Je me donne le droit ...

Avez-vous remarqué comme il est difficile de se donner le droit ? Qu'est-ce qui nous en empêche ? Cet article évoque le sentiment d'obligation, la culpabilité et la notion de responsabilité.

18 JUIN 2019 · Lecture : min.
Je me donne le droit ...

Avez-vous remarqué comme il est difficile de se donner le droit ? Cela peut-être le droit d'être vrai, de réussir quand d'autres échouent, de ressentir, de prendre soin de soi avant de prendre soin des autres, d'être en colère, …

Depuis l'enfance, on nous le dit, tu n'as pas le droit de parler si on ne te donne pas la parole. Tu n'as pas le droit de t'amuser quand tu veux, de manger ce que tu veux, de rire en tout lieu, de crier, d'avoir mal, de pleurer, de te mettre en colère, d'essayer quelque chose de périlleux, de dire que tu t'ennuies chez mamie ou que tu en as assez de.…

Cela commence à changer, mais il y a encore beaucoup à faire.

Le diktat du « il faut »

Il faut obéir. Il faut se plier aux règles qui régentent tout. Il faut oublier ce que l'on désire vraiment, nos besoins primaires et nos sensations physiques. Où est notre espace personnel. C'était quand la dernière fois où on s'est donné le droit de faire ce qu'on avait vraiment envie de faire ?

A force d'obéir, on perd le contact avec soi, on se perd.

Et dès que l'on veut revenir à soi, on culpabilise. On culpabilise d'écouter son corps qui réclame du repos alors qu'il y a encore tant à faire à la maison. On culpabilise de faire une balade au lieu d'aller visiter notre mère qui a l'Alzheimer. On culpabilise d'avoir des limites et de mettre une fessée à notre enfant parce qu'on ne sait plus quoi faire d'autre. On culpabilise d'avoir regardé le film au lieu d'avoir fait un gâteau maison pour la fête des voisins. On culpabilise d'avoir acheté le dernier i-phone ou le petit top trop cool alors qu'on sait qu'on va avoir de la peine à payer la facture d'électricité…

On passe donc notre temps à culpabiliser. Et comme les autres en sont conscients, certains en profitent pour nous solliciter à outrance. Si tu ne sais pas dire non, tu te feras demander souvent et beaucoup plus que si tu sais dire non.

La bienséance de la culpabilité

Nous nous sentons coupable lorsque nous agissons à l'encontre du système de valeurs qui nous habitent. C'est bien le nôtre.

Notre système de valeur, c'est l'ensemble des notions venant de tout ce qui nous entoure (gouvernement, famille, école, religion, pubs, mœurs …) et que l'on tient pour vrai, que l'on a accepté pour vrai à un moment donné de notre vie.

Ce que nous avons fait, nous avons le pouvoir de le défaire.

En général, on se sent coupable parce que nous croyons que :

  • si quelqu'un (moi ou un autre) se sent coupable, il ne recommencera pas. Avez-vous vraiment constaté que lorsque vous vous sentez coupable, cela vous empêche de le refaire. Rares sont les personnes qui trompent leur conjoint sans culpabiliser. Est-ce que cela les empêche de recommencer ? Non, il arrive toujours un moment où ils cèdent à leur attirance ou à leur pulsion sexuelle.
  • cela fait de nous une meilleure personne. Voulez-vous vraiment croire que celui qui culpabilise le plus est le meilleur d'entre nous ?

Les culpabilités les plus tenaces viennent du fait qu'on en veut encore à quelqu'un pour un événement du passé.

Ainsi, admettons que l'un de mes parents a trompé l'autre et que cela a conduit au divorce. J'ai beaucoup souffert de la séparation alors je lui en veux terriblement pour ses actes. Ou encore, j'ai vu mon autre parent souffrir atrocement de la situation. Si moi-même, je viens à tromper mon mari, je vais vivre une forte culpabilité. Si au contraire, j'ai accepté le comportement de ce parent, comprenant que c'est une souffrance qui l'a conduit à tromper, je vivrais une faible culpabilité si cette situation m'arrivait. Il est probable que j'en vivrais quand même car la société condamne l'adultère. Si je vivais dans une société où la polygamie est autorisée, je ne vivrais aucune culpabilité.

