Etat de stress post traumatique : L’utilité de l’Hypnose et de l’EMDR

Qu'est-ce qu'un état de stress post traumatique (ou ESPT) ? Comment s'en libérer ? Cet article vous dévoilera deux types de thérapies qui ont un effet positif sur l'ESPT.

17 FÉVR. 2023 · Lecture : min.
Etat de stress post traumatique : L’utilité de l’Hypnose et de l’EMDR

De nos jours, on entend de plus en plus parler du terme de traumatisme. Chaque personne en a déjà eu l'expérience au moins une fois. Lorsqu'on entend traumatisme, on va plutôt penser à un viol, à des souvenirs de guerre, ou tout autre événement extrêmement dur à vivre. Cependant, un traumatisme peut également survenir lors d'une rupture, d'un accident de voiture, d'une expérience vécue en classe… Parfois, ce traumatisme est si important qu'il entraîne des symptômes qui peuvent être désobligeants pour l'individu concerné. Ces symptômes peuvent amener à ce qu'on appelle un « état de stress post traumatique » ou ESPT. Nous détaillerons ici ce qu'est un ESPT et nous évoquerons deux méthodes pouvant être utile pour s'en libérer.

Qu'est ce qu'un état de stress post traumatique ?

Dans un cas d'état de stress post-traumatique, la personne va avoir une réponse différée, ou prolongée, à un événement traumatogène, provoquant des symptômes de détresse violents. L'événement traumatogène représente une situation qui expose un individu à sa propre vulnérabilité et donc, mortalité. Cette personne ressentira une menace de mort intense et imminente et/ou un sentiment d'atteinte à l'intégrité physique de soi ou d'autrui. Cet événement engendre un vécu d'impuissance et de résignation de par son caractère incontrôlable et imprévisible. Il mène à une conséquence difficilement acceptable, voire rejetée par l'individu qui pense ne pas avoir les capacités pour passer outre. Cet événement peut parfois être si violent qu'il perturbera la personne dans ses convictions les plus profondes.

A cause de l'imprévisibilité de la situation, l'individu se retrouvera dans l'impossibilité d'établir un lien de cause à effet, rendant ainsi obsolètes toutes stratégies de coping. Ces stratégies font référence à la capacité qu'un individu a à faire face au danger ou à une situation dangereuse. Dans le cas d'un événement traumatogène, l'imprévisibilité fait que ses mécanismes n'ont pas le temps d'être mis en place, d'où l'impuissance ressentie par l'individu. Cet événement traumatogène est donc extrêmement stressant et il peut engendrer les symptômes suivants sur le moment :

  • Réaction de sidération (la personne se retrouve figée) ou de panique avec une fuite effrénée sans considération du danger.
  • Dissociation péritraumatique avec détachement émotionnel, réduction de la conscience de l'environnement, et altération de la perception de soi et du monde.

Comme expliqué auparavant, les symptômes de l'ESPT arriveront après l'événement traumatogène. On parle d'ESPT aigu lorsque les symptômes apparaissent en dessous de 3 mois ; d'ESPT chronique lorsque les symptômes apparaissent à 3 mois ou plus et d'ESPT à survenue différée lorsqu'il y a un décalage de 6 mois entre l'événement et l'apparition des symptômes. Les symptômes retrouvés sont les suivants :

  • -Une sensation de honte et de dégoût mélangé à de la tristesse et de la colère face à l'incapacité à gérer la situation
  • -Des troubles de l'attention, des troubles de mémoire et des troubles du sommeil
  • -Des conduites d'évitement de la situation traumatogène
  • -Une anesthésie émotionnelle avec altération de la perception du monde et de soi

Dans certains cas, les symptômes disparaîtront d'eux-mêmes avec le temps. Dans d'autres, une thérapie sera nécessaire pour se libérer des symptômes envahissants. Tout dépend de la gravité de l'événement traumatogène et de comment la personne arrive à le gérer par elle-même.

L'EMDR, c'est quoi et pourquoi ?

