La phobie d'examens et son lien avec l'image du père disparu

Il s'agit du récit d'une psychothérapie qui a permis à une patiente de faire un lien entre sa phobie d'examens et l'image double, à la fois positive et négative, qu'elle avait de son père

7 JANV. 2020 · Lecture : min.
La phobie d'examens et son lien avec l'image du père disparu

Le symptôme n'est souvent qu'une partie d'un ensemble complexe, à savoir d'une construction à l'intérieur de la psyché. Si le patient a le temps et la disponibilité d'aller au-delà de ce qui le gène à un moment donné, comme le propose la psychanalyse, il pourra comprendre justement ce qui aurait conduit à son symptôme. Ainsi, Mlle J, est venue avec un problème encombrant, la découverte d'une phobie d'examens, ce à quoi elle était confrontée après la fin de son cursus universitaire. En effet, cette phobie l'a empêché de passer un examen qui lui aurait permis l'équivalence de ses diplômes, car elle avait fait ses études à l'étranger, où tout c'était bien passé. C'est lors de cette situation un peu différente qu'elle a vécu son premier échec dans la confrontation avec un examinateur homme.

Au début Mlle J était encore surprise de cet événement qui l'empêchait de faire usage de ses compétences professionnelles. Elle avait commencé à travailler mais son poste n'était pas au niveau de son dernier diplôme. A l'époque, elle était en couple avec un jeune homme de son âge, mais ne lui avait pas parlé de ce fâcheux événement. En fait, elle avait eu des moments de panique par le passée, et même un suivi psychiatrique. Mais son évolution scolaire n'avait jamais posé question. La psychothérapie proposée, à raison d'une séance par semaine, lui a permis d'arriver, au bout de quelques mois, à un mieux-être et à parler un peu de son histoire personnelle.

Son existence était marquée par la séparation des parents, quand elle était encore en bas âge. Son père, bien qu'intelligent et cultivé, était aussi alcoolique. A un moment donné, la mère est partie chez ses parents ne supportant plus de vivre avec lui, car il y avait aussi de la violence. Pour arriver à élever ses trois enfants, dont la patiente était la cadette, cette femme aurait fait beaucoup d'efforts. Les liens avec le père ont été repris, il visitait régulièrement mais rarement ses enfants. A un moment donné il était tombé malade. Mlle J se rappelait de l'avoir rencontré seule une dernière fois – quelque temps après, déjà adolescente, elle a appris qu'il était mort. Cette dernière fois ils avaient discuté de l'avenir, et le père lui avait conseillé de se former pour faire le même métier que lui. Elle a bien commencé le lycée, et ses résultats scolaires étaient bons. Mais finalement, elle est allée à l'étranger pour se former.

Ainsi, au bout de quelques mois du début de la psychothérapie, la patiente pouvait faire un lien entre son symptôme, la phobie d'examens et la relation avec son père. Il se trouve que le président du jury, figure importante d'une association professionnelle, lui rappelait son père, qui avait le même métier. Mais le père avait deux visages, d'un côté, c'était quelqu'un de bien, et après sa mort il était évoque notamment de cette façon, mais quand il était vivant, son penchant violent était souvent mentionné. Pendant ses études à l'étranger, la patiente était moins confrontée à la peur du père. En faisant des études pour embrasser son métier, elle se rapprochait de lui, elle suivait son conseil, elle voulait lui succéder. Au moment de l'équivalence du diplôme, l'autre visage du père, le penchant violent, semblait s'imposer pour l'empêcher de mener à bout son projet. Le contexte était davantage professionnel, elle se rapprochait davantage du père, pour occuper symboliquement la place qu'il avait laissé libre. La difficulté de la patiente d'avoir une image unique du père au moment où elle était censée devenir son égal professionnel avait probablement déclenché la phobie par rapport à une personne qui aurait pu être le père, car l'écart d'âge l'aurait permis. Or, sa phobie montrait qu'elle s'attendait à une réaction violente de la part du père.

La patiente a pu dépasser l'obstacle de cet examen au bout deux ans de psychothérapie. En conséquence, elle a eu l'équivalence du diplôme obtenu à l'étranger. Mais elle a été intéressée de poursuivre la thérapie, et de passer d'abord à deux séances par semaine, puis à trois, pour faire une véritable psychanalyse. Elle invoquait plusieurs raisons, d'abord, elle n'était pas satisfaite de sa relation de couple, ni de ses relations de travail. Néanmoins, son diplôme lui permettait d'avoir une meilleure position au sein de son collectif de travail. Elle pensait aussi que n'ayant pas été élevée par son père, elle avait une certaine méconnaissance des relations sociales, du monde du travail. Il se trouve que sa relation avec sa mère était assez conflictuelle. L'analyse lui a permis de mieux présenter l'histoire de vie de cette femme, quelques problèmes dans la relation avec sa génitrice quand elle était en bas âge. Elle a bien élargie le nombre d'adultes qui se sont occupés d'elle, pour arriver finalement à avoir une image plus nuancée de sa mère, vue au début notamment comme une figure sacrificielle.

Elle a aussi mis fin à sa relation de couple et a trouvé un autre homme, intéressé de fonder une famille avec elle. L'analyse s'est prolongé jusqu'au moment où elle a accouché d'un enfant, ce qui a conduit à un emploi du temps bien plus chargé. Mais le chemin parcouru pendant les trois années de psychanalyse lui ont permis d'arriver à un équilibre émotionnel assez stable, et à la construction d'une famille qui semblait avoir des meilleures bases que celle où elle était née.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Radu Clit

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