Les troubles du sommeil et les thérapies cognitives et comportementales - 1/2

Le temps passé à dormir représente plus d’un tiers de notre vie. Le sommeil est un facteur significatif de notre bien-être.Comment peut-on définir le sommeil ?

8 JANV. 2025 · Lecture : min.
Les troubles du sommeil et les thérapies cognitives et comportementales - 1/2

D'après le baromètre de Santé Publique France, le temps de sommeil des adultes était en moyenne de 6 heures 42 minutes par 24 heures durant la semaine (ou les jours travaillés) en 2017, soit en dessous des 7 heures minimales quotidiennes habituellement recommandées. Il était de 7 h 26 le week-end (ou les jours de repos), conduisant au final à un temps moyen de sommeil de 6 h 55. (Source : site de l'INSERM).

Qu'est-ce que le sommeil ?

Deux états physiologiques fondamentaux, les états de veille et de sommeil, rythment notre vie.

Le sommeil est constitué de différents stades qui s'ordonnent de façon identique au cours de la nuit. Notre sommeil n'est donc pas continu. De plus, en fonction de l'âge, la durée du sommeil ainsi que la répartition des stades de sommeil sont différents. Les mêmes stades de sommeil existent chez les enfants, les adultes et les personnes âgées mais les variations inter et intra-individuelles sont nombreuses.

Ces stades sont le sommeil lent (ou sommeil calme chez le bébé) et le sommeil paradoxal.

Le sommeil est constitué de plusieurs cycles successifs compris entre 3 et 6. Un cycle de sommeil dure environ de 60 à 120 minutes. Le cycle est composé de plusieurs phases de sommeil lent puis de sommeil paradoxal. Chaque cycle débute par du sommeil léger et finit par du sommeil paradoxal. Chaque stade du sommeil se caractérise par une activité cérébrale particulière, associée à des ondes électriques mises en évidence par électroencéphalographie (EEG).

  • Le sommeil lent est déterminé par des ondes lentes. Il est composé de plusieurs stades : après une phase de transition (N1) de quelques minutes entre la veille et le sommeil, la phase de sommeil léger (N2) se met en place. Les muscles se détendent, la température corporelle, la pression artérielle et l'activité cardiaque diminuent. Une phase de sommeil progressivement plus profond (N3) s'installe et dure plusieurs dizaines de minutes. Le dormeur est de plus en plus insensible aux stimulations extérieures. L'EEG montre pendant cette phase la présence d'ondes de grande amplitude et de faible fréquence. Le cerveau a réduit sa consommation en oxygène et le métabolisme cérébral est ralenti. Le tonus musculaire est réduit mais partiellement présent, d'où l'explication d'épisodes de somnambulisme.
  • Le sommeil paradoxal présente une activité cérébrale proche de celle de la phase d'éveil. Il est aussi appelé période REM (Rapid Eye Mouvement) en raison de fréquents mouvements oculaires rapides (sous les paupières fermées). Le tonus musculaire est inexistant, exception faite de quelques mouvements des extrémités des membres. La pression artérielle et le rythme respiratoire connaissent des changements fréquents. C'est pendant ce sommeil paradoxal que les rêves restent en mémoire. Les rêves sont aussi présents pendant le sommeil lent léger, ils sont d'une intensité plus faible et ils ont pour objet des idées abstraites.

Le sommeil lent profond est essentiellement présent dans la première moitié de la nuit alors que les sommeils légers et paradoxaux sont plus nombreux en seconde moitié de nuit. Cela explique les rêves en fin de nuit. Si la nuit précédente a été mauvaise, le sommeil lent sera d'autant plus profond la nuit suivante.

Il est usuel de représenter l'évolution de la nuit et des cycles de sommeil sous forme d'un hypnogramme. Les cycles contiennent des proportions variables de sommeil N1, N2, N3 et de sommeil paradoxal.

Typologie du sommeil :

Le sommeil lent se divise en 3 parties : l'endormissement, le sommeil lent léger et le sommeil lent profond tandis que le sommeil paradoxal est l'unique composante.

Phase 1 ou N1 : L'endormissement (5 à 10% du sommeil)

L'endormissement est le premier stade du sommeil. Il est traduit par la transition entre éveil et sommeil. A ce stade, le dormeur est encore facile à réveiller : nous luttons pour ne pas dormir, ce stade est surtout caractérisé par le changement d'état rapide entre l'éveil et le sommeil. On parle de micro- sommeil.

Du côté physiologique, le tonus musculaire et le mouvement oculaires diminuent progressivement et la respiration prend un rythme régulier.