Il existe différentes manières de ne plus être en état de stress post-traumatique. Nous nous intéresserons dans un premier temps à la méthode EMDR (Eye Movement Desensibilisation and Reprocessing). Le but principal de l'EMDR est de diminuer la charge émotionnelle associée à un souvenir traumatique. Ce traumatisme ne sera pas oublié, mais plutôt accepté par la personne qui aura pu intégrer l'événement passé et le dépasser. Dans l'EMDR, on se base sur le fait que le souvenir de l'événement traumatique n'a pas pu, de par sa violence, être traité par le cortex. Au contraire, parce qu'il est survenu sans prévenir, cet événement a surinvesti le cerveau émotionnel. L'apparition de symptômes montre la tentative de notre psyché de résoudre le trauma, sans en comprendre réellement la cause. La méthode EMDR permet donc de recréer une connexion entre l'émotion et le cortex rationnel afin de surpasser le traumatisme. De ce fait, l'EMDR va en fait modifier les croyances et les comportements non voulus d'une personne afin de faciliter la prise de conscience.

Lors d'une séance d'EMDR, le patient va replonger dans le souvenir traumatisant pendant que le thérapeute provoquera, périodiquement, une stimulation sensorielle. Cette dernière peut être visuelle, tactile ou sonore. Le plus souvent, la méthode visuelle sera privilégiée avec le thérapeute déplaçant sa main devant le visage de l'individu afin de créer un mouvement oculaire. Ce mouvement sert à recréer l'état de sommeil paradoxal que l'on a généralement lorsqu'on rêve. Ce moment de sommeil paradoxal est connu pour permettre de consolider la mémoire car c'est le moment où les connexions neuronales sont formées, permettant ainsi de traiter les informations de la veille.

Stress post traumatique

Dans l'EMDR, la création de cet état de sommeil paradoxal aide à ce que les images du trauma soient moins vivides, permettant ainsi de diminuer l'émotion qui y est attaché. C'est comme si le patient faisait un pas en arrière pour observer l'événement traumatique dans son intégralité. Grâce à cela, il pourra réévaluer la situation et mettre en scène la rationalisation plutôt que l'émotion qui l'avait envahi au départ. Pendant la séance, il sera demandé au patient de vivre pleinement la situation et de laisser venir l'émotion. Il sera accompagné par le thérapeute tout au long de sa réminiscence. En se libérant de ses émotions intenses, le patient pourra avoir une vue plus claire sur l'événement qui l'a traumatisé. On pourrait dire que l'EMDR est une thérapie permettant de faire affleurer les souvenirs traumatiques afin de les réélaborer et de les archiver. On part d'un traumatisme particulier afin de pouvoir s'en libérer.

Et l'hypnose ?

Nous ne parlerons pas ici d'hypnose de spectacle, mais d'hypnose éricksonienne. De plus, nous utiliserons les termes d'accompagnant, personne qui induit l'état hypnotique, et d'accompagné, personne qui a une problématique à résoudre. L'hypnose éricksonienne part du principe que le trauma apparaît au moment où l'individu se trouve dans un état modifié de conscience créé par un choc émotionnel dû à l'événement traumatogène.

Lors de la séance, l'accompagnant va plonger l'accompagné dans un état de transe, ou état hypnotique, lors de ce que l'on appelle la « phase d'induction ». Cette transe permet de replonger dans l'état dans lequel se trouvait l'individu lors de l'événement traumatogène. Cela lui permettra de modifier le comportement qui est resté bloqué à ce moment-là. Cet état de conscience altéré, bien que similaire à celui lié au trauma, est vécu comme plus agréable. L'hypnose sert ici à désensibiliser le trauma de la catastrophe endurée pour enlever cette impression d'impuissance vécue par l'accompagné lors du trauma. L'accompagné réexpérimentera ses souvenirs sous la forme d'images sensorielles ; qu'elles soient visuelles, tactiles, olfactives ou auditoires.

