Pourquoi Brest ? Une histoire symbolique de migration

Conférence à Paris, mars 2017 au SFPA. Ce travail a pour but de faire le portrait symbolique ma propre migration. Je ferai ce portrait en me basant sur l'optique de la psychologie analytique

26 OCT. 2018 · Lecture : min.
Pourquoi Brest ? Une histoire symbolique de migration

Pourquoi Brest ? Une histoire symbolique de migration guidée par l'Esprit.Luis CALDERA Psychanalyste Jungien.Brest, 15/03/2018 Présentation. Pourquoi Brest ? Je commence par la réponse : Par l´Esprit. Ce travail a pour but de faire le portrait symbolique ma propre migration. Je ferai ce portrait en me basant sur l'optique de la psychologie analytique, en conséquence, je resterai très attentif à l´Épiphanie des complexes et des archétypes. Je présente ma compréhension de la psychanalyse jungienne à partir de mes propres expériences. Le fil conducteur de ce travail suit l'émergence (manifestation) de la vie subjective, de l´invisible, de l'esprit. En novembre 2016, lors de ma première rencontre avec les membres de la S.F.P.A beaucoup d'entre vous me demandient avec un véritable intérêt : pourquoi Brest ? Pourquoi pas le sud de France, ou Strasbourg, ou les Pyrénées où il existe une communauté hispanophone importante ? Je vais essayer de répondre à ce question. Dans un premier temps, je voudrais faire une synthèse de ma façon de comprendre la psychologie analytique et par la suite je vous présenterai la description symbolique de mon processus d'immigration.Conception Jungienne. Si la réponse à "pourquoi Brest ?" est par "L'Esprit", donc de quelle manière comprenons-nous L´Esprit ? Notre compréhension de l'esprit comporte deux sens :

1) L'esprit comme phénoménologie de la vie psychique, avec "e" minuscule, comme expression de la transformation de l´âme. La psychanalyse jungienne constate que la psyché profonde est dotée d'une intelligence innée. L'esprit structure la vie psychique.

2) Mais on peut aussi considérer l'Esprit tel qu'il est décrit dans la doctrine chrétienne étant la troisième personne de la Trinité, Esprit avec "E" majuscule. Je fais référence ici à L'Esprit comme expression de l'amour de Dieu qui cherche le salut et la réalisation de l'être que nous sommes comme personne véritablement humaine, sans se substituer à une autre personne. La psychologie analytique issue au départ de la psychiatrie clinique s'approfondit aussitôt dans la phénoménologie de l'âme et de l'esprit. Décrire l'historiographie de l'âme (ou Psyché) est de décrire les événements subjectifs. Il est impossible de décrire l'âme suivant un ordre chronologique. La psyché est atemporelle et anhistorique. L'importance mise sur l'observation et la description des phénomènes cliniques et psychiques guidée par l'intelligence de l'esprit est ce qu'on appelle l'herméneutique jungienne. La psychanalyse proprement jungienne ne cherche pas à faire des interprétations de la psyché. Elle ne poursuit pas l'amélioration ou le renforcement des défenses du moi (ou ego). Elle ne s'efforce pas d'améliorer l'adaptation du patient dans la société. Elle n'est même pas en quête d'éradiquer la douleur ou la souffrance. Toutes cela est inclus dans la psychanalyse réductive où de rechercher les causes, c'est la travail sur l'ombre et l'ego, nécessaire mais pas suffisante et qu'en tous cas on ne devrait pas refuser. L'analyse synthétique our prospective, donne espace à l'âme et à la personnalité pour s'exprimer de l'intérieur avec sa propre intelligence. Qui guide alors l'analyse dans la conception jungienne ?

Le soi, ou en d'autres termes l'esprit recteur. Celui qu'on aperçoit du plus profond de l'âme. Celui qui donne le sens et unifie la complexité de l'expérience humaine. Le point d'union entre l'esprit recteur du soi-même en tant qu´ intelligence de l´archétype de la totalité, d'esprit avec un "e minuscule" et l'Esprit avec "E" majuscule de l'amour inconditionnel du Dieu, est la synchronicité telle qu'elle est décrite par Jung. Dans un tel sens, elle est susceptible d'être vérifiée comme coïncidence capable de donner une signification subjective à l'expérience. Tout en gardant pour soi, un côté mystérieux, numineux, qui résiste à toute analyse rationnelle, mais qui n'est pas pour autant moins essentiel pour l´âme. Le travail analytique s'adresse, psychologiquement en parlant, à la conscience, aux attitudes prises, et à la disposition de celle-ci à se laisser guider par le soi (le self ou archétype central).

