Notre cerveau, cette énigme

Le voile se lève... Après les dernières expériences des neurobiologiste : de l'abandon des notions d'inné et d'acquis !

29 AOÛT 2017 · Lecture : min.
Notre cerveau, cette énigme

Les neurobiologistes commencent à élucider certains mystères en matière de transmission... Et remettent en question la réalité d'un inné indépendant de l'acquis.

De la plasticité cérébrale…

Il s'agit d'une des plus récentes découvertes des neurobiologistes. Stratégie d'adaptation à notre milieu, elle permet la mise en place d'une réorganisation cérébrale lors de chaque interaction nouvelle avec notre environnement. Ces expériences créent un remodelage de notre cerveau et donc de nouvelles connexions neuronales. L'ensemble de ces modifications, qui surviennent tout au long de la vie, apporte la réponse la plus juste possible pour nous permettre de nous ajuster à notre milieu. Toutes nos expériences sont susceptibles de modifier ces connections neuronales et nous ne finissons jamais de nous adapter.

… à la transmission épigénétique

Ou comment se réalise la transmission vers nos descendants des souvenirs de nos expériences personnelles, et cela, sur au moins trois générations !

Une étude suédoise de l'université d'Uméa[1] démontre, en effet, qu'un individu pourrait être influencé par le mode de nutrition de ses ancêtres. Ayant étudié plusieurs générations d'une population d'un petit village isolé, l'équipe a mis en évidence que, si l'un des aïeul avait souffert de famine, sa descendance héritait d'une protection particulière contre les maladies cardio-vasculaires et le diabète. C'est une transmission dite « épigénétique » car elle ne s'inscrit pas dans le code génétique proprement dit mais sur une protéine particulière.

Une autre expérience, menée à l'université Emory d'Atlanta[2] aux États Unis est venue conforter ces résultats. En quoi consistait cette expérience ?

Dans un premier temps, des souris mâles ont été mises en contact avec une odeur spécifique, puis soumise à un choc électrique. Sous l'effet du choc, les souris sursautaient. L'expérience ayant été répétée plusieurs fois, s'en est suivie une mise en mémoire de l'événement. Puis ces mêmes souris ont été soumises à la diffusion de l'odeur mais sans choc électrique. Elles montraient alors le même comportement que dans la première partie de l'expérience : elles sursautaient également (c'est ce que l'on nomme le réflexe pavlovien).

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Dans la seconde partie de l'expérimentation, ces mêmes souris mâles ont été placées avec des femelles le temps de leur permettre de s'accoupler. Puis mâles et femelles ont été séparés définitivement. Quelques semaines plus tard naissaient des souriceaux, exclusivement élevés par les femelles.

Pour clore l'expérience, les souriceaux devenus adultes ont été, à leur tour, mis en contact avec la molécule odorante (identique à celle émise pour leurs pères). Pères, je le rappelle, avec lesquels ils n'ont jamais été en contact. Les chercheurs ont alors constaté que, face à cette odeur, et sans choc électrique, les descendants ont eux aussi tous sursauté !

Comment l'information a-t-elle pu leur être donnée ?

Par quelle incroyable transmission cette mémoire a-t-elle pu être transmise ?

Voilà qui interdit, désormais, de garder les anciens dogmes de l'inné et de l'acquis. Réjouissons en nous car la plasticité cérébrale permet de réinscrire de nouvelles informations en fonction de nos expériences propres, et cela pour plus de liberté !

Encore réticent à provoquer le changement et à consulter ?


[1] Etude publiée dans l'Européan Journal of Human Genetics

[2] Etude menée par Kerry Ressler et Brian Dias, Sciences et Vie n°1158, mars 2014

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Patricia Emmerling

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