Mensonge et vérité en psychothérapie

La vérité guérit. Une relation thérapeutique de veut authentique pourtant le mensonge s'introduit partout...

7 NOV. 2017 · Lecture : min.
Mensonge et vérité en psychothérapie

La notion de « mensonge » dans une relation thérapeutique.

Dans la relation psychothérapeutique, il est porteur de tendre vers l'authenticité, c'est-à-dire aller de plus en plus vers ce qui est vrai. Cette considération pourrait déranger car elle laisse entendre que le client comme le thérapeute pourrait mentir. J'assume le caractère direct de ces propos pour justement attirer l'attention sur ce point important. Pour faire suite à cette forme de provocation, je vous offre une piste toute simple, c'est de vous focaliser sur l'ici et maintenant. Cette notion est essentiellement portée par la gestalt thérapie. Essayez de vérifier si ce que vous dites quand vous exprimez quelque chose de vous est vrai.

Mireille m'invite à déjeuner chez elle. J'honore son invitation et je partage avec elle le curry qu'elle aime cuisiner. A partir de cet exemple je vais vous citer quelques points qui pourraient s'ouvrir sur des mensonges :

  • 1.J'accepte le déjeuner car je n'ose pas lui dire non malgré que je détienne l'information que son curry est absolument infect.
  • 2.Je la flatte pour son curry plutôt commun, pour me rapprocher d'elle.
  • 3.Cherche-t-elle une relation amicale ou aimerait-elle davantage ?
  • 4.J'y vais pour le curry car, me retrouvant seul, j'apprécie un repas cuisiné mais je ne pourrais pas m'imaginer passer une journée complète avec Mireille dont la voix m'horripile.

Nous pourrions imaginer d'avantage de scenarios mais vous reconnaitrez déjà combien il est confortable de mentir.

Dans la relation thérapeutique, c'est un plus subtil. Je vais dévoiler quelque chose de moi de manière tout-à-fait sincère et le guidage du psychopraticien fera apparaitre qu'il s'agit d'un mensonge. Un mensonge par omission me direz-vous peut-être. Tout monde connait bien l'expression : « se mentir à soi-même ». Mais comment reconnaitre le vrai du faux. Un bon repère est de s'appuyer sur l'ici et maintenant. Quand un de mes client exprime un élément de son vécu, il m'arrive d'identifier un ressenti en moi. Ce phénomène est lié au fait que je suis en contact avec mon intérieur, ce qui correspond à une certaine conscience corporelle. Cette conscience, peut être développée chez tout un chacun grâce à divers exercices de méditations ou de travail corporel. Et de manière plus simple, il vous est sûrement déjà arrivé d'avoir brutalement des nausées après avoir entendu un témoignage ou identifié de l'horripilation quand quelqu'un vous parle.

shutterstock-485161495.jpg

Je guide mes clients pour les aider à se rapprocher de leur intérieur en les invitant simplement à me partager leur ressenti corporel. Au début, c'est difficile pour eux car le langage corporel leur est souvent étranger. Il suffit de leur proposer un glossaire pour les aider à mettre des mots sur les sensations dont ils prennent conscience de plus en plus. Un autre obstacle est le contrôle cérébral. Souvent la réponse à mon interrogation sur le ressenti prend la forme d'une pensée. Il faut persévérer un peu pour développer le contact avec le corps.

Quand le client arrive à identifier un ressenti qui correspond aussi à l'émergence d'une émotion, il peut considérer qu'il a mis le doigt sur quelque chose de véridique.

Pour le thérapeute, tout au long d'une séance, l'attention se portera à vérifier la substance du récit du client. Le moyen consiste à accorder la relation verticale, c'est-à-dire la présence à soi-même à la relation horizontale, c'est-à-dire le rapport à l'autre. Jean Ambrosi a décomposé ce processus en cinq phases dans ce qu'il appelle « la relation de sympathie ».

J'en arrive à l'authenticité du psychopraticien et à la question de ce qu'on peut partager à notre client. Un titre donne une identité et un cadre. Dans certains courants, il y un bureau entre le praticien et le sujet. On dit aussi que Freud ne serrait pas la main de ses patients. Dans le courant humaniste, nous avons tendance à nous présenter tels que nous sommes pour aller avec le sujet. Je n'arriverai pas à aborder l'étendue complète de la question de la juste distance en psychothérapie mais j'insisterai sur ce qu'il est porteur de partager pour encourager l'émergence de la vérité. Le corps est encore un appui intéressant dans la mesure où il permet au thérapeute d'identifier son ressenti pour avoir un indicateur de substantialité d'un récit et le partager pour offrir un repère, un appui à son client.

A l'aide de ses interventions bienveillantes, il pourra ainsi guider la personne vers davantage de « vrai » car c'est la vérité qui guérit. Cette vérité est composée d'une relation authentique avec le thérapeute qui peut s'étendre à toutes les personnes fréquentées et surtout dans son rapport avec soi. In fine, la démarche thérapeutique a pour but de tendre vers un état d'harmonie avec soi-même.

Pascal Bollenbach

Photos : Shutterstock

PUBLICITÉ

psychologues
Écrit par

Psychologue.net

Notre comité d'experts, composé de psychologues, psychothérapeutes et psychopraticiens agréés, s'engage à fournir des informations et des ressources précises et fiables. Toutes les informations sont étayées par des preuves scientifiques et contrastées pour garantir la qualité de leur contenu.
Consultez nos meilleurs spécialistes en
Laissez un commentaire

PUBLICITÉ

Commentaires 1
  • Nathalie FOLLMANN

    En tant que praticienne en hypnothérapie intégrative, je souhaitais rebondir sur cet article car j'ai eu du mal à faire un lien entre le titre et le contenu. Certaines phrases m'ont interpellé, notamment celle-ci où l'auteur écrit : "Quand un de mes client exprime un élément de son vécu, il m'arrive d'identifier un ressenti en moi". Pour ma part, je rappelle que pour être thérapeute, il est indispensable d'avoir fait un travail sur soi, et de préférence avec la même approche que l'on utlise pour ses patients. Cette phrase aussi m'a surprise : "Pour le thérapeute, tout au long d'une séance, l'attention se portera à vérifier la substance du récit du client". Je n'ai peut être pas saisi la subtilité de l'auteur dans ses explications, mais personnellement, je dirais plutôt que : "Ce qui s'exprime n'est pas ce qui est dit, mais ce qui aspire à être dit"... Mais je partage la finalité sur le but d'une démarche thérapeutique et également l'impact de nos émotions sur notre corps.

derniers articles sur thérapies et méthodes de psychologie

PUBLICITÉ