"Nous les psy !"

À la question : « Vous faites quoi dans la vie ? » La réponse va de : « je suis psy ».... à     « heu.. je suiiis... psssy ».

30 SEPT. 2019 · Lecture : min.
"Nous les psy !"

À la question : « Vous faites quoi dans la vie ? » La réponse va de : « je suis psy ».... à     « heu.. je suiiis... psssy ». Autrement dit, de la certitude de susciter l′intérêt ou la neutralité chez l′interlocuteur, à la crainte de déclencher sa suspicion ou son rejet.

Car s′il est une profession qui renvoie à bien des fantasmes, c′est celle-là.

Tout comme certains vous diront « Je ne crois pas aux voyantes parce qu′elles n′annoncent que des mauvaises nouvelles », d′autres vous diront «Les psy ont leurs problèmes comme tout le monde, ils ne vont pas régler les nôtres.». Ce qui somme toute, n′est pas totalement faux. Car comme disait une amie psychiatre « Tu sais, on s′intéresse à la matière parce qu′on en fait partie ». Oui mais, avec cette différence que nous autres, avons passé quand même pas mal de temps à explorer notre matière mentale, même si les trous noirs de notre univers psychologique restent inaccessibles aux télescopes des sciences humaines.

Psychologue, psychiatre, psychanalyste, psy-machin, psy-truc, psy-autre-chose....

Pas question de se lancer dans la carrière sans avoir passé préalablement un minimum d′années à étudier sur les bancs de l′Université ou de tout autre Institut préparant à ces diverses professions. Avant d′avoir également passé des heures en formations diverses, en rendez-vous chez des confrères et consœurs expérimentés afin de tirer au clair nos propres failles, nos forces et nos faiblesses.

Remarquons d′abord que l′ appellation Psy est devenue quasiment un nom générique, pratique certes, mais semant la confusion quand il s′agit de faire le choix du praticien.

Retour en arrière : Dans les années 70-80, on pouvait encore grosso modo s′y retrouver de la manière sivante  :

  • Les psychiatres : médecins qui faisaient un peu peur, car sensés gérer à coups de médicaments et quelques entretiens ceux qui pétaient les plombs, notamment dans les hôpitaux.
  • Les psychanalystes : l′élite, ceux chez qui il fallait absolument être passé de longues années si on voulait apporter la preuve d′une transmutation personnelle ou faire valoir le fameux contrôle qualité et la certification maison avant d′ouvrir soi-même son propre un Cabinet sous l′oeil d′un maître. Qu′on se désolât de leurs silences énigmatiques ou de ces  « hum...oui.... et vous qu′en pensez-vous ».... payés au prix fort ou encore de discours souvent hermétiques voire abscons, c′était la voie incontournable pour qui voulait faire partie du cercle des initiés.
  • Les psychologues cliniciens : souvent perçus comme complémentaires des psychiatres hospitaliers avec des fonctions mal définies qui pouvaient varier notablement d′une institution à l′autre. Mais à même d′apporter un éclairage sur le fonctionnement psychique, les capacités intellectuelles, les liens sociaux, familiaux, en vue d′une meilleure adaptation.
  • Les psychologues scolaires : répondant aux inquiétudes des enseignants, et des parents.
  • La psychologie expérimentale et sociale  : tiraillée entre le besoin d′objectivation et l ′impossibilité de réduire la vie psychique à des statistiques et des équations.
  • Les psychologues d′′entreprises : ces mal vus de la société libertaire post-soixante-huitarde. Assimilés aux auxiliaires du capitalisme, jalousés dans la profession.... car... mieux payés que les autres  !

Les choses ont bien changé

Venues principalement des pays anglo-saxons, des approches plus pragmatiques ont fait leur apparition chez nous, obligeant la psychologie à effectuer sa révolution copernicienne. Il lui revenait alors de considérer que la réalité n′était pas là pour valider la théorie, mais que la pratique, l′observation, l′innovation, étaient tout aussi légitimes pour écouter, comprendre, aider, en s′appuyant sur de nouvelles connaissances qui s′articuleraient à leur tour à de nouvelles théories.

Aussi, moult pratiques ont fait leur apparition qu′il serait trop long d′énumérer ici même.

Ce lien, de même qu′une recherche plus large sur le Web répertoriant les courants actuels, vous aideront à vous faire une idée et à choisir une approche qui « vous parle », un(e) thérapeute avec qui le courant passe.

Car avec cette profusion de méthodes le terme réducteur « Psy » est tombé dans le langage courant non sans créer une certaine confusion pour tout individu lambda qui a besoin d′un accompagnement psychologique.

Quelques conseils

  • Les psy, comment faire son choix ?

Comme dans toute profession, le très moyen côtoie le meilleur, tant au niveau des méthodes qu′au niveau des praticiens. (notre modestie dût elle en prendre un coup puisqu′il nous arrive parfois de penser qu′on est meilleur que le confrère ou la consoeur d′à côté !)  .

