« Le syndrome de l’imposteur : Une prison mentale où l’on peut s’échapper ! »

J'aborde ici la question du syndrome de l'imposteur au travail, sentiment d'illégitimité, qui touche plus les femmes, peut avoir des conséquences graves sur la santé, se traite en thérapie en apportant de nombreux bienfaits.

10 NOV. 2024 · Lecture : min.
« Le syndrome de l’imposteur : Une prison mentale où l’on peut s’échapper ! »

« Je ne suis pas capable », « Ils vont se rendre compte que ce n'est pas pour moi », « Je vais encore échouer », « Ce poste est hors de ma portée ». Ces phrases qui tournent souvent dans la tête au travail, c'est souvent le signe d'un mal être profond de remise en question de sa légitimité.

Qu'est ce que le syndrome de l'imposteur

On appelle cela le syndrome de l'imposteur ou phénomène de l'imposteur.

Le syndrome de l'imposteur est un phénomène psychologique fréquent dans le milieu professionnel, mais peut aussi apparaître dans les relations intra familiales et même dans les couples, dont les milieux sociaux professionnelles sont différents.

Le phénomène de l'imposteur évoqué ici, sera plus centré au travail.

Généralement, il apparaît avec des personnes qui ont souvent tendance à douter de leurs compétences malgré des réussites objectives ; c'est-à-dire reconnus par des pairs et/ou des institutions : école, université, centre privé, etc. Des recherches ont été faites à ce sujet. L'auteur, Kévin Chasagne décrit ce sentiment comme pouvant même devenir « une prison mentale » qui pousse les individus à se sentir des "imposteurs" ou des "fraudeurs", persuadés que leur succès est dû à la chance ou à une erreur, et non à leur talent ou leurs efforts[i].

Ce syndrome affecte particulièrement les femmes et les personnes très exigeantes envers elles-mêmes, ainsi que celles évoluant dans des environnements compétitifs. Déjà, dans les années 70, les psychologues avaient identifiés que les femmes étaient plus susceptibles de souffrir du syndrome d l'imposteur, en raison de croyances sociétales, selon laquelle elles seraient moins intelligentes et moins capables, ajoutons moins « fortes » que les hommes. Ce sentiment est d'autant plus ressenti qu'il touche des femmes occupant des postes de direction. Et si on ajoute ce sentiment à l'inégalité constatée dans la répartition des postes de direction à diplôme égale entre les femmes et les hommes, c'est un cocktail propice à développer ce phénomène[ii].

C'est la psychologue Pauline Rose Clance[iii] qui a été la première à étudier ce sentiment d'insécurité injustifié. Dans son travail de thérapeute, elle a remarqué que beaucoup de ses patients non diplômés partageaient une même préoccupation : bien qu'ils aient de bonnes notes, ils ne croyaient pas qu'ils méritaient leur place à l'université.

Très présent dans le milieu professionnel, le syndrome de l'imposteur peut nuire à la confiance en soi et entraîner un stress important. Les personnes qui en souffrent ont tendance à éviter les opportunités de promotion, par peur de ne pas être à la hauteur. Elles peuvent également surinvestir leur temps et leur énergie dans leurs tâches, pensant devoir "prouver" constamment leur valeur, ce qui peut engendrer de l'épuisement professionnel.

Comment s'échapper du syndrome de l'imposteur

Mais on peut s'échapper de cette « prison mentale » ; En effet, c'est d'abord de reconnaître qu'on peut aller mieux, et se donner les moyens de faire une thérapie, plus qu'un coaching, pour aller « décrocher » ses croyances limitantes. Et pour lutter contre le syndrome de l'imposteur au quotidien, on peut déjà commencer à reconnaître ses réussites et se rappeler des retours positifs reçus.

On doit (c'est un devoir !) s'entourer de personnes bienveillantes. Toujours dans cet esprit de construire de nouveaux rituels, et si c'est possible pour vous, de solliciter auprès de personnes fiables et bienveillantes du feedback constructif. Cela va participer à diminuer son dialogue critique interne et relativiser ses doutes. Par ailleurs, des techniques de gestion du stress, comme la méditation ou par l' EMDR[iv], peuvent être utiles pour prendre du recul et renforcer l'estime de soi. Enfin, accepter que l'erreur fait partie de l'apprentissage est essentiel pour se libérer de cette peur de "ne pas être assez".

Mais, au-delà des ressorts externes du travail, de l'entreprise ou bien de la pression sociale, ce sujet se travaille en thérapie pour voir ensemble les sources profondes des croyances, construite dans son enfance et qui alimentent ce sentiment négatif sur soi. Il s'agira de prendre conscience de ses pensées limitantes ; voir ce qui se cache derrière l peur de l'échec. Où a-t-elle pris sa sources dans ses toutes premières expériences : a la maison, à l'école ou avec ses pairs. Voir aussi quels sont les éléments objectifs qui renforcent ce sentiment aujourd'hui : un travail peu valorisant, un entourage professionnel qui ne vous convient plus, ou bien une impossibilité de se donner la permission de réaliser ce à qui le petit enfant en vous désire profondément depuis sa tendre enfance.

Le travail thérapeutique est à même d'explorer ce qui se cache parfois derrière le doute, comme émotion écran. Un écran à une aspiration a devenir une autre personne que celle qu'on attendait, pour rendre fier ou faire plaisir.... Et s'il était temps de vous vous donniez vous -même cette permission "d'être soi dans ses relations avec les autres ", pour reprendre le titre du livre de Sylvie Grivel, sur l'assertivité ?


[i]Le Syndrome de l'imposteur de Kévin Chassangre (Éditions Mardaga, 2021) : Un ouvrage de référence qui explique les racines et manifestations de ce syndrome dans le monde professionnel

[ii] Voir revue Behavioral Sciences sur le thème du syndrome de l'imposteur 2024 ( Current Research in Behavioural Sciences) et aussi articl paru sur le dailymail. Co.uk., le 30 juin 2024.

[iii] Pauline R. Clance, The impostor phenomenon: recent research findings regarding dynamics, personality and family patterns and their implications for treatment, 1993

[iv] L'EMDR signifie "eye movement desensitization and reprocessing", c'est-à-dire désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires utilisée, notamment dans le traitement du stress post-traumatiques et les troubles associés.

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Écrit par

Kamel Belmerabet

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