Les troubles du sommeil et les thérapies cognitives et comportementales - 2/3

Les chiffres de l’insomnie chronique Celle-ci varie entre 10 et 15 % de la population générale adulte selon les études réalisées.

8 JANV. 2025 · Lecture : min.
Les troubles du sommeil et les thérapies cognitives et comportementales - 2/3

En 2017, un sondage du Baromètre de Santé publique France a été réalisé sur 12 637 sujets âgés de 18 à 75 ans représentatifs de la population française. 13,1 % de la population âgée de 18 à 75 ans déclare des symptômes évoquant une insomnie chronique. Les femmes sont environ deux fois plus nombreuses que les hommes à connaitre ce trouble du sommeil (16,9 % des femmes et 9,1 % des hommes).

Il est à noter que parmi la population générale, un tiers des personnes rapporte des difficultés occasionnelles de sommeil.

L'insomnie chronique est souvent associée à des comorbidités qui doivent être déterminées afin de choisir la meilleure prise en charge. L'examen clinique complet est bien entendu à la charge d'un médecin. Le psycho-praticien prendra toutes les précautions possibles à l'aide de questionnaires et d'un interrogatoire le plus exhaustif possible pour rediriger le client vers un professionnel de santé au moindre doute.

Ainsi, des pathologies somatiques peuvent être impliquées dans l'insomnie chronique. Certaines sont liées à des douleurs et, tout particulièrement, les pathologies rhumatismales ou neurologiques, d'autres conduisent à une gêne physique, comme le reflux gastro-œsophagien ou la broncho-pneumopathie chronique obstructive ainsi que certains troubles endocriniens tels que les dysthyroïdies ou encore pathologies néoplasiques avec altération de l'état général.

Par ailleurs, des pathologies spécifiques au sommeil sont à prendre en compte : syndrome des jambes sans repos, syndrome d'apnées du sommeil et syndrome de mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil.

En outre, la dépression et l'anxiété sont les pathologies psychiatriques les plus fréquentes et sont recherchées par des questionnaires. Il est également important d'investiguer la consommation de toxiques (alcool, produits stupéfiants…).

Enfin, il est nécessaire de connaitre l'ensemble des traitements médicamenteux suivis par le patient. En effet, certaines médications peuvent être responsable d'insomnie chronique. Nous pouvons citer antidépresseurs, amphétaminiques, antiparkinsoniens, bêta-bloquants, corticoïdes, ou encore la nicotine.

Comment est définie l'insomnie chronique ?

Ce syndrome se caractérise par :

  • des difficultés à s'endormir,
  • et/ouà rester endormi (réveils nocturnes plus ou moins longs et nombreux),
  • et/oudes réveils matinaux précoces sans possibilité de se rendormir,
  • et/ou un sommeil non reposant ou non réparateur,

ceci au moins 3 fois par semaine, pendant au moins 3 mois selon les classifications CIM-10 (1), DSM-5 (2)et ISCD-3 (3).

  • (1)La classification internationale des maladies, 10e révision (CIM-10) est une classification statistique non exclusivement médicale codant notamment les maladies, signes, symptômes, circonstances sociales et causes externes de maladies ou de blessures, publiée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)1.
  • (2)Le DSM-5 est la cinquième et plus récente édition, publiée en 2022, du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques (en anglais : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) de l'Association américaine de psychiatrie (APA, en anglais : American Psychiatric Association).
  • (3)The International Classification of Sleep Disorders (ICSD) is the premiere clinical text for the diagnosis of sleep disorders. Due to the exponential growth in knowledge of sleep disorders, the American Academy of Sleep Medicine's Board of Directors assembled a group of expert clinicians and researchers to revise the text of the third edition of the ICSD (published in 2014). Released in June 2023, this text revision was based on an extensive review of the current literature and features new and updated information in the text of each chapter, minor corrections, and some criteria changes (see Summary of Diagnostic Criteria Changes resource). Sleep disorders are grouped into six major categories in the ICSD-3-TR:

Il existe deux grands types d'insomnie :

  • L'insomnie chronique sans comorbidité dont
  • oL'insomnie psychophysiologique qui est la plus représentée. Elle se distingue par un conditionnement mental et physiologique qui luttent contre le sommeil (dans cette catégorie, exclusion des troubles anxieux ou dépressifs).
  • oL'insomnie paradoxale ou par mauvaise perception du sommeil : les griefs d'insomnie cohabitent avec des résultats normaux d'enregistrements de sommeil.
  • oL'insomnie idiopathique : elle démarre dans l'enfance et reste stable dans le temps.
  • L'insomnie avec comorbidité :
  • oLiée à des pathologies mentales dont état dépressif, trouble bipolaire, trouble anxieux généralisé, attaque de panique, troubles obsessionnels compulsifs…
  • oLiée à une pathologie physique dont épilepsie, pathologie douloureuse, hyperthyroïdie, troubles respiratoires, cardiopathie, neuropathies, reflux gastro-oesophagien…