Phase 2 ou N2 : Sommeil lent et léger (45 à 55 % du sommeil de l'adulte)

Le sommeil lent et léger est le premier stade du sommeil. Nous passons à ce stade 30 à 45 minutes après l'endormissement. Le dormeur reste très sensible à l'environnement externe. Comme au premier stade, il suffit d'un bruit ou d'une lumière intense pour le réveiller.

Du côté physiologique, le tonus musculaire et les mouvements oculaires ne cessent de diminuer, la respiration ralentit. On remarque également des ondes cérébrales lentes et une température corporelle qui diminue.

Phase 3 et 4 ou N3 : sommeil profond : (15 à 20% du sommeil de l'adulte)

Le dormeur passe au stade du sommeil lent profond, stade suivant le sommeil lent léger. Pendant ce stade, il est difficile de réveiller le dormeur.

Du côté physiologique, les muscles se relâchent, les mouvements oculaires cessent, le rythme cardiaque et respiratoire sont de plus en plus paisibles et la température corporelle diminue. Enfin, les ondes cérébrales sont lentes et amples et les activités des fonctions vitales ralentissent.

Le sommeil profond est le sommeil le plus réparateur. Il permet la récupération de la fatigue physique. Alors, le foie, le cerveau et les muscles se rétablissent en énergie. L'hormone de croissance est secrétée et la régulation de la glycémie se réalise.

Phase 5 : Sommeil paradoxal : (10 à 15% du sommeil de l'adulte)

Après le sommeil lent, le dormeur passe au stade du sommeil paradoxal. C'est le stade durant lequel nous faisons des rêves.

Du côté physiologique, le tonus musculaire cesse alors que les mouvements oculaires sont de plus en plus soutenus. Le rythme cardiaque ainsi que la fréquence respiratoire deviennent irréguliers et la température corporelle augmente. Enfin, les ondes cérébrales sont très rapides.

Le sommeil paradoxal permet la consolidation de notre mémoire et la récupération émotionnelle.

Alternance veille et sommeil

Le rythme circadien (rythme biologique) est un cycle de 24 heures (voire 25 heures) et il permet au corps de s'adapter à son environnement et, tout particulièrement, à l'alternance veille et sommeil. La lumière du jour en est le premier principe.

Lorsque le corps ressent qu'il fait nuit, la mélatonine est sécrétée. Cette hormone nous permet de de synchroniser le rythme veille-sommeil et donc de mesurer le temps. Lors du réveil, les hormones de l'éveil (cortisol), de l'énergie et du bonheur sont sécrétées, ce qui nous rend énergique dès le matin.

Le cortisol est secrété en pic par l'organisme en début de matinée pour préparer le corps à être éveillé et en forme toute la journée.

Dette et régulation homéostatique

La dette homéostatique est semblable à toutes les dettes : il faut les rembourser. Une dette homéostatique est en effet une dette de sommeil, plus nous restons éveillé, plus notre dette et la pression du sommeil augmentent.

En conséquence, la compensation du sommeil se fera au fur et à mesure de la nuit suivante. Du côté du cycle du sommeil, il y aura une augmentation de la durée du sommeil lent. La durée du sommeil de la nuit suivante est toujours beaucoup plus longue

Qu'est-ce que l'endormissement ?

L'endormissement est lié à plusieurs facteurs provoquant le blocage des centres de l'éveil dans le cerveau, et faisant tomber dans le sommeil.

