Le deuil

Les differents types de deuils et leur représentation

16 JUIN 2014 · Lecture : min.
Le deuil
L’expérience la plus douloureuse de la vie est le deuil. La mort, autrefois vécue comme une fatalité, donnait lieu à de nombreuses manifestations. Les représentations du deuil et de la mort sont, à l’heure actuelle, vécues comme cachées.

La perte des croyances, de la religiosité, le déni et la peur sont des mécanismes qui favorisent ce manquent de réactions devant la mort. Plus de rites, de pleurs, de cérémonies, plus de fleurs, de visites au cimetière, plus rien ne marque la mort.

Le silence autour de la disparition le fait se perdre dans le vide. Sans trace du disparu, pas de trace de son passage. Notre société est basée sur le plaisir, le bonheur, le déni de ce qui fait pleurer, de ce qui pourrait troubler l’ordre établi de la jouissance aussi, on meurt à l’hôpital, on part au cimetière, la mort ne rentre plus dans les maisons où, autrefois, famille et amis se relayaient autour du mourant pour l’assister lui et ses proches dans ce deuil programmé.

La mort est une histoire qui dérange, la tristesse est une histoire qui isole, cela représente le contraire de ce que cherche la société : jouissance, jeunesse, et beauté. La mort n’est pas un savoir, personne ne la décrit, seul le rite la symbolise, marque l’empreinte du défunt.

Le rituel marque la prise de conscience de la mort, du manque à venir. La célébration, l’hommage du groupe au disparu symbolise sa fin de vie et donne sens à sa disparition. De nos jours se sont le pompes funèbres qui prennent en chargent les cérémonies les futurs morts organisent leurs obsèques afin de voir leurs derniers désirs réalisés pour les funérailles, pour ne pas déranger les enfants. La mort bouscule aussi, on la cache derrière une non- expressivité.

Déroulement du deuil 

Le deuil est un processus qui comprend plusieurs étapes.

1) A l’annonce de la mort on assiste à un état de choc, une sidération mentale, le rythme cardiaque s’accélère ce qui peut amener une crise d’angoisse, une attaque de panique avec nausées et vertiges. Physiquement et intellectuellement le corps est paralysé, bloqué par le choc.

2) Puis survient un questionnement, une recherche : où est le corps ? Quelles sont les raisons de sa mort ? Qu’aurais-je pu faire pour éviter ça ? Cris, appels sont fréquents, tels les cris du nourrisson qui appelle sa mère, cette étape marque la régression, retour en arrière psychologique, puis la recherche d’objets symbolisant le défunt, marquent la fin de cette période. Nous ne pouvons être sûrs de la mort qu’après avoir cherché en vain le défunt partout. L’absence marque la disparition, l’irrémédiable réalité de la mort. Trop d’émotion envahissent la personne (son Moi) cela engendre un stress qui se traduit par la colère et l’agressivité.

3) Colère et rage marque l’abandon que ressent l’endeuillé. Pourquoi m’as-tu quitté ? Je n’ai pas su, pas pu le retenir ! Fait place à la culpabilité. L’énergie dépensée durant ces étapes engendre une fatigue telle, que la personne ne peut plus exposer que ses larmes.

4) L’expression du deuil dans les larmes permet une décharge somatique très adaptée à la douleur. Le laisser-aller des émotions, expressions du chagrin ressenti, de la souffrance exprimée vont permettre le travail de la pensée et l’élaboration psychique du deuil.

Ce que la personne peut ressentir :

  • Sur le plan corporel : insomnies, anorexie, difficultés à prendre plaisir à la vie
  • Sur le plan intellectuel : ralentissement de la pensée, de l’attention, de la concentration
  • Sur le plan affectif : tristesse, discours négatif, hypersensibilité, isolement

L’acceptation de la mort se traduit par une récupération de l’énergie qui sera investie dans la vie. Le deuil terminé, n’est pas l’oubli du défunt, mais la capacité pour l’endeuillé de retrouver projets, et plaisir dans la vie et son devenir malgré l’absence. Le respect du temps du deuil et des moments douloureux qui le composent son nécessaires, la société doit reconnaitre et permettre ce laps de temps pour que le travail de deuil s’accomplisse.

On distingue différentes sortes de deuils

La survenue de la mort modifie le travail de deuil. Qu'elle soit attendue (longue maladie) ou subite (accident), le chagrin reste le même. Lors d’une mort brutale, le choc de l’annonce prolonge la phase de sidération, et donc le processus de deuil. Dans l’accompagnement d’une personne malade, la famille, se prépare au deuil, à la séparation. Veiller au confort du défunt, c’est prendre soin de lui et de soi, soigner l’autre pour ne pas souffrir plus.

C’est une période difficile où la souffrance est présente à tout instant pour la famille, mais c’est aussi une période nécessaire qui permet de se préparer au deuil à venir, cette période permet de dire au revoir à la personne malade, de lui demander ou de lui accorder le pardon, de rassembler la famille et parfois de retrouver des parents éloignés. On parle de pré-deuil.

Lorsque la maladie chronique ne permet pas à la personne malade de communiquer pour cause de coma, de sénilité ou autre, la famille fait le deuil de la personne qui était et se détache de la personne qui est. Aucun lien ne l’attache à cet être quelle ne reconnaît pas. La personne connue est morte, son corps est enterré vivant. Plus rien ne les lie. Le deuil de la personne est fait avant la mort du corps. On parle de deuil anticipé.

