​L'enfant face aux écrans : la règle du "3-6-9-12"

En France, un enfant entre 4 et 14 ans passe en moyenne plus de 2h15 par jour devant un écran de télévision ou d'ordinateur, un enfant de plus de 15 ans pas loin de 3h30 !

30 JANV. 2020 · Lecture : min.
​L'enfant face aux écrans : la règle du "3-6-9-12"

En France, un enfant entre 4 et 14 ans passe en moyenne plus de 2h15 par jour devant un écran de télévision ou d'ordinateur, un enfant de plus de 15 ans pas loin de 3h30 !

Les écrancs agissent sur l'enfant comme un puissant aimant qu'il a du mal à repousser. Or la surexposition des enfants aux écrans a des conséquences sur le psychisme des enfants. De plus l'exposition précoce serait également responsable du surpoids des enfants, de retards de langage, de déficit de l'attention et de la concentration, de troubles du sommeil à cause notamment de la lumière bleutée des écrans.

Comment protéger nos enfants face aux dangers des écrans ?

Pour tenter de fournir des repères tangibles aux parents, l'Académie américaine puis l'association française de pédiatrie ont proposé une règle simple destiné à réguler le temps passé devant les écrans, tout écran confondu : télévision, ordinateur, console de jeux, tablette, smartphone...Pas d'écran avant l'âge de 3 ans, une heure d'exposition maximum entre 3 et 6 ans , 2 heures entre 6 et 9 ans et 3 heures au-delà ( la régle du 3-6-9-12).

  • Pas d'écran avant 3 ans : selon les pédiatres les écrans ( non interactifs) n'ont aucun effet positif sur le psychisme de l'enfant avant 3 ans. Au contraire, ils auraient même tendance à entraver son développement et induire des retards scolaires ultérieurs. Cette exposition précoce serait également responsable du surpoids des enfants, de retard de langage, de déficit d'attention et de concentration, ainsi que des risques de développer une certaine passivité. Les pédiatres recommandent pour l'enfant avant 3 ans des activités qui vont lui permettre de trouver de véritables repères spatio-temporels, sans oublier non plus des activités qui vont développer sa sphère sensori-motrice (privilégier les interactions sensorielles comme le toucher, l'ouie, le mouvement...).

  • Entre 3 et 6 ans : 1 heure d'écran mais pas n'importe lequel ni n'importe comment. Les écrans proposés à l'enfant devront soit répondre à des besoins cognitifs précis destinés à favoriser certains apprentissages, soit répondre à des besoins sociaux ( jouer en famille par exemple). Avant 6 ans l'enfant devra toujours être accompagné lorsqu'il se trouve en présence d'un écran que ce soit devant la télévisoin afin qu'il verbalise et communique ce qu'il ressent face aux images; ou devant une console, sinon il pourra vite développer des addictions, et fuir le monde réel en se réfugiant systématiquement dans le monde virtuel.
  • Entre 6 et 12 ans : 2 heures par jour au maximum devant un écran mais là encore avec un contrôle parental de tous les instants. Au cours de cette phase de développement l'ordinateur peut être bénéfique s'il est utilisé pour parfaire le développement cognitif de l'enfant. Certains reportages diffusés à la télévision pourront également servir de base à un dialogue fructueux avec l'enfant. En revanche une exposition au-delà de 2 heures par jour peut entrainer un isolement social progressif, sans compter les conséquences de l'inactivité sur le corps.

  • À partir de 12 ans : c'est sans aucun doute à l'adolescence que la tension est à son comble à propos de l'usage des écrans. Il serait illusoire de vouloir le contraindre durement alors que tous les adolescents utilisent leur smartphone pour communiquer. Au-delà de cette fonction sociale, l'écran permet également de trouver un modèle identificatoire : nombre d'ados surfent sur des sites ou des blogs mettant en scène un autre ados ou un jeune adulte passant du temps devant une webcam à simplement raconter sa vie au quotidien. Les jeunes apprécient également beaucoup les jeunes humoristes du web qui tournent en ridicule les choses de la vie de tous les jours. Ces podcasts servent d'exutoire aux jeunes qui s'identifient facilement aux scènes proposées car elles sont décalées.
  • Pour les ados face aux écrans le principal problème concerne les jeux. Certes de nombreux jeux proposés permettent sans doute de développer la rapidité d'exécution, l'esprit de déduction, l'attention visuelle...mais le contenu souvent violent de certains jeux pose le problème des conséquences sur le psychisme. Une vigilance accrue s'impose donc à l'adolescence, d'une part en mettant en garde les jeunes contre les "pièges" qu'ils peuvent rencontrer sur internet ( tous les internautes ne sont pas nécessairement bien intentionnés) et d'autre part en contrôlant le temps passé à jouer afin d'éviter une éventuelle addiction nuisible à la scolarité de l'enfant.

Mais quels sont les besoins assouvis par les écrans ?

On peut se demander pourquoi l'individu et l'enfant en particulier, passe autant de temps devant ses écrans. Quels besoins se cachent derrière cette appétence pour les écrans ?

  • Face à une vie de plus en plus stressante, l'utilisation des écrans apparait comme un moment de détente indispensable à l'individu pour se ressourcer.
  • L'enfant est de plus en plus angoissé par la réalité du monde dans lequel il vit : se réfugier dans les écrans permet à l'enfant de fuir ce monde au profit d'un univers plus sécurisant car il en connait mieux les règles du jeu et il y trouve plus facilement sa place.
  • L'attrait pour les écrans traduit un besoin chez l'enfant de stimulation sensorielle mais de façon filtrée, amortie, une sorte d'émotion "sans risque" en quelque sorte.
  • L'utilisation des écrans correspond pour l'individu à un besoin de relâchement face à des pressions économiques, sociales,familiales... : cela permet aussi d'éviter le regard des autres.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Aurore FALLERI

Diplômée en psychologie clinique et en psychopathologie, et en art-thérapie; elle a une expérience significative de plus de dix ans dans l’accompagnement et le soutien psychologique de personnes en situation de handicap. Elle exerce en tant que psychothérapeute et art-thérapeute, et reçoit les adultes, les adolescents et les enfants.

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Bibliographie

  • Les enfants et les écrans : les conseils du CSA, CSA-Conseil Supérieur de l'Audiovisuel : https://www.csa.fr/Proteger/Protection-de-la-jeunesse-et-des-mineurs/Les-enfants-et-les-ecrans-les-conseils-du-CSA
  • AMERICAN ACADEMY OF PEDIATRICS. « Media use by children younger than 2 years », Pediatrics, vol. 128, no 5, octobre 2011, p. 1040-1045. pediatrics.aappublications.org
  • BRICEÑO, C. et M.-C. DUGAS. Parents dans un monde d’écrans. Les Éditions de l’Homme, 2019, 256 p.
  • CYBERDEPENDANCE.CA. cyberdependance.ca

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