Nos amies les bêtes
Le salon de l′agriculture qui se déroule actuellement est encore une occasion de repenser notre rapport aux animaux.
Le salon de l′agriculture qui se déroule actuellement est encore une occasion de repenser notre rapport aux animaux. Car les échanges passionnés pour ne pas dire passionnels qui alimentent les débats sur ce sujet ne peuvent laisser indifférent. En allant un peu plus loin, chacun peut, dans sa relation avec un animal sous son toit, en apprendre beaucoup sur lui-même.
Dominant – dominé
Tout d′abord, cette interrogation quant à la place de l′homme dans la hiérarchie de l′évolution et les droits et devoirs qu′il s′y octroie.
Rappelons-nous l′Ancien Testament : « Faisons l′homme à notre image, qu′il domine les poissons de la mer, les oiseaux du ciel (…) Il créa l′homme et la femme, les bénit, leur dit : "Soyez féconds et multipliez, emplissez la terre et soumettez-la....".
Pris au pied de la lettre et dans sa traduction, le « soumettez la » ne manquera pas de déclencher des discussions sans fin pour savoir ce que cette expression recouvre. Chacun voulant finalement y mettre ce qui l′arrange selon la relation qu′il a choisi d′entretenir avec nos amies les bêtes. Là où il a décidé de mettre le curseur de son pouvoir sur les animaux.
On mange quoi ?
Relation tributaire d′une culture, d′un niveau économique, d′une religion, d′une philosophie, et finalement d′une époque. Si pour certains cueillir et chasser est encore le seul moyen de survivre, pour d′autres, manger de la viande est un plaisir, pour d′autres encore un luxe qu′ils ne peuvent s′offrir que ponctuellement, et pour d′autres enfin, une source d′alimentation qu′ils s′interdisent. D′une manière ou d′une autre notre relation à l′animal s′est inscrite très tôt dans le fait de décider qui peut manger quoi, qui a pouvoir de vie ou de mort sur d′autres êtres vivants. Entre les Jaïns, en Inde, qui sinterdisent d′écraser le moindre insecte sur leur chemin, les Hindous pour qui la vache est sacrée, et d′autres peuples consommant volontiers chiens, singes et animaux qui nous donneraient des hauts-le-cœur, le fossé est à la mesure des traditions qui font ce que nous sommes.
Mais rien n′est figé dans le marbre, et nos mentalités sont capables de remettre en question ce qui semblait acquis une fois pour toutes. Pour preuve, les publications, pétitions, débats enflammés, visant à faire éclater nos convictions ; convictions aussi fragiles que celles qui affirmaient jadis à l′encontre des preuves scientifiques que la terre était plate et immobile.
Des animaux et des hommes
Sans les chameaux, sans les dromadaires, sans les chèvres, pour les nomades survivre dans le désert relèverait de la mission impossible. Inversement, adopter une biquette dans nos campagnes juste pour faire plaisir aux enfants et leur offrir quelques fromages à l′occasion, ne relève pas des mêmes préoccupations. Nécessité dans un cas, plaisir utile dans l′autre.
Autre exemple, aucun rapport entre cet éléphant qui aide à transporter des arbres pour défricher des espaces inaccessibles dans la jungle, et cet autre éléphant qui s′ assoit sur ordre de son dresseur afin d′ épater le public un soir de cirque.
Ainsi, si l′animal est investi différemment selon ce que la nature a fait de lui, selon qu′il assure notre survie tout autant que la sienne dans un rapport d′utilité réciproque, on peut éduquer, modifier ce rapport, parfois pour le meilleur, mais parfois pour le pire.
Que l′on pense à ces chiens dressés pour repérer des skieurs perdus sous les avalanches. Ces autres chiens capables de détecter de la drogue, percevoir des cancers avant tout examen médical, informer un patient épileptique d′une crise à venir..... mais aussi à ces chiens porteurs de bombes tels de la chair à canon sur des théâtres de guerre.
Mentionnons aussi la présence de plus en plus fréquente d′animaux comme les chevaux, dauphins, chats, lapins, en tant que médiateurs lors de séances de thérapies ou comme support de resocialisation, de travail de la mémoire auprès de personnes âgées.
Nos animaux de compagnie
Nos chers animaux de compagnie sont justement un bon exemple de nos présupposés quant à notre rapport à l′animal. Il y a ceux que l′on a toujours considérés comme tels : chat, chien, hamster, poisson rouge et autre canari, pour qui l′on ne se demandera pas s′il faut les traiter comme ceci ou comme cela, les faire cuire comme ceci ou comme cela,... et d′autres qui entrent à leur tour dans cette catégorie domestique malgré quelques réticences des voisins : boa, python, lionceau...furet, porc-epic.
Dès lors qu′il n′est plus un simple animal mais un animal «de compagnie», notre compagnon se voit alors investi au même titre que n′importe quel humain, de tout ce que l′on peut projeter sur lui : affection, frustration, espoirs, déceptions.
Ce petit toutou, comme il ressemble à sa mémère
Qui n′a pas souri en voyant ce joli toutou portant un nœud pap′ sur la tête, des bottines Louis Vuitton, trottinant aux côtés de sa maîtresse, elle-même tellement ravie, qu′on se demande finalement lequel des deux promène l′autre. Ou encore ce Pitbull prêt comme son maître à en découdre avec qui osera lui interdire de déposer ses saletés sur le trottoir.
Qui se ressemble s′assemble, dit le proverbe. Et tout un chacun peut voir la proximité physique, psychologique, qui existe entre un animal et son maître. Et d′ailleurs, pourquoi dire « maître » ? Nos braves paysans se qualifient-ils de maître pour leurs animaux ? Tout dépend alors de la relation que l′on établit avec son animal de compagnie, le rôle qu′on lui fait endosser bien malgré lui. À titre d′exemples :
- Le chat consolateur, pour cette personne isolée, déprimée.
- L′animal protecteur, ce berger allemand capable de repousser les individus louches
- La panthère, pour ces milliardaires du Golfe qui se la jouent sans mesurer les risques encourus par leurs domestiques.
- Le rat sur l′épaule, pour cette minette genre métallo-punk des beaux quartiers
- Un lapin, pour cette famille désireuse d′apprendre aux enfants les rudiments des soins et de l′hygiène.
- Pour finir, hélas, le souffre-douleur pour ces pervers manipulateurs qui déchargent sur un animal tout leur mal-être en s′ illusionnant ainsi sur leur toute-puissance.
Comme tout être vivant avec qui nous entretenons des relations, nos chers animaux domestiques qui partagent notre quotidien, sont de bons révélateurs de notre personnalité. Et quand on dit « animal de compagnie », c′est en s′ interrogeant sur le genre de compagnie que nous leur offrons, que nous pouvons en apprendre un peu plus chaque jour sur nous-mêmes.
Photos : Shutterstock
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