La mort et ses tabous

Comment débattre autour d'une thématique si mystérieuse, si inexplicable ?

21 MARS 2019 · Lecture : min.
La mort et ses tabous

Parler de la mort... Un sujet indéniablement délicat, d'autant plus puisqu'au fond, personne n'est en mesure de témoigner sur son expérience avec la mort. Comment débattre autour d'une thématique si mystérieuse, si inexplicable ?

Notre vision de la mort

Bien sûr, ce que l'on a nommé "mort" et la crainte qui en a découlé peut nous envahir à n'importe quel moment de notre vie, ne serait-ce que lorsqu'un individu phobique qui prend l'avion s'inquiète de savoir s'il en sortira vivant, par exemple.

Certaines situations peuvent même nous amener à désirer cette mort, à ne plus avoir envie d'exister, comme lorsqu'on s'exclame avec plus ou moins de sérieux, après un moment particulièrement embarrassant : "j'aimerais mourir !". Il y a aussi ceux qui s'imaginent déjà en fin de vie, atteints d'une maladie grave voie incurable, et qui se disent alors "oui, je vais mourir". Ils ne se demandent pas vraiment ce qu'est la mort, mais plutôt comment, à quel moment, de quelle manière, va-t-elle frapper.

Au final, la peur de mourir de peur peut souvent prendre le pas sur la peur de la mort en elle-même, dans sa finalité.

L'être humain, depuis sa naissance, sait inconsciemment qu'un jour tout va s’arrêter pour lui... et heureusement, disait Lacan ! Savoir que la vie s’arrêtera à un moment ou à un autre se révèle à la fois angoissant pour la conscience et rassurant pour l'inconscient qui lui, sait depuis toujours la vérité sur la mort...

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La peur de surtout "mal vivre"

Quand on s’interroge sur la mort et la peur éventuelle de mourir, interrogeons-nous plutôt sur la peur de mal vivre, de rater sa vie, de passer à côté de quelque chose. Quelles motivations nous poussent à penser à la mort ?

Dans une maladie, nous ne comprenons pas ce qui nous arrive et c'est à ce moment-là que nous prenons véritablement notre vie en main, avec l'espoir de guérir ou au moins de prendre soin de nous jusqu'à la dernière seconde. Un espoir qui résiste, car comme le veut le fameux adage : "temps qu'il y a de la vie il y a un espoir".

Je pense que la vie, c'est le désir mis en avant, le courage - il en faut - d'affronter en face la vérité et d'accepter que l'on va mourir. Disons que s'il est si important de ne pas faire n'importe quoi avec sa vie c'est parce qu'il me semble que réussir sa vie c'est se dire : "je peux partir avec l'espoir !", ainsi un petit peu plus en paix et réconcilié aussi avec soi-même.

Il n'y a d'ailleurs pas plus grande et unique castration que la mort... Quitter cette terre dignement requiert une sagesse qui s'acquiert tout au long de la vie, avec l'espoir d'y parvenir avant qu'il ne soit trop tard.  

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Chantal Pironi

Psychanalyste, elle pratique "un des plus beau métier du monde ". Être soi-même, la vie n'est pas un long fleuve tranquille, elle accompagne depuis de nombreuses années des chemins de vie, tous différents. L'écoute est un art, elle s'enrichit chaque jour de cette expérience unique, et espère contribuer à améliorer les existences des personnes qu'elle reçoit.

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