Le travail du soufle et du son libère les émotions - Béatrice Foucault

Je me suis formée à la relation d’aide, à la Gestalt-thérapie ainsi qu’à la psychothérapie du lien à Champ-G, à Roubaix, et ai également suivi une formation en EMDR avec EMDR France. J’ai aussi été formée à la force de la communication et au comportement en entreprise, à Marseille. Quant au travail par la voix, je me suis formée dans une école parisienne, qui n’existe plus aujourd’hui.

Aujourd’hui, je suis psychopraticienne relationnelle en Gestalt-thérapie, formatrice en communication, et travaille notamment sur la gestion du stress, la cohésion d’équipe, la prise de parole en public. Je suis membre titulaire de la Société Française de Gestalt et membre du SNPPsy, et respecte le code de déontologie de la SFG.

Le travail par la voix est une thérapie assez particulière, puisque l’on va se mettre à vivre au travers de sa propre voix, que l’on ne connaît peut-être pas. Les outils de la Gestalt-thérapie ainsi que de l’EMDR permettent de compléter cette thérapie, pour être au plus proche des problématiques des patients.La voix, c’est l’image de notre identité, c’est le partage premier de la mère avec son enfant. La voix est porteuse d’émotions, elle touche, elle est le contenant sonore de la personne, ce que nous essayons de retrouver dans l’expérience créatrice (le chant, le théâtre, la musique.).

La voix chantée engage la totalité de l’être (corps, souffle, émotion) et peut transformer son rapport au monde. Chanter l’intime, chanter l’indicible, faire sonner le corps en relation avec ses problématiques personnelles : le chemin est un chemin de connaissance de soi, un processus de transformation de soi profond et puissant. La voix parlée, chantée, portée par notre souffle, est marquée par les tensions, les désirs, les joies, les manques et les émotions qui constituent notre histoire. Le corps respirant est la mémoire de cette histoire, la voix est l’expression de cette mémoire.

Souffle et voix s’ajustent l’un à l’autre chaque seconde, comme l’inspire précède l’expire, comme le silence prépare la lettre, et comme l’inspiration prépare l’action du son, du dire, du chant. Inspiré des arts martiaux, le travail par la voix est un travail sur les tensions d’origine affective enracinées dans le corps : il s’agit de les libérer car elles empêchent l’énergie de circuler librement.

Progressivement, la personne va apprendre à sentir le bien-être que procure cette nouvelle aspiration, le bienfait de retrouver l’équilibre. La thérapie par la voix permet au souffleur de s’affirmer par le son plutôt que par le langage. Parfois, en thérapie, on accède à des endroits où il n’y a pas de mots mais où, en revanche, on va trouver du souffle et du son.

D’ailleurs, au début de la vie, il y a ce souffle et ce son : un bébé n’a pas de mots, et s’exprime avec des sons. C’est en fonction des sons que la mère va comprendre comme elle peut qu’il a faim, qu’il a soif, qu’il a envie de dormir… Il existe un langage non verbal entre la mère et l’enfant, mais il arrive que la mère soit désaccordée de l’enfant : c’est alors que s’exprime la colère de l’enfant, à travers ces sons et ces souffles.

Il existe beaucoup de désaccordages de ce type, qui arrivent dans le présent de la personne. Le geste vocal va consister à traverser l’émotion qui est présente, plus par le son que par le langage. Les sons sont alors les véhicules de la spiritualité : la personne aura confiance en sa voix, il n’y a pas de fausse note, tout est juste.

L’expérience de la personne devient très juste, et j’utilise ce mot dans le sens de la justesse du son. La personne va explorer son potentiel vocal et devenir actrice de son évolution, tout en précisant ses gestes. Je vais l’inviter et l’aider à se concentrer, pour développer une meilleure gestion du stress et une capacité à entrer en contact avec les autres. Ainsi, on retrouve le centre vital : le chemin corporel évolue, la voix change, on retrouve un calme intérieur. 

Le travail par le souffle et le son a pour but de libérer les tensions comprimées dans le haut du corps (buste, épaules, gorge, mâchoire…), et à élaborer ensemble le sens de tout cela. La gorge est le centre de l’affectivité, on va apprendre à traverser cette gorge qui se serre avec du souffle et du son. Pour la personne, c’est un voyage intérieur, où elle va pouvoir trouver sa voix, qui n’a pas besoin d’être forte, qui peut être celle du petit enfant. On commence par une prise de contact, puis on travaille sur le tapis pour trouver une verticalité du son, qui va correspondre à l’émotion de la personne. Ainsi, elle apprend à ressentir, à comprendre, elle acquiert une autonomie et devient son propre chercheur. La thérapie par la voix est un très bon complément d’une méthode psychologique.

La Gestalt a été élaborée en 1951 par Fritz Corls et importée en France dans les années 80. Ses bases théoriques s’enracinent dans la psychanalyse et dans les courants de la gestalt psychologie, la théorie du chant, la phénoménologie et l’existentialisme.

Elle met à jour dans l’ici et maintenant la façon dont les interactions se créent, aide à identifier les besoins et les désirs et aide à comprendre comment les expériences sont perturbées, interrompues ou accomplies.

C’est une démarche active et créatrice qui permet de prendre conscience des mécanismes répétitifs. La Gestalt favorise un ajustement créateur, c’est-à-dire qu’elle donne l’occasion à la personne d’expérimenter des pistes nouvelles, et à comprendre ce qui est en jeu dans une problématique, une souffrance, une répétition.