Après la phase d'induction, vient la phase d'ancrage. Ici, l'accompagné tentera de retrouver un souvenir agréable et le liera à un stimulus qui aura été décidé en avance avec l'accompagnant. Cette phase d'ancrage permettra à l'accompagné d'avoir un souvenir agréable auquel il peut accéder via un stimulus précis lorsqu'il est en état de stress ou qu'un comportement non voulu fait surface. La séance se terminera par une phase de sortie où l'accompagnant aidera l'accompagné à revenir en état de conscience en toute sécurité en passant par des paliers.

Tout au long de la séance, l'individu sera présent, il ne perdra pas le contrôle. L'accompagnant ne guide pas l'accompagné, il le suit juste dans le retracement de l'événement. L'accompagné communiquera verbalement ou par des mouvements spécifiques qui auront été décidé à l'avance. Il verbalisera ses sentiments. Le but est de revivre la situation dans cet état de conscience altéré et de « corriger » l'événement traumatogène. L'individu retrouvera la partie de lui-même qu'il a « perdu » dans le trauma et transformer sa culpabilité pour se débarrasser des symptômes associés.

En hypnose, l'individu vient afin de résoudre un problème précis. L'hypnothérapeute ne va pas chercher à creuser ou comprendre en profondeur le problème. L'accent est mis sur l'événement traumatogène est ce qui a été vécu par la personne à ce moment-là. L'accompagné vient avec un objectif ; généralement modifier un comportement spécifique, est le but de la session d'hypnose sera de modifier ce comportement ou de le faire disparaître selon la demande de l'individu.

Que choisir ?

Il a été scientifiquement prouvé que, l'EMDR, tout comme l'hypnose éricksonienne, ont des effets positifs sur l'ESPT. Le choix entre ces deux méthodes dépendra entièrement de la personne. Il n'y a pas une méthode meilleure que l'autre. Tout dépend de ce qui mettra l'individu le plus à l'aise. Il est donc conseillé, avant de faire son choix, de bien se renseigner sur les deux méthodes et sur la raison qui amène à envisager ces dernières. Dans tous les cas, une grande prudence sera de mise avant de choisir entre l'EMDR ou l'Hypnose. En effet, dans certains cas, ces deux méthodes n'auront pas d'effet ou, au contraire, auront un effet plus négatif que positif sur l'individu. Certains profils, comme par exemple une personne ayant un trouble dissociatif, ne seront pas adaptés à ces deux méthodes. Il est conseillé de rencontrer un professionnel avant de se lancer dans l'une ou l'autre des thérapies. Le mieux est de prendre son temps pour comprendre pourquoi on pense avoir besoin d'une de ces thérapies et si cela va réellement nous convenir.

PUBLICITÉ

Écrit par

Gwenael Thing-Leoh

Psychologue clinicienne spécialisée dans la psychologie interculturelle. Grâce à ma formation, je dispose d'outils que j'utilise pour vous proposer une psychothérapie adaptée qui vous permettra d'avancer et de vous épanouir pleinement.Dans ma pratique je me base sur une approche humaniste et psychanalytique.

Voir profil

Bibliographie

  • Kingsbury, S. J. (1988). Hypnosis in the treatment of posttraumatic stress disorder: An isomorphic intervention. American Journal of Clinical Hypnosis, 31(2), 81-90.
  • Logie, R. (2014). EMDR—more than just a therapy for PTSD. The Psychologist, 27(7), 512-516.
  • Molenda, S. Y. L. V. I. E. (2009). L'état de stress post-traumatique et ses troubles associés. Rev Francophone Stress Trauma, 9, 205-209.
  • Rosatti, P. (1997). Etat de stress post-traumatique Définition, revue de la littérature et problèmes juridiques. Douleur et analgésie, 10, 101-108.
  • Seidler, G. H., & Wagner, F. E. (2006). Comparing the efficacy of EMDR and trauma-focused cognitive-behavioral therapy in the treatment of PTSD: a meta-analytic study. Psychological medicine, 36(11), 1515-1522.
  • Spiegel, D. (2001). Hypnosis, dissociation and trauma. International handbook of clinical hypnosis, 143-158.

Laissez un commentaire

PUBLICITÉ

derniers articles sur emdr

PUBLICITÉ