Les causes de l'insomnie

Les causes d'une insomnie chronique sont multiples :

  • Des facteurs prédisposants ou de vulnérabilité tels que
  • ole sexe féminin,
  • ol'âge,
  • odes facteurs génétiques
  • oune hyperréactivité psychophysiologique, et
  • odes facteurs environnementaux (température, bruit, lumière)
  • ocertains traits de personnalités (tempérament anxieux ou perfectionniste) ou prédispositions familiales.
  • Des facteurs déclenchants :
  • oévènement affectif (évènement de vie, deuil, séparation, arrivée d'un enfant…)
  • oajustement professionnel,
  • oévènement vital important, conduisant à de l'anxiété, du stress, à un épisode dépressif,
  • ocertaines personnes retrouvent un sommeil normal une fois l'élément déclencheur a disparu ou est atténué alors que d'autres garderont une insomnie malgré la disparition ou l'atténuation de l'élément déclencheur.
  • o
  • Des facteurs perpétuants ou de maintien:
  • ocomportements inadaptés (siestes compensatrices, limitation des activités diurnes, rallongement volontaire de la durée passée au lit par rapport au besoin de sommeil, sport en fin de journée pour se fatiguer physiquement),
  • oprocessus cognitifs et fausses croyances dont rumination anxieuse sur la perte de sommeil, crainte de ne plus pouvoir « contrôler » son sommeil, avec un conditionnement négatif associé au lit et à la chambre à coucher, irritation ou frustration de ne pas dormir … anxiété de performance et inquiétudes relatives aux conséquences de l'insomnie

Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) dans l'insomnie : une efficacité reconnue

L' efficacité de la thérapie cognitive et comportementale pour l'insomnie a été prouvée par des méta-analyses en 2017 et 2019 relative à

  • la sévérité de l'insomnie,
  • l'efficience du sommeil,
  • les réveils nocturnes et
  • la latence d'endormissement.

L'efficacité de cette thérapie n'est pas immédiate mais les effets sont durables dans le temps. Il faut tout de même préciser que le nombre de séances est d'un peu moins de dix lorsqu'aucune comorbidité n'est associée.

Cette thérapie est recommandée en traitement de première intention de l'insomnie chronique de l'adulte, y compris du sujet âgé, par le Collège Américain de Médecine Interne ainsi que par la Société Européenne de Recherche sur le Sommeil.

Avant d'entreprendre la thérapie, le client va passer un entretien complet et également des questionnaires et échelles de façon à bien analyser la situation et ne prendre aucun risque de négliger un trouble médical. Par ce biais, il sera possible de détecter toute comorbidité parce que la prise en charge prendra en compte les troubles associés. Les échelles ainsi que les questionnaires vont permettre aussi d'avoir une ligne de base parce qu'ils seront passés à nouveau en milieu de parcours et en fin de parcours. L'objectif est d'obtenir des mesures fiables permettant de juger si la thérapie est efficiente. Sinon, il faut en recherche les causes et utiliser d'autres méthodes ou outils.

Les thérapies cognitive et comportementales reposent donc sur un modèle scientifique capable de suivre rigoureusement le client. L'alliance thérapeutique est de plus primordiale. En effet, sans elle, peu de chances de succès, si le client ne sent pas un accueil bienveillant, sans jugement et empathique. Enfin, le client sera actif dans sa prise en charge et sera aussi motivé pour que les apprentissages fonctionnent.

L'insomnie chronique va donc être prise en charge par la thérapie avec

1/L'Éducation Thérapeutique du Patient (ETP), pour comprendre et expliquer

  • qu'est-ce que le sommeil ? »,
  • qu'est-ce qu'un bon sommeil ? »,
  • quels sont les facteurs favorisants et bloquants d'un bon sommeil ? »,
  • quelles sont les conséquences de mal dormir ? »,
  • à quoi cela sert-il de dormir ? »,
  • qu'est-ce qu'un court dormeur ou un long dormeur?,
  • quelle est la durée nécessaire du sommeilà chacun pour se sentir en forme, et en mettant en avant la variabilité individuelle.

En outre, des informations complémentaires ou approfondies sur la typologie, la chambre à coucher, la literie, les siestes, le ronflement du partenaire, le sommeil en couple, le nourrisson se réveillant la nuit, le stress, les écrans, l'activité physique, les rythmes de sommeil (dont heures de lever et coucher), le rôle de l'alimentation continueront d'être données lors des séances suivantes pour favoriser une appropriation et une mise en œuvre des conseils pour un meilleur sommeil… rester pro-actif et le fait de répéter est un avantage dans les apprentissages.

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Écrit par

Florence Chatenet

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