Que faisons-nous lorsque nous nous jugeons coupable ? Nous nous faisons souffrir. En effet, l'humain est ainsi fait que pour se dé-culpabiliser, il doit avoir mal. On se fait arriver un accident, on se cogne, on se punit (on se flagelle) …

Autrefois, nous allions à confesse, mais hélas, cette solution n'est plus très utilisée.

Sortir de la culpabilité : se questionner

Une manière de sortir de la culpabilité est de revoir son système de valeurs. En effet, les connaissances, la société changent et nous avons sans doute besoin d'une révision.

Est-ce que je veux toujours croire que prendre une vie est mal ? Personnellement, oui. Est-ce que je veux croire que quand je vole de la nourriture au supermarché, je suis une criminelle ? Cela peut dépendre de la situation. Si je suis jury et que le voleur n'a plus aucun autre moyen de survivre, je ne pourrais pas le condamner. Est-ce que je veux encore croire que si je suis insouciante et aime faire la fête, que si je profite des opportunités pour faire carrière, que si je me laisse séduire, je suis une mauvaise personne ? Clairement non.

Mais au fin de fond de moi, je sais que j'ai le droit de faire toutes les expériences que je veux. Certaines seront agréables et d'autres non. La contrepartie, je devrai assumer toutes les conséquences de mes choix, qu'elles soient positives ou négatives. Et il y a toujours les deux types de conséquence.

Si par mon action et ma passion, j'ai du succès, je vais pouvoir avoir une vie aisée matériellement, une reconnaissance sociale, un plaisir personnel mais cela va sans doute m'exposer à la jalousie, à la cupidité, aux demandes d'aide… Si par mon action, je suis condamné(e) à la prison, je vais vivre le manque de liberté, d'espace, l'agressivité des autres, … mais cela va aussi me donner la certitude d'avoir un toit, à manger sans m'en soucier et du temps pour réfléchir, apprendre, ...

Sortir de la culpabilité : prendre sa responsabilité

Je peux me donner le droit de tout être, de tout penser, de tout dire, de tout avoir et de tout faire et de bien le vivre si je suis prêt(e) à assumer les conséquences de mes actes.

Il n'y a pas de mauvais choix dans la vie. Il y a des choix qui mènent à différentes expériences. Si je trompe mon conjoint et que je me fais pincer, suis-je prêt(e) à vivre une éventuelle séparation, à devoir m'expliquer, à être le témoin de la souffrance de l'autre, à être accusé(e) par mes enfants, à être rejeté(e) par mes amis ? Si je vole dans un magasin, suis-je prêt(e) à être malmené(e) par un agent de sécurité ou la police, devant témoin, à être condamné(e) à de la prison ou à une amende ou à une bonne leçon de moral ?

Quelque soit la règle à laquelle je désire désobéir pour aller vers mes besoins et désirs, il y a deux attitude possible. Si je sais que je peux vivre les résultats de mon choix, la culpabilité n'a pas lieu de se montrer. Je vais agir en être responsable.

À l'inverse, si je sais que je ne peux pas assumer les suites de ma décision, alors, le mieux est de m'abstenir. Cela signifie qu'une peur plus forte que mon besoin ou désir existe en moi. Tant que cette peur ne sera pas apprivoisée, je ferais au mieux pour remplir mon besoin différemment ou pour réaliser mon désir d'une autre manière. Il n'y a jamais un seul chemin.

Il se peut que la première fois que l'on déroge à notre système de valeur, une culpabilité ou une apparaisse. Cela passe dès que nous constatons que gérons les conséquences sans drames.

Allez-vous choisir de rester dans la culpabilité ou de devenir un être conscient et responsable ?

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Sandrine Monteiro

Psychologue diplômée de l'école québécoise Ecoute Ton Corps, spécialisée en thérapie pour adolescents et adultes, soit individuellement, soit en couple. Il utilise des méthodes thérapeutiques axées sur l'écoute du corps tant sur le plan émotionnel que mental, des thérapies pour évacuer le stress, des consolations familiales, entre autres.

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