La vengeance après une rupture amoureuse permet-elle d’atténuer la souffrance ?

La vengeance est-elle libératrice ? Le désir de vengeance éprouvé lorsque l'on a été trahi est-il salvateur ?

1 DÉC. 2014 · Lecture : min.
La vengeance après une rupture amoureuse permet-elle d’atténuer la souffrance ?

Si nous connaissons tous des ruptures, certains et certaines ont davantage tendance à éprouver un besoin de vengeance. Pourquoi ? Souvent pour rétablir l'équilibre des souffrances. D'ailleurs, dans chaque rupture la colère est une des étapes quasi obligées pour arriver à la guérison.

La question se pose alors de savoir si : lorsqu'on éprouve un sentiment de trahison après avoir été quitté(e), le fait de se venger va-t-il permettre d'atténuer la douleur ?

La vengeance, un moyen de remédier à l'injustice

Qui n'a pas rêvé un jour, de torturer son ex : crever les pneus de sa voiture, ternir son image auprès de son employeur ou de ses collègues de travail, de ses amis (facile aujourd'hui par le biais des réseaux sociaux), saccager sa nouvelle vie sentimentale, ou autre… À chacun son imagination pour lui faire payer ce que l'on considère comme une trahison de sa part.

La tentation est grande en effet, lorsqu'on est en situation de souffrance après un abandon, de faire payer à l'autre le prix fort pour remédier à l'injustice que l'on estime avoir subie : lui en faire « baver » pour équilibrer la douleur.

Il est humain d'avoir besoin de faire reconnaître aux yeux des autres, notre souffrance. Être reconnu(e) publiquement comme victime permet de restaurer en quelque sorte, notre identité en rétablissant la vérité (tout du moins, notre vérité…)

En renversant la vapeur, on n'est plus seulement celui (ou celle) qui est quitté(e). On devient actif(ve) dans le processus. C'est une manière de montrer que l'on réagit, que l'on prend la situation en main et que l'on n'a pas l'intention de se laisser faire. Il en va de notre image de marque.

La colère fait partie du processus de deuil. C'est donc un sentiment normal en soi en pareille circonstance.

La vengeance, une réelle guérison ?

Cependant, si ce besoin de décharger une colère trop violente nous semble vital, au point de ressentir parfois une véritable jouissance à faire souffrir l'autre, tout l'enjeu est de savoir si, une fois la vengeance consommée, on se sent réellement guéri(e)….ou pas.

Le problème c'est que, même si ce désir de vengeance est une réaction humaine et avant tout un réflexe d'auto-défense, tant qu'il nous est impossible de passer à autre chose, l'autre reste obligatoirement au centre de notre vie au lieu de s'en détacher progressivement. Or, il est fondamental pour traverser cette épreuve, de prendre de la distance par rapport à l'autre, tant sur le plan physique que psychique. Et la vengeance empêche le processus de deuil d'évoluer jusqu'à mettre un terme définitif à cette histoire douloureuse.

Une fois la colère retombée et avec la prise de recul, on peut parfois être amené à regretter d'avoir commis de tels agissements. Sans compter que l'on n'en ressort pas assurément grandi(e). On prend conscience tout à coup que l'image de soi que l'on a renvoyée n'est pas forcément très reluisante aux yeux des autres, quand elle n'est pas carrément pathétique…

Et tout ça pour réaliser au final, que d'avoir fait souffrir l'autre n'aura pas tant permis que ça d'atténuer notre propre souffrance

Vous l'avez compris, l'apaisement procuré par la vengeance n'est qu'un miroir aux alouettes. Alors plutôt que de se concentrer sur la manière d'assouvir sa soif de revanche, mieux vaut se concentrer sur sa propre guérison.

Tant que l'on est coincé dans ce statut de victime et envahi(e) par ce désir de vengeance, on n'est pas non plus en mesure de s'interroger sur ce qui n'a pas fonctionné dans la relation. Encore moins de prendre conscience que dans un couple, on est deux à avoir porté la relation jusqu'à son point de rupture…

Alors souvenez-vous…

« Celui qui s'applique à la vengeance garde fraîches ses blessures », Francis Bacon-Philosophe

Extrait des Essais

Et pour aller plus loin, si ce sujet vous intéresse :

« Les chagrins d'amour : un moment de vérité » - Patrick Avrane – Ed° du Seuil – 04/2012 – 160 - 16 €

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Patricia Cattaneo

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