Si le processus de deuil se vérifie, celui-ci aura besoin de plus ou moins de temps. Tout dépend de l’âge, la personnalité et la perception que la personne a de la mort. Dans les cas de morts violentes, ou après un suicide, le traumatisme s’ajoute à l’état de sidération et le prolonge d’autant. Les séquelles varient selon le vécu des personnes. L’état de choc est majoré par le traumatisme.

Les deuils pathologiques ou deuils compliqués

Le processus de deuil comprend différentes étapes. S’il reste bloqué à l’une d’elle, le travail de deuil s’interrompt. Quand la complication se prolonge, on peut voir advenir de véritables pathologies du deuil. Si cela se produit lors de l’annonce du décès, c’est un deuil dramatique lors de la phase dépressive. Lorsque le déni de la mort retarde le travail de deuil ou lorsque le deuil est inhibé (inexprimé). Il s’agit d’une dépression réactionnelle au deuil. Le deuil peut aussi devenir chronique et ne jamais aboutir sans réadaptation à la vie sociale.

Les personnes âgées étant plus fragiles, supportent moins facilement les étapes du deuil et il n’est pas rare de voir un parent ou un conjoint décédé après la perte d’un être aimé (enfant, mari ou épouse). Tout deuil ravive des angoisses anciennes et met face à l’angoisse de sa propre mort.

La personnalité de l’endeuillé joue un rôle dans le processus de deuil, les personnes fragiles psychologiquement qui ont vécu un précédent deuil non résolu, le voit réactivé par le deuil actuel. La période du travail de deuil change d’une personne à l’autre. Toute personne endeuillée qui ne peut, après plusieurs mois, voire deux ans, retrouver une vie sociale normale, présente un deuil compliqué. Dans l’aide à lui apporter, la psychanalyse apparaìt la mieux adaptée. Dans le processus normal de deuil, le soutien psychologique suffit.

D’autres deuils se rencontrent dans une vie : certaines situations où la mort n’est pas prévue rendent difficiles et compliquées le processus de deuil (IVG, fausses couches tardives, perte d’un enfant ...) Qu'elle soit décidée ou subie, l’arrêt d’une grossesse décidée ou non est toujours traumatique, c’est pour cela que les entretiens pré et post IVG sont nécessaires, même si la personne n’a rien à dire à ce moment-là. L’important et qu’elle sache que, si elle le désire, il y a un endroit où elle pourra s’exprimer.

Durant les fausses couches tardives (5, 6, 7 mois) le processus de deuil ne commencera qu’après la date ou l’accouchement était prévu, car jusqu’au terme, la femme se sentira encore enceinte. C’est une période douloureuse où la femme commencera à prendre conscience que l’enfant attendu ne viendra pas. Le vécu côté maman et côté papa diffère. Il ne faut pas hésiter à en parler, parler du bébé sans minimiser la souffrance des parents parce qu’une autre grossesse est possible, celle-ci n’effacera pas la douleur de la perte de l’enfant.

Parler de ma mort aux enfants

Quand les enfants ont déjà vécu la mort : grands parents... Si la famille s’autorise à en parler, l’enfant en parlera aussi. Vouloir protéger un enfant en lui cachant la réalité, c’est l’exposer au silence et il croira tout ce qu’il pourra imaginer pour expliquer la situation.

Pour les enfants très jeunes, le caractère inamendable de la mort est difficile à conceptualiser, il faudra le leur expliquer plusieurs fois. Ceux qui ont été frappés par un deuil et qui ont pu le surmonter en étant accompagnés dans cette étape difficile sont en avance dans la conceptualisation de la mort.

Pour l’enfant, M.Hanus a écrit :

"A 6 ans, il distingue la mort du sommeil, la notion d’insensibilité après la mort est en voie d’acquisition. A 7 ans, la notion d’insensibilité après la mort est acquise et celle d’universalité en voie de l’être. A 8 ans, l’irréversibilité de la mort est acquise. L’universabilité de la mort en voie d’acquisition. L’angoisse est mieux dominée par les défenses car celles ci sont mieux organisées. L’idée de la mort comme celle de la vie n’est acquise que vers 9 ans, le vécu personnel et le discours de l’entourage concourent à la maturation du concept pour l’enfant. Pour l’adolescent, le deuil se vit en fonction de sa famille.
L’expression du deuil sera influencée part l’entourage, l’adolescent sera partagé par le désir de protéger sa famille en lui cachant son chagrin et celui d’exprimer au minimum ses sentiments pensant ainsi garder le contrôle de ses réactions. La perte d’un des deux parents à l’adolescence est d’autant plus difficile à vivre que c’est une période de conflit entre l’ado et ses parents.
Perdre un parent avec lequel on était en conflit complique le deuil, car se séparer sur une dispute culpabilise énormément et l’adolescent se sent responsable de la mort, ce qui rendra le deuil difficile presque insurmontable. Dans la perte d’un camarade la colère est fréquente et doit être exprimée afin d’éviter qu’il ne l’extériorise dans un comportement à risque qui le mettrait en danger."

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Écrit par

Nancy Montels

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Commentaires 1
  • Pma2013-2015

    Et le deuil que doivent faire les femmes après l'échec d'une PMA vous le classez où svp. Aucune structure pour nous soutenir dans la majorité des centre de procréation médicalement assistée. Rien le vide total. La douleur seule présente. Merci d'avance pour votre réponse.

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