Père malgré-soi ou la paternité forcée

"Elle a fait un bébé toute seule", chante Jean-Jacques GOLDMAN...

29 SEPT. 2014 · Lecture : min.
Père malgré-soi ou la paternité forcée
Au-delà de la chanson, c'est une réalité à laquelle certains pères se trouvent parfois confrontés. En témoigne le reportage diffusé lors du Journal Télévisé de 20 h sur FRANCE 2 le 20 janvier 2013 ; Reportage montrant des hommes qui, suite à une aventure d'un soir, apprenant que la femme avec qui ils avaient eu une relation était devenue mère et les poursuivaient au tribunal pour obtenir une reconnaissance de paternité.

Comment les hommes vivent-ils cette paternité forcée lorsqu'ils la découvrent ?

Autrefois, s'agissant des filles-mères, on disait qu'elles avaient été "séduites" et "abandonnées". Quel terme existe dans notre société actuelle pour décrire ce que les hommes peuvent ressentir lorsqu'ils se trouvent relégués au simple rôle de géniteur, confrontés à cette paternité volée ?Pouvait-on penser que 30 ans après la pilule et l'avortement (progrès qu'il ne viendrait à l'idée de personne de remettre en question), le pouvoir allait changer de mains, le rapport de force s'inverser ? Au fil de l'histoire, le statut des mères célibataires a en effet, évolué. Autrefois honteux, il est parfois aujourd'hui revendiqué par certaines femmes. Confrontées à leur horloge biologique et n'ayant pas toujours rencontré l'homme en qui elles projettent un père potentiel, dans la mesure où elle s'assument financièrement, certaines font le choix de prendre en charge seules cette maternité. D'autres raisons dont nous ne débattrons pas ici peuvent les conduire à faire ce choix.

Une femme qui se retrouve enceinte aujourd'hui a le choix d'avorter ou encore d'accoucher sous x si elle refuse cette maternité. Quels recours ont les hommes (mariés ou non) si leur partenaire souhaite maintenir malgré eux cette grossesse ? Présomption de paternité et Recherche de paternité les mettent devant le fait qu'il est impossible en droit de séparer sexualité et procréation, slogan pourtant scandé dans les années 70 par les femmes pour accéder à la contraception et à l'I.V.G. "Un enfant si je veux, quand je veux et avec qui je veux ! "Tout comme les femmes, on pourrait alors imaginer que les hommes puissent choisir le moment où ils voudront avoir des enfants ou pas.

À l'heure où la levée du secret de l'anonymat (dons de gamètes : projet de loi de bioéthique) fait grandement débat, cela repose la question des pères anonymes (ou pères qui s'ignorent). Pour ceux qui prônent la levée du secret, gommer l'identité du donneur c'est manipuler la filiation dans la mesure où on escamote son aspect biologique ; cette occultation engendrant des désordres et des souffrances psychiques chez l'enfant.Qu'en est-il alors des enfants dont le géniteur ignore qu'il est père et qui n'a pas donné son consentement pour cette grossesse ? Ces enfants sont eux aussi en quelque sorte, les victimes de cette paternité forcée.Que faire du rôle de lien séparateur du père que la psychanalyse leur attribue depuis la nuit des temps, de Freud à Lacan si la femme est en mesure de décider de faire un enfant toute seule ?

Que dit la loi à ce sujet ?

Dans la loi de 1972, centrée sur l'importance du lien social, le père est d'abord celui qui aime et qui éduque. Mais "centré sur les nouvelles connaissances en biologie et l'évolution des techniques, le père est aussi celui que le spermogramme ou l'empreinte génétique désigne comme tel".Une action en recherche de paternité qui s'appuie sur les analyses ADN peut durer jusque 10 ans au-delà des 18 ans de l'enfant. On peut donc poursuivre le géniteur jusqu'aux 28 ans de l'enfant (loi de 2005). C'est ainsi qu'un homme peut apprendre par courrier, lors d'une assignation en justice sa présumée paternité...

Pour un statut du géniteur sous x"Au moment où un homme prend connaissance d'une grossesse dont il ne souhaite pas assumer les conséquences, il devrait pouvoir faire appel à une procédure analogue à celle de l'accouchement sous x. Cette procédure le protègerait d'un recours aussi bien de la femme que de l'enfant. Il deviendrait ainsi "géniteur sous x" laissant à la femme, la responsabilité de mettre au monde l'enfant dont elle aurait pu effectivement avorter".

Marcela Iacub, juriste et chercheuse au CNRS Extrait d'un point de vue publié dans "Libération" le 25 janvier 2005.

Un collectif de pères confrontés à cette problématique de "paternité subie" s'est regroupé autour d'une association "Pères Malgré-nous". Ils souhaitent faire reconnaitre par la loi, le préjudice d'une paternité imposée.

Pour aller plus loin, si ce sujet vous intéresse : "Paternités imposées" de Mary Plard (avocate) - Editions "Les liens qui libèrent" - 2013 - 17,50 E.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Patricia Cattaneo

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Commentaires 1
  • Suzon8347

    Devenir père est un choix comme le choix de devenir mère il ne devrait avoir aucune il obligation car avoir un enfant c est pour la vie Il faut aussi penser à cet enfant qui va grandir et demander de raconter son histoire.

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