Hypnose et résistance

Il m’arrive en particulier en sexothérapie mais pas que, de rencontrer des personnes pour qui, se mettre en état d’hypnose, est profondément insupportable...

30 NOV. 2018 · Lecture : min.
Hypnose et résistance

Il m’arrive en particulier en sexothérapie mais pas que, de rencontrer des personnes pour qui, se mettre en état d’hypnose, les yeux fermés, comme dans un lâcher prise, est profondément insupportable, inconfortable.

Est-ce une question de réceptivité ?

Serait-ce qu’elles ne seraient pas réceptives alors même que l’hypnose est connue comme étant un état naturel dans lequel toute personne se plonge plusieurs fois par jour ? Serait-ce qu’elles feraient de la résistance comme si elles ne devaient s’en prendre qu’à elles-mêmes de ne pas entrer en hypnose ?

L’hypnothérapeute que je suis pourrait être désarçonné par ces personnes si je pensais qu’elles font tout pour m’empêcher de bien travailler.

Et pourtant, il me semble que parfois, cette réaction de la part de ces personnes est plutôt saine, salutaire. Je pense à telle personne n’arrivant pas à fermer les yeux comme si cela la mettait à la merci du thérapeute. Ce qui se comprenait après le viol dont elle avait été victime. Ne pas fermer les yeux, c’était veiller à elle, se protéger d’éventuelles agressions.

Comme nous l’avons appris en hypnose éricksonnienne : tout peut être utilisé à bon escient.

Justement, cette personne (et ce n’est pas la seule) qui regrettait de ne pouvoir accéder ainsi à cet état d’hypnose, a été rassurée en comprenant que ce n’était pas « handicapant » pour la thérapie et qu’elle avait même sûrement réagi de façon saine pour aujourd’hui. Cela ne signifiait pas qu’un autre jour cela lui serait impossible de vivre cette expérience hypnotique.

Je pense aussi à cette autre personne qui, tout en fermant les yeux, a vite été énervée par mes suggestions. Elle développait comme une méfiance vis-à-vis des autres, suite à des blessures relationnelles profondes. Se mettre dans cette situation qu’elle ressentait comme de la vulnérabilité lui était profondément insécurisant.

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Souplesse, compréhension et respect

Le travail thérapeutique a pu se poursuivre en prenant appui sur cette réaction à l’hypnose telle qu’elle la vivait. J’ai simplement continué en hypnose conversationnelle. Elle se disait  incapable d’imaginer telle chose durant une séance d’hypnose classique et en fait, dans cette rencontre, les yeux ouverts, elle est devenue libre de me parler en images. Parce que les yeux ouverts, elle se sentait en sécurité.

J’ai souvent constaté que de respecter et de permettre à la personne accueillie en cabinet, de réagir comme elle pouvait sur le moment, était libérant pour elle comme pour le thérapeute que je suis.

À nous, thérapeutes, de faire preuve de souplesse. Ce qui est le cas, le plus souvent, je crois.

Ce n’est donc pas que l’hypnose marcherait ou pas pour certaines personnes. Comme s’il y avait des personnes réceptives et d’autres pas, des personnes disposées et d’autres résistantes. Comme s’il y avait des personnes trop nerveuses pour entrer en hypnose ou trop dans le contrôle. Tout peut être respecté. Tout peut être utilisé pour le bien de la personne.  Et puis, le temps des uns n’est peut-être pas celui des autres.

Puisque l’hypnose ouvre un espace de liberté en cet inconscient si riche en ressources, alors, sachons être libres aussi dans l’utilisation et l’accueil de l’hypnose. En fait, tout est question de relation humaine, même et surtout en thérapie.

Photos : Unsplash

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Écrit par

Jean-Luc Kerdraon

Le point commun à tout son parcours : la rencontre des personnes, l’ouverture à des univers différents, le croisement des savoirs. Une seule approche : Ecouter en vous l’écho de vos paroles, de vos silences, comme de vos émotions, pour mieux m’adapter à la personne que vous êtes. Chaque année, il enrichit le champ de sa pratique par de nouvelles formations complémentaires.

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