Quelle est la relation entre alimentation et émotions ?

Bien sûr depuis l’origine de la race humaine la nourriture a conditionné notre survie. Elle a structuré en grande partie nos modes de fonctionnement sociaux et culturel. Mais bien que manger soit une nécessité, il existe un lien très étroit et indéniable entre notre nutrition et nos émotions.

Le lien entre alimentation et émotion

Aujourd’hui nous ne mangeons plus par nécessité, la nourriture est disponible en grande quantité, variété et de manière permanente. La nourriture est au centre de nos fonctionnements sociaux : événements familiaux et amicaux, fêtes et repas d’affaires, la nourriture n’est plus considérée comme un moyen de subsistance mais comme un vecteur d’échange et de communication interpersonnelle.

Dès sa naissance le nourrisson s’alimente par nécessité physiologique. Il ressent la faim et donc réclame de la nourriture, il cesse de s’alimenter lorsqu’il ressent la satiété. Cependant à l’intérieur même de ce fonctionnement archaïque, se tisse une part du lien affectif entre la mère « nourricière » ou tout autre figure de substitution et l’enfant. La première imbrication de la nourriture et de l’affect est en train de se mettre en place.

C’est cependant plus tard, lorsque l’enfant devient autonome dans son alimentation que va se développer le lien entre alimentation et émotion. Très souvent les adultes composant l’entourage d’un enfant vont conditionner la nourriture à l’attitude de l’enfant. La nourriture viendra « récompenser » un fonctionnement validé comme conforme à leurs attentes par les adultes : La nourriture récompense, « Si tu es sage, je te donne un gâteau ». À cette même période sera également mise en place la nourriture venant « consoler » l’enfant : la nourriture réconfortante, « ne pleure pas, je te donne un bonbon ». Il s’agit souvent dans les deux cas cités d’aliments sucrés qui vont être très rapidement associés à des émotions très précises. Durant tout le reste de la vie d’adulte, ces aliments vont venir nous rassurer, nous réconforter ou nous récompenser. Ils incarnent par ailleurs de manière inconsciente l’attention voire l’affection du parent et seront donc également des substituts de lien très souvent présents lors d’absence ou de vide affectif. Nous constatons fréquemment qu’en revanche des émotions comme la colère ou la tristesse peuvent nous couper l’appétit, quand la joie est, elle, synonyme d’allégresse et de partage nous donnera envie de nous rassembler autour d’une nourriture partagée.

Tout au long de notre trajectoire de vie nous allons créer notre référentiel interne entre nos émotions ressenties et les aliments qui leurs sont associés. Pour un grand nombre de personnes les émotions sont correctement gérées et donc la consommation des aliments associés restera modérée, même si certain excès pourront apparaitre à des occasions précises.

La stratégie de gestion des émotions par la nourriture  

Pour d’autres, une stratégie de gestion des émotions par la nourriture peut se mettre en place. Il s’établit alors un besoin de manger pour réussir à gérer une ou des émotions. Cette stratégie peut aller selon les cas de « petits grignotages » compensatoires à des cas d’hyperphagies beaucoup plus lourdes de conséquences du point de vue de la santé voire de TCA (Troubles du Comportement Alimentaire).

Selon l’intensité de la relation entre la gestion des émotions et l’alimentation, il est important de se tourner vers un professionnel afin de permettre une prise en charge efficace.

Cependant, on peut aussi dans un premier temps regarder en face la relation alimentaire que nous entretenons avec nos émotions :

1. Identifier l’émotion ou les émotions qui nous amènent à la compulsion alimentaire. Seul ou avec l’aide d’un professionnel, observer, l’émotion qui semble être difficile à gérer et comprendre dans quelles situations le mécanisme émotion-alimentation se met en place. Pour trouver quelle émotion est difficile à gérer vous pouvez par exemple noter à chaque fois que vous alimentez dans quelle émotion vous vous trouvez et quelle est l’origine de cette situation et son intensité (sur une échelle que vous définirez au préalable).
2. Comprendre et accepter cette émotion. Une fois identifiées, il faut comprendre et accepter cette émotion, sans jugement de valeur, de comprendre pour quelles raisons elle est difficile à vivre et mettre en place une nouvelle stratégie de gestion.
3. Trouver un moyen de substituer la nourriture dans la gestion de vos émotions. La relation entre la mauvaise gestion d’une émotion et la nourriture est une mécanique inconsciente bien huilée. Lorsque l’on a pu identifier les émotions difficiles à gérer, mettre en place une nouvelle mécanique permet une autre gestion de nos émotions : faire du sport, mettre en place un rituel bien-être (bain par exemple), une promenade, … Le but n’est pas de fuir l’émotion, mais de trouver un autre moyen de la gérer.

Si vous mangez vos émotions, c’est peut-être que vous comblez un vide, avez des difficultés à affronter une situation, ou plus profondément qu’un épisode de votre vie est peu ou mal digérer. Peut-être qu’il est alors nécessaire de consulter un professionnel afin de comprendre, et d’apprendre davantage sur vous. L’introspection vous donnera mille réponses à des questions enfouies depuis longtemps.

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