Les significations cachées de l'imponctualité

Le manque de ponctualité peut être exaspérant. Rien de plus pénible que d'avoir un rendez-vous et d'attendre de longues minutes avant que l'autre personne ne daigne apparaître. Et pour certains, ce ne sont pas quelques minutes de retard, mais parfois plusieurs heures, voire une absence totale. Et le pire, c'est qu'il s'agit de récidivistes, qui n'arrivent jamais à l'heure.

L'heure de rendez-vous est déjà dépassée, vous les appelez et ils vous répondent "je suis en route", voire, pour les plus audacieux, "je pars" alors qu'ils auraient déjà dû être là. Leur manque de ponctualité est chronique, et aucun pouvoir humain ne peut les faire changer.

Le temps est quelque chose de très subjectif, même si les êtres humains ont inventé différentes façons de le mesurer. Ainsi, chacun perçoit et gère le temps d'après une série de variables totalement subjectives. Pour certains, c'est une mesure exacte à laquelle il faut s'adapter, pour d'autres, une limite pesante, et pour tous, le temps est un instrument de mesure de notre pouls émotionnel.

Le manque de ponctualité et la pendule interne

Nous percevons donc tous le temps de façon différente, et l'âge est l'un des facteurs prédominants en ce sens. Enfant, les heures semblent être des jours, et les jours des semaines. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles les enfants s'impatientent vite ! Mais lorsqu'on prend de l'âge, on comprend le temps, on peut penser à son passage, à la vitesse à laquelle il s'écoule. On ne sait pas à quelle heure, ni le jour ou le mois s'est terminé : on sait juste que c'était beaucoup trop rapide.

Cette conscience du temps qui passe dépend également de la quantité d'activités auxquelles on se livre. Si l'on est très actif et que l'on fait beaucoup d'activités, le temps semble s'écouler beaucoup plus vite. Mais si on est peu actif, la perception du temps qui passe sera plus lente. L'humeur est aussi un facteur qui influence beaucoup cette perception : les temps heureux passent vite, tandis que les phases de souffrance ou de problèmes s'étirent à l'infini, comme si les heures s'arrêtaient.

Dans tous les cas, l'humain établit un lien entre sa perception du temps et sa ponctualité, voire sa non-ponctualité. Si les circonstances font que vous percevez le temps comme une ressource limitée et précieuse, vous aurez tendance à essayer d'être précis avec vos horaires. Au contraire, si vous évaluez le temps différemment, si vous l'évaluez de façon plus basse, les heures exactes seront une barrière, une limite pour vous. Ainsi, certains surestiment le temps alors que d'autres se concentrent plutôt sur l'activité en tant que telle, peu importe le temps qu'elle prendra.

Cette façon de percevoir le temps comme un courant lent ou rapide affecte notre planification des évènements. Beaucoup d'individus peu ponctuels ont du mal à s'organiser et à planifier les choses. Ils ne sont pas en retard pour se venger ou se moquer du monde, ils estiment simplement mal le temps. De plus, il s'agit souvent de personnes qui sont facilement distraites et ne connaissent pas ce sentiment de hâte qui peut envahir les autres. Dans ce cas précis, le manque de ponctualité reflète le fait d'être dans la lune et de manquer de maturité.

Les significations cachées du manque de ponctualité

Ceci étant, certains individus non ponctuels ne font pas partie de cette innocente catégorie d'ignorants. Leur manque d'adaptation au temps social entraîne d'autres spécificités. Effectivement, les retardataires chroniques sont parfois des personnalités excessivement narcissiques. Il s'agit de personnes qui veulent que les autres soient dans une situation de besoin, d'attente, voire de manque ou de vulnérabilité. Ainsi, le fait de ne pas être à l'heure est un mécanisme de pouvoir pour ces personnes.

D'une certaine façon, c'est aussi le cas des personnes qui arrivent toujours en retard au moindre rendez-vous, car elles manquent d'assurance. Elles craignent en quelque sorte la rencontre en elle-même, c'est la raison pour laquelle elles essaient de la reporter le plus possible. Mais c'est une manière de faire inconsciente, involontaire. Ces sujets ne prennent simplement pas les mesures nécessaires pour être ponctuels, mais sans en connaître la raison réelle. En réalité, il s'agit de personnalités qui, au fond, craignent d'être rejetées ou rabaissées.

Dans un autre registre, il existe les personnes qui utilisent le retard comme un acte de rébellion, une façon incontestable de se rebeller. Ce faisant, il s'agit de résister à la situation qui mènera à la rencontre. Arriver en retard à un rendez-vous permet de rendre visible ce rejet, tout en étant une façon de défier l'autre. Ces personnalités ont quelque chose qui n'est pas en place, un manque, et le manque de ponctualité devient la manière pour elles de le rendre visible.

Et si ces différents cas de retardataires sont différents, ils ont pourtant une chose en commun : leur ambivalence. Effectivement, deux réalités sont en jeu dans ces situations : la première, explicite, qui fixe une heure précise, et l'autre sournoise, qui sabote cet accord. Derrière un retard chronique, on trouve toujours un message caché qui a besoin d'être déterré. Ce ne sont pas de mauvaises habitudes ou la simple insouciance qui donnent naissance à ce comportement inconsidéré. Avoir l'habitude de ne pas arriver à l'heure dite et la chérir, c’est pour beaucoup une façon déguisée mais pénible pour les autres de transmettre un message.

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