  • Se pose alors la question : comment trouver « le bon psy » ?

Alors que chacun, chacune d′entre nous, arrive à évaluer approximativement les compétences de son coiffeur ou de tel artisan du coin, il est plus difficile de porter un jugement sur un praticien en sciences humaines tant la matière échappe à l′objectivité et se nourrit en permanence d′un va-et-vient entre un psy et son patient selon le lien de confiance qui a pu se tisser entre eux.

Déjà, la formation, les diplômes, les conseils d′un médecin, d′une personne appartenant au milieu para-médical, d′anciens patients, vous aideront à faire un choix. Mais plutôt que de chercher à tout prix le – la meilleur(e) psy, mieux vaut commencer par éviter les profils atypiques :

  • Pour ce faire, quelques pistes : s′interroger sur celui ou celle :

- qui vous promet illico de vous soulager de vos problèmes avant même d′avoir écouté votre demande.

- qui a la méthode miracle, celle qui intègre toutes les autres et vient à bout de toutes les problématiques. Bref, qui vous promet le bien-être garanti pièces et main d′oeuvre  !

- qui vous relance à domicile, par mail, SMS, et ne vous lâche plus

- qui vous embarque dans des trucs ésotériques, vous persuade de traumatismes vécus alors que tout cela ne vous dit rien.

- qui a le tutoiement un peu trop facile et vous considère déjà comme un(e) ami(e) avant même de vous connaître et qui vous raconte sans arrêt sa vie

- qui ne respecte pas les horaires, les tarifs, reste scotché à son téléphone en séance...

Une fois l′accompagnement psychologique engagé et après quelques rendez-vous, vous arriverez peut-être à un carrefour où vous aurez le sentiment de stagner. Il sera bon de voir alors si votre psy met systématiquement le peu de progrès de votre thérapie sur « votre résistance à vouloir changer... votre manque d′implication....le transfert négatif.... ».

Certes, changer son mode de fonctionnement, renoncer à ses certitudes, à des habitudes bien ancrées, remettre en cause sa vie personnelle, professionnelle...ne sont pas chose simple, et donc comme on dit « ça résiste, ça prend du temps ».

Etre en colère contre son psy, être déçu, ou au contraire, l′idéaliser, s′y attacher, font partie de ces éléments vécus que l′on retrouve non seulement en thérapie dans le « transfert » mais aussi dans toute relation humaine à un degré ou un autre.

Cependant il arrive aussi que pour des raisons objectives les choses ne se passent pas toujours bien. Il est alors trop facile dans ces cas là de tout mettre sur le dos du transfert ou de je ne sais quelles résistances plutôt que d′aborder ce qui ne va pas et d′expliciter les malentendus. Peut-être la méthode choisie a t′elle atteint ses limites ? Peut-être y a t′il une lassitude tant du côté du thérapeute que du patient ? Peut-être n′est il tout simplement pas possible de réécrire le passé...

Même si le contrat thérapeutique, l′implication, la régularité, sont importants, ils ne doivent pas pour autant servir de prétexte pour refuser d′entendre le patient quand il émet de légitimes réserves. S′en ouvrir au psy, en discuter, écouter sa propre intuition, sa petite voix interieure, tout cela fait partie de la démarche.

La nature du soutien, le type de thérapie, la forme du coaching... tout cela est important

Mais le « contrat de confiance ! » entre psy et patient est la condition nécessaire - même si elle n′est pas suffisante - , du succès de la démarche engagée.

Grâce à une abondante littérature, grâce aux forums, aux émissions télé, aux réseaux sociaux, aux échanges de toutes sortes, la psychologie a pu sortir de l′ombre, pour ne pas dire descendre de son piédestal, ces dernières décennies. Ce qui a permis à chacun de mieux se l′approprier, de devenir co-acteur de la démarche, mais à condition de toujours garder un œil critique sur ce qui se joue ici-et-maintenant dans la relation patient-psy.

Photos : Shutterstock

PUBLICITÉ

Écrit par

Maurice Gaillard

D.E.S.S PSYCHOLOGUE & Victimologie - Après une longue expérience auprès des personnes en difficulté professionnelle, il s’est spécialisé dans l′aide aux victimes pour élargir ensuite sa pratique à toutes les personnes en souffrance ou ayant besoin de faire le point sur des moments clefs de leur vie.

Consultez nos meilleurs spécialistes en
Laissez un commentaire

PUBLICITÉ

Commentaires 1
  • Mirabelle

    Les psys sont des personnes étranges, parfois énigmatiques, aux comportement bizarres, on a toujours l'impression d'être testés, ils sont déroutant parfois, mais je sais qu'ils restent dans la bienveillance, la neutralité, le non jugement, et l'empathie, leur but de nous faire découvrir les ressources que nous avons en nous pour aller mieux, pour nous élever et surtout qu'ils changent notre votre vision des choses. Et pourtant, bcp de personnes ont un à priori quant à leur fonction.

derniers articles sur thérapies et méthodes de psychologie

PUBLICITÉ