Les effets psychologiques du confinement

Une méta-analyse du King’s Collège de Londres, au Royaume -Uni, publiée en mars dans la revue médicale The Lancet révèle les effets négatifs de la mise en quarantaine sur la santé mentale.

23 MARS 2020 · Lecture : min.
Les effets psychologiques du confinement

Une méta-analyse du King's Collège de Londres, au Royaume -Uni, publiée en mars dans la revue médicale The Lancet révèle les effets négatifs de la mise en quarantaine sur la santé mentale.

Syndromes de stress post-traumatique, confusion, colère … : "La quarantaine est généralement une expérience désagréable pour ceux qui la subissent", selon le groupe de chercheurs du département de médecine psychologique dont le travail porte sur plusieurs études dans dix pays, sur des personnes atteintes du Sras, d'Ebola, de la pandémie de grippe H1N1 ,du syndrome respiratoire du Moyen-Orient et de la grippe équine.

"La séparation d'avec les êtres chers, la perte de liberté, l'incertitude quant à l'état de la maladie et l'ennui peuvent, à l'occasion, créer des effets dramatiques."

Des risques de dépendance à long terme

Des personnes mises en quarantaine en raison de leur proximité avec des individus potentiellement souffrant du Sras ont fait état de peur (plus de 20 %), de nervosité (18 %) et aussi de tristesse (18 %). Chez d'autres personnes, des symptômes de stress post-traumatique ont été constatés : leur nombre était plus élevé dès que la quarantaine dépassait dix jours.

Ces effets psychologiques peuvent perdurer sur le long terme et se manifester sous forme de dépendance notamment l'abus d'alcool et peuvent être accentués par des facteurs de stress comme le manque d'accès aux soins ou aux biens de première nécessité, mais pas seulement : l'un des auteurs de l'étude explique que "Les fake news et les médias peuvent aussi alimenter l'anxiété en ayant recours à des opinions d'experts contradictoires. Cela peut accroître la difficulté des gens à faire face à leur confinement, mais aussi à la pandémie".

Le manque de revenus peut aussi jouer : "De graves difficultés financières peuvent entraîner des problèmes de santé mentale".

L'information est essentielle

Les chercheurs se sont demandé quelles pouvaient être les recommandations pour atténuer les conséquences de la quarantaine et minimiser les différents symptômes.

Selon eux "l'information est essentielle". "Communiquer régulièrement en apportant des faits pour justifier la quarantaine et expliquer ce qui se passe permet de mieux vivre cette période".

"Les responsables de la santé publique devraient mettre l'accent sur le fait que la quarantaine contribue à assurer la sécurité des autres, en particulier les plus vulnérables, et que les autorités sanitaires leur sont sincèrement reconnaissantes", préconise l'étude.

Éviter l'ennui

Il est important aussi de diminuer l'ennui et l'isolement facteurs d'anxiété et de détresse sur le long terme.

"Il faut permettre aux gens de rester en contact avec leurs amis et leur famille, leurs collègues de travail par e-mail, les médias sociaux, la vidéoconférence, etc", estiment les auteurs de l'étude qui soulignent l'importance de la capacité de communiquer en particulier avec "les personnes isolées".

Ce qu'il faudrait faire ou ne pas faire

Les chercheurs suggèrent une ligne d'assistance téléphonique pour les personnes en quarantaine afin de donner des instructions sur ce qu'il faut faire en cas de symptômes de maladie. "Ce service rassurerait les gens sur le fait qu'ils seront soignés s'ils tombent malades et ne se sentiraient pas oubliés".

Bien qu'il n'existe aucune étude sur ce sujet ils estiment "que le réconfort pourrait par la suite diminuer les sentiments tels que la peur, l'inquiétude et la colère".

Il est également important "d'adopter un rythme de vie sain .C'est le moment de bien dormir, de manger sainement, de faire de l'exercice autant que possible et d'éviter des habitudes malsaines telles que la consommation excessive d'alcool, de cigarettes ou de jeux de hasard".

Enfin, la durée de la période de confinement est un élément déterminant sur la santé mentale. "Les autorités doivent respecter la durée de la quarantaine annoncée et ne pas la prolonger. Le contraire serait particulièrement préjudiciable à la santé mentale". Et le rapport ajoute : "Imposer un cordon indéfiniment à des villes entières sans limite de temps claire (comme cela a été vu à Wuhan, en Chine) peut être plus préjudiciable que les procédures de quarantaine limitées à la période d'incubation".

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Viviane Alibert

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Commentaires 1
  • léauniv

    Bonjour, Est-il possible d'avoir la référence complète de la méta-analyse du King’s Collège de Londres, sur laquelle se base cet article ? D'avance merci. Léa

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