Nos réactions sont-elles vraiment les nôtres ?
Ce texte est une invitation à regarder de plus près ce qui se joue derrière nos émotions. Pourquoi on réagit comme on réagit et que fait la thérapie là-dedans ?

Nos réactions sont-elles vraiment les nôtres ?
« L'acceptation compatissante et respectueuse des autres est possible dans la mesure où une personne a accès à la compréhension et à la perspicacité de la dynamique de sa propre personnalité. »— Nancy McWilliams
Que se cache-t-il derrière nos émotions ?
L'idée que nos réactions sont directement liées à notre histoire personnelle est un concept fondamental en psychologie. En effet, la manière dont nous réagissons aux situations ou aux personnes n'est pas simplement une réponse aléatoire, mais bien souvent le reflet d'un apprentissage émotionnel formé au fil du temps.
Cette dynamique, qu'on appelle « dynamique de la personnalité », désigne les schémas formés tout au long de notre développement.
Chaque réaction émotionnelle illustre nos expériences passées – souvent de manière inconsciente. Une chaîne s'installe : l'émotion crée l'action, l'action déclenche une réaction, la réaction influence l'environnement, et celui-ci nous renvoie une réponse. Et ainsi de suite.
On pourrait en déduire, d'une certaine manière, que : « En partie, je construis autour de moi ce que je suis. »
Prenons l'exemple des réactions face à la douleur :
• J'ai un bobo – je pleure.• Pour d'autres : j'ai un bobo – je tape.• Ou encore : j'ai un bobo – je me tais, je me renferme, je fuis.
Pourquoi une telle multitude de réponses possibles ? Chaque individu est unique, avec un vécu personnel et une accumulation de comportements appris
qui, à un moment donné, ont constitué une base de sécurité importante. Souvent, il s'agissait de survie — physique, émotionnelle, ou les deux.
Ces réactions ne sont donc pas de simples réponses immédiates à la douleur. Elles sont des réponses conditionnées par nos expériences passées.
La relation comme lieu de changement
La thérapie peut nous aider à prendre conscience de ces schémas, à comprendre pourquoi nous agissons d'une certaine façon, et à nous libérer de certains automatismes.
Je veux ici mettre l'accent sur le besoin de « l'autre » dans le processus d'évolution personnelle. Les blessures se sont souvent formées en interaction avec un individu ou un groupe. L'antidote se trouve au même endroit : dans une relation saine, stable et sécurisante avec un autre être humain.
Ce processus est souvent lent et demande du temps pour qu'une nouvelle expérience s'intègre durablement.
Parfois, au cabinet, j'entends : « Ça fait du bien de le savoir… Pourquoi on ne me l'a jamais appris ? »J'ose imaginer qu'un jour, la psychoéducation fera partie de l'éducation nationale.
Réactions automatiques
Ces réactions ont une forme de rigidité : « c'est comme ça et pas autrement ». Cela limite le champ des possibles. Une réponse devient alors une solution unique, ce qui peut favoriser la souffrance, les malentendus et les tensions.
Par exemple, une personne ayant appris à réagir à la douleur par l'isolement peut avoir du mal à exprimer ses émotions ou à demander de l'aide dans des moments difficiles. Un isolement progressif s'installe, devenant à la fois refuge et frein à la relation. Il nourrit un sentiment de solitude ou d'incompréhension.
De même, une personne qui a appris à réagir par l'agression (par exemple : frapper pour se défendre) peut se retrouver dans des conflits fréquents, sans toujours comprendre pourquoi, ni savoir qu'une autre issue est possible – car dans son développement, seule cette option existait.
Ces schémas, utiles autrefois, sont-ils toujours adaptés aujourd'hui ?
C'est là qu'intervient la psychothérapie. Elle permet de décoder cette dynamique, d'analyser les schémas qui nous gouvernent. En thérapie, on explore l'histoire personnelle, on identifie les événements qui ont laissé une empreinte émotionnelle.
Le travail thérapeutique aide à comprendre le pourquoi et le comment de nos réactions : pourquoi un événement déclenche une colère disproportionnée, ou pourquoi on se referme dans certaines situations.
En prenant conscience de ces mécanismes, on peut commencer à les déconstruire pour y répondre de manière plus consciente. Il ne s'agit pas simplement de « changer » une réaction, mais de comprendre d'où elle vient, ce qu'elle signifiait autrefois pour nous, et pourquoi elle n'est plus utile aujourd'hui.
On s'ouvre à une nouvelle manière d'être – avec soi-même et les autres.
Une rencontre avec soi
Comprendre ses réactions, c'est aussi réduire la durée et l'intensité des émotions désagréables, trouver plus facilement des solutions, et offrir moins de temps à des événements sur lesquels nous n'avons aucune prise (les infos, les bouchons, l'humour douteux du voisin, etc.).
Savoir que chacun porte une histoire qui influence ses comportements et ses émotions, c'est un premier pas vers une vie plus apaisée… et peut-être même plus joyeuse.
Autrement dit : pour accueillir l'autre avec bienveillance, il faut d'abord apprendre à se connaître soi-même en profondeur.
En développant cette compréhension, on devient plus apte à répondre avec compassion, sans jugement, en reconnaissant que les réactions de l'autre sont aussi le reflet de son propre parcours.
Note
Attention à la tentation d'accumuler les démarches thérapeutiques comme si l'on cherchait une solution immédiate. Le vrai travail demande du temps, de la profondeur, et parfois... un peu de lenteur.
J'aime cette blague d'un homme qui monte dans un taxi et dit au chauffeur : « Allez-y doucement, je suis en retard. »Mais bon, ça, c'est encore un sujet qui mériterait un article à lui tout seul…
Victoria Vachtchouk – Psychopraticienne en Gestalt-thérapie et thérapeute EMDR
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Rien de bien nouveau dans cet article... Sauf cette dernière phrase que je valide : "Attention à la tentation d'accumuler les démarches thérapeutiques comme si l'on cherchait une solution immédiate".