Ces facteurs découlent

  • des processus homéostasiques ou régulation des fonctions de l'organisme. Ceux-ci augmentent le besoin du sommeil au fur et à mesure que la période de veille se prolonge.
    • des processus circadiens qui synchronisent l'organisme et le sommeil sur l'alternance jour-nuit avec une rythmicité proche de 24 heures voire 25 heures.
      • Le déclenchement du sommeil est sous la dépendance hormonale de la mélatonine. Elle est aussi appelée l'hormone du sommeil et elle est produite en situation d'obscurité. Si elle est libérée en début de nuit, elle favorise le déclenchement du sommeil.
      • La sérotonine ne provoque pas directement le sommeil, mais elle est intimement liée à la régulation du sommeil puisqu'elle a un rôle dans la production de mélatonine.
      • Le tryptophane est le précurseur de la sérotonine. Indirectement, le tryptophane est donc également à l'origine de la synthèse de la mélatonine.
      • L'adénosine est l'hormone de l'endormissement. C'est une hormone dont la production et la libération se font en fonction de la demande énergétique pendant la période d'éveil. Pour résumé, plus nous bougeons et sommes actifs, plus on libère de l'adénosine, qui s'accumule tout au long de la journée. Elle provoque l'endormissement lorsqu'elle atteint un certain taux.
      • Si la rétine détecte la lumière, alors la mélatonine est bloquée
        • Rôle des cellules ganglionnaires à mélanopsine de la rétine servant à synchroniser le sommeil sur l'alternance jour-nuit,
      • l'usage tardif d'écrans ou de lumière LED, riches en lumière bleue, stimule ces cellules et retarde l'endormissement.
    • Rôle des gènes « horloge » (CLOCK, BMAL, Per, Cry, Reverb…) liés selon l'information reçue par les cellules rétiniennes, la mélatonine et d'autres facteurs synchroniseurs
  • Lors du vieillissement, de nombreux troubles du sommeil apparaissent parce que la production de la mélatonine est de moins en moins performante
  • L'hygiène de vie, les consommations d'alcool, de substances excitantes... ou encore l'environnement immédiat (lumière, bruit…) sont des facteurs contribuant au retard d'endormissement.
  • La fonction du sommeil est aujourd'hui prouvée, et tout particulièrement,
  • dans la croissance, ·
  • la maturation cérébrale,
  • les mécanismes d'apprentissage et de mémorisation ainsi que la conservation des capacités cognitives.
  • Le repos du système cardiovasculaire. ·
  • Le maintien de la température corporelle pendant 24 heures ·
  • La régulation de nombreuses sécrétions hormonales ·
  • La régulation de fonctions et en particulier la glycémie. Dans le cas d'une perturbation du métabolisme du sucre, il existe des risques de surpoids voire d'obésité et de l'apparition du diabète ·
  • L'élimination des toxines ·
  • La régénération des réserves énergétiques des cellules musculaires et nerveuses ·
  • La régénération cellulaire dont la peau et les muscles ·
  • La production d'hormones dont l'hormone de croissance et la mélatonine. ·
  • La restauration ou stimulation des défenses immunitaires. ·
  • La régulation de l'humeur et de l'activation du stress. ·
  • la récupération physique et intellectuelle ·
  • la préparation à l'état de veille
  • Les conséquences d'un mauvais sommeil sont multiples : ·
  • risques de somnolence avec les conséquences d'endormissement, par exemple, lors de la conduite d'un véhicule ou d'une machine, de troubles de l'attention (élèves qui décrochent en classe), plus nombreux accidents dans la sphère domestique. De plus, ce déficit accompagne de nombreux troubles psychologiques ou psychiatriques dont des troubles de l'humeur (dépression) et de la capacité à gérer le stress (anxiété). En outre, chacun d'entre nous a déjà expérimenté la qualité de vie après une nuit sans sommeil… ·
  • Plus particulièrement, d'un point de vue socio-professionnel,
    • o baisse de la qualité de vie,
    • o baisse de la satisfaction personnelle,
    • o fort taux d'absentéisme,
    • o baisse de productivité,
    • o accidents du travail majorés,
    • risques accrus d'erreurs et d'handicaps. D'ailleurs, une étude au Royaume-Uni a révélé que l'insomnie était associée à une augmentation de 75 à 88 % de risques qu'un accident entraîne une incapacité permanente de travail.
    • o Augmentation de la fatigue
    • o Augmentation de l'irritabilité
    • o baisse d'énergie
    • o baisse de la concentration
    • o baisse de la motivation
    • o apparition ou augmentation des difficultés relationnelles ·
    • Plus particulièrement, d'un point de vue médical,
    • o Survenue ou accroissement de l'hypertension artérielle,
    • o Survenue ou accroissement du diabète,
    • o Survenue ou accroissement du syndrome métabolique,
    • o Survenue de l'infarctus du myocarde
    • o Sur le plan neurologique, elle est associée à un risque
    • § d'accidents vasculaires cérébraux,
    • § de migraines et céphalées de tension.
    • o perturbation des réactions immunitaires conduisant à un risque majoré de développer un virus en y étant exposé, ou encore une moins bonne réaction aux vaccinations.
    • Lien entre la durée du sommeil et l'espérance de vie.
    • o Survenue ou accroissement des troubles de l'humeur et du comportement
    • o Sur le plan psychiatrique,
    • § l'insomnie peut être est responsable d'anxiété, de dépression
    • § d'addictions et tout particulièrement d'alcoolodépendance
      • Il est à noter qu'une une relation bidirectionnelle existe entre insomnie et des pathologies telles que la dépression et l'alcoolodépendance

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Écrit par

Florence Chatenet

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