de notre nouvelle réalité.

Cependant, parfois une réponse qui nous semblait pourtant appropriée, ayant déjà fait ses preuves lors d'une occurrence similaire, ne fonctionne pas. C'est le moment où notre expérience et notre volonté d'adaptation se retournent contre nous.

Cette difficulté d'adaptation va devenir la base de l'épuisement professionnel. Le burn-out n'arrive pas du jour au lendemain, c'est le fruit d'un processus lent.

Cependant, certains signes peuvent nous permettre de repérer l'installation de ce cercle vicieux, pour nous-mêmes ou chez un proche. Nous vivons dans une suractivité quasi constante, souvent accompagnée d'une fatigue intense. Nous ne comptons plus ses heures, continuons de ruminer sur les dossiers le week-end, et même lorsque nous cessons enfin de travailler, nous n'arrivons plus à nous reposer. À cela s'ajoute une forme de cynisme vis-à-vis du travail, voire de la vie en général, et un sentiment de dévalorisation professionnelle.

Derrière ces réactions qui abîment l'image que nous avons de nous-mêmes se cache une émotion fondamentale : la peur. Celle du jugement notamment : nous redoutons de décevoir notre entourage, nos collègues, notre hiérarchie. Et cela nous incite à en faire « toujours plus ».

Sur l'importance de la peur dans nos réactions, je vous renvoie vers mon dernier article sur les émotions en jeu dans le déséquilibre vie professionnelle-vie privée : https://www.psychologue.net/articles/desequilibre-perso-boulot-identifiez-les-emotions-en-jeu-pour-changer-la-donne

Pour nous rassurer, nous allons alors une addiction à l'action qui nous permet provisoirement de ne plus ressentir notre fragilité. Cela vient renforcer notre croyance qu'en faire davantage nous permettra de reprendre le contrôle de la situation et de nous sentir de nouveau bien.

Nos proches sont souvent les premiers à se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond. Souvent, ils essaient de nous alerter et de nous guider. « Lève le pied », « prends du recul », « ce n'est qu'un boulot ». Paradoxalement, ces conseils pleins de bon sens ne font qu'empirer la situation, car ils confirment notre impression de ne pas être à la hauteur. Et notre hantise de l'incompétence nous pousse, une fois encore, à en faire toujours plus.

Comment éviter le piège du burn-out ou s'en sortir ?

1.Identifier le piège

Certains signaux faibles peuvent nous mettre la puce à l'oreille. Voici quelques questions qui peuvent vous servir d'autodépistage :

  • Vous ressentez-vous de plus en plus de fatigue ?
  • Avez-vous le sentiment que votre travail ne reçoit pas la reconnaissance qu'il mérite malgré vos efforts répétés ?
  • Accumulez-vous les heures supplémentaires ?
  • Rapportez-vous du travail à la maison ?
  • Avez-vous du mal à « décrocher » en rentrant ?
  • Vous paraît-il impossible de vous reposer ?
  • Vous montrez-vous cynique ou pessimiste quant à votre poste ?
  • Éprouvez-vous moins de plaisir, voire plus du tout, à vous rendre au travail et retrouver vos collègues le matin ?

2.Accepter de demander de l'aide

Face à une telle situation de perte d'énergie et de sens, il convient ensuite d'admettre que « c'est OK de ne pas tout réussir » et que savoir demander de l'aide n'est pas une faiblesse.

Alors, bien sûr, c'est facile à dire, mais y arriver est une autre paire de manches. Si vous vous reconnaissez dans cet article et avez répondu « oui » sans équivoque à certaines des questions ci-dessus, je ne peux que vous conseiller de vous tourner vers une aide professionnelle.

3.Enrayer le mécanisme avant que le piège ne se referme

Vous pourriez pour cela vous interroger sur les points suivants :

  • De quelle autre manière pourriez-vous gérer cette situation ?
  • Pourriez-vous dire non ? À quoi, à qui, et comment ?
  • Pourriez-vous demander l'aide d'un collaborateur ou déléguer complètement certaines tâches ou missions ?

Et derrière ces questions pragmatiques, s'en cache de plus fondamentales :

  • Qu'est-ce qui vous fait vraiment plaisir dans votre travail ?
  • Sur quoi pouvez-vous vous appuyer pour garder du sens ?

Gardez à l'esprit que le problème ne se résoudra pas de lui-même. Dans le cercle vicieux du burn-out, votre expérience et votre compétence même jouent contre vous, elles vous incitent à déployer une énergie folle pour appliquer des solutions qui ne sont pas adaptées. N'attendez pas que le piège se referme pour réagir. Et souvenez-vous que demander de l'aide n'est pas un aveu de faiblesse, bien au contraire !

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Barbara Liano

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Bibliographie

  • Quand le travail fait mal, Claude de Scoraille, Olivier Brosseau et Grégoire Vitry, InterEditions, 2017

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