Elle tend à accroitre la conscience de soi dans son lien à l’autre afin de favoriser un contact authentique.C’est une thérapie du lien, c’est-à-dire qu’elle se fonde sur l’expérience de contact du sujet avec le monde qui l’entoure, qu’elle se propose d’appréhender la personne dans sa globalité, en prenant en compte toutes ses dimensions (sensorielle, émotionnelle, mentale et sociale).

La psychothérapie du lien, c’est la manière dont je vais être en lien avec la personne, et dont celle-ci va être en lien avec moi : ensemble, nous allons regarder la façon dont les interactions se créent dans l’ici et maintenant, ce qui semble être compliqué et difficile dans la relation.

La personne va apprendre à voir ces répétitions, puis nous allons les repérer ensemble afin de réparer les douleurs. C’est une thérapie qui permet de comprendre depuis le présent les raisons de tel ou tel fonctionnement, tout en regardant les enjeux développementaux : elle reprend d’ailleurs en considération tous ces enjeux qui ont été décrits, étudiés par une foule d’auteurs.

Ensemble, nous regardons certaines relations ou expériences de la vie passée, dans la mesure où elles peuvent avoir à voir avec la vie actuelle. En considérant la relation qui se tisse entre nous, nous allons pouvoir, comme dans un laboratoire, nous interroger, comprendre comment la personne réagit dans telle ou telle situation.

La Gestalt-thérapie du lien vise à dénouer les impasses, et surtout à en construire le sens :

• À quoi cela a servi dans le passé qu’on ne dise rien ?
• À quoi cela me sert, encore aujourd’hui ?
• Qu’est-ce que je peux garder de positif de cette expérience, et de quoi je n’ai plus besoin ?

La Gestalt donne place aux émotions mobilisatrices du changement, l’important est d’accroître la conscience de soi dans la relation à l’autre et au monde pour favoriser un contact vrai.

J’aime dire que le client et moi sommes partenaires dans la Gestalt thérapie, car nous accordons une part important à tous les ressentis de la personne, mais aussi à ce que je ressens, aux émotions du thérapeute, aux fluctuations du lien entre patient et thérapeute, ce qui en fait réellement une thérapie du lien.

Certains d’entre nous ont vécu, dans l’enfance, des expériences qui ont pu perturber notre développement psycho-affectif, et c’est à ce titre qu’il existe des répétitions qui se rejouent.

Les difficultés peuvent venir des impasses relationnelles répétées dans la vie : lorsque l’on a les ressources, on doit pouvoir faire face aux difficultés de la vie avec notre équilibre affectif, comportemental et cognitif. Le but est de trouver ces outils pour développer ces ressources, qui ont souvent été insuffisamment développées durant l’histoire de la personne (selon la relation avec les parents, l’environnement dans lequel on a grandi, etc.).

La thérapie du lien est une relation duelle dans laquelle nous cherchons ensemble à dénouer les choses, pour aller vers la créativité et l’autonomie, et le sens de tout ça se fait au fil des séances : les choix se font librement, le moment présent devient riche de potentiel.

Avec l’EMDR, nous allons pouvoir cibler quelque chose de très précis, en cherchant à retraiter l’information. Pour moi, l’EMDR fonctionne vraiment très bien pour toutes les situations complexes, pour tout ce qui concerne la complexité de l’être humain sur des traumatismes uniques (cela peut disparaître en une ou deux séances), en fonction de la complexité de la personne elle-même.

S’il s’agit d’un Traumatisme (avec un grand T), tel qu’un accident, un viol, une agression, etc., cela peut fonctionner assez rapidement. En revanche, pour le trauma plus profond, plus anxieux, il est aussi important de voir comment la personne s’entend avec le thérapeute, car nous avançons dans des choses difficiles, et la confiance en son thérapeute est cruciale. L’EMDR est une thérapie qui fonctionne très bien.

Pour moi, l’important est d’être en lien avec la personne, qu’il y ait suffisamment d’alliance thérapeutique pour que le traumatisme puisse être traversé tranquillement et que cela puisse être efficace. Nous avons tous, dans notre enfance, connu des périodes difficiles dans le fait de grandir. Il est important d’être suffisamment en lien avec son thérapeute pour pouvoir engage l’EMDR, et il faut un minimum de séances pour que la personne puisse se sentir en confiance et traverser le modèle TAI (traitement adaptatif de l’information).

Pour autant, il existe des protocoles spécifiques pour les situations d’urgence : par exemple, si une personne a vécu un traumatisme tel qu’un accident de voiture, nous pouvons réaliser une séance EMDR dès le lendemain.

L’EMDR se déplace grâce à AHP-France dans des pays comme Haïti, pour aider, superviser et former des psychologues sur place, qui aideront les populations à sortir du traumatisme, dans des régions en situation de guerre, de catastrophe naturelle… Les cellules psychologiques créées permettent de débloquer les situations grâce à la formation et la supervisation de psychologues.

On pourrait dire lorsque le corps s’exprime par des effets indésirables, lors d’anorexie, de phobies, ou encore lors de problèmes liés au déracinement, avec la difficulté d’intégration, lorsque les relations personnelles ou professionnelles deviennent insatisfaisantes, lorsque l’on ne parvient pas à créer de relations avec les autres, que l’on perd l’appétit de la vie, lorsqu’on a des questions existentielles mais qu’on a aussi envie de découvrir son propre potentiel, lorsqu’être acteur de sa vie devient essentiel, ou encore lorsque les difficultés rencontrées dans la vie deviennent insupportables (souffrance, maladie, deuil).

Photos : Jean-Marie Olivier et Pascale Brienne (tous droits réservés)

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