Seule l'attitude peut changer face à la plupart des circonstances que la vie nous réserve. La psychanalyse jungienne est l'expérience de découvrir comment la psyché profonde cherche à se développer. La conscience de l'ego peut faciliter ou empêcher la réalisation de l´âme. L'art du psychanalyste, qui rentre et sort de la psyché du patient, ne consiste pas à le remplacer ou à faire le chemin à sa place, mais à l'accompagner tout en éclairant timidement une partie de son chemin avec la lumière de sa propre conscience. Le psychanalyste n'est pas sensé savoir plus que son patient, mais il a confiance dans la psyché et il apprend au patient à avoir confiance en elle. La première étincelle de l´opus thérapeutique est la souffrance, la compulsion des complexes. Si l'on prend la souffrance comme un signe de l'âme, si la souffrance est une compensation (compromis) psycho-biologique du corps somatique et psychique, alors la conscience serait capable de dévoiler le mystère qui palpite à l'intérieur de l'âme. L'aspiration de la personnalité à se développer et la synthèse faite par la psyché profonde entre les circonstances internes et externes sont vécues par le moi (l'ego) comme une tension. Néanmoins, cette tension permet l'activation de la fonction transcendante et créative. La situation analytique est le vase alchimique capable de faire contention à la tension et à la souffrance.

Le vase alchimique est constitué fondamentalement de la rencontre amoureuse et transférentielle. Avec le cours du temps il sera récipient d'un ensemble complexe de réflexions et de rencontres. Alors, l'âme se fera corps, corps psychique, corps physique, corps relationnel et la personnalité sera susceptible de se déployer. Je fais référence ici bien entendu au processus d´individuation. Au contraire, certaines attitudes et attachements pris par l'ego peuvent faciliter la régression et la névrose. La capacité créative est dirigée vers la destruction et le corps psychique peut disparaître. On constate alors une inflation de l'ego dans laquelle "éros" est remplacé par le pouvoir. Tel le rythme de compensation naturel entre les forces centrifuges et centripètes qui font bouger l'univers, l'âme suit aussi un mouvement de compensation entre l'expansion et la contraction. Les trous noirs de l'univers peuvent représenter la névrose régressive qui dans sa façon la plus destructive devient psychose. Le mouvement expansif, de son côté, correspond au développement de la conscience et de la personnalité. "Comme il est en haut, il est en bas", et dehors et dedans. Les coïncidences spatio-temporelles, physiques et psychiques chargées de sens, comme la lumière fragile du rêve de Jung adolescent, vont éclairer les brumes et les orages des circonstances ainsi que la tension et la souffrance de la vie quotidienne.

La pierre philosophale qui transforme la souffrance en or est la conscience qui donne du sens et crée les expériences. Elle est perçue, tel qu'on peut le constater cliniquement, comme une sensation intérieure d'espace (le Shalom juif, la paix chrétienne, l'illumination bouddhiste). Le corps et l'esprit subissent une transformation dans laquelle les conditionnements ne sont plus oppressifs. Malheureusement, j'ai trop souvent entendu tout au long de ma pratique de psychothérapeute que le critère d'amélioration d'un patient est lié aux réussites du genre, reconnaissance professionnelle, économique, ou aux réussites sociales comme faire un bon mariage. Je suis de l'avis que celles-ci sont des déformations capitalistes des principes de santé. L'âme n'est pas enfermée dans des idéologies d'ordre générique ou politique. L'âme tient ses racines dans le souffle ou Esprit de Dieu, "E" majuscule, et l'étendue de sa profondeur restera toujours un mystère. Les conceptions matérialistes et positivistes de l'homme finissent par devenir des idéologies d´oppression. Elles limitent la liberté ou la renfermant dans une construction humaine. Pour Jacob Levy Moreno, le premier commandement est "créer". L'épiphanie de la liberté humaine s'accompagne de l´épiphanie de la création. Avec Dieu, l'homme peut se créer lui-même ou se détruire. Ce choix est au centre de la réflexion analytique.

On doit partir du présumé du libre vouloir autrement la psychothérapie n'aura pas de sens et moins encore l´éducation. Attention aux positions réductrices radicales qui nient le libre choix et mettent tout le poids sur les conditionnements inconscients. Attention aussi au tout-psychique, comme si toute la réalité est mental. Attention à la psychologie et à la psychanalyse qui peuvent devenir une morale. La réflexion faite sur la liberté est aussi une réflexion morale mais la réflexion qui est présente dans le cabinet de l'analyste a plus à voir avec la vérité plutôt qu'avec le bien. La vérité du patient est celle qui vient du cœur du soi. La vérité est au-dessus de la morale. L'objectif de l'analyse est de se reconnaître soi-même. Dans la rencontre analytique la souffrance et la psyché du patient sont les aspects les plus relevants, et la mission de l'analyste n'est pas d'imposer son avis mais de se tenir en alerte à l'épiphanie de l'âme. La clinique et le respect à la phénoménologie subjective jouent un rôle central. La clinique analytique comporte les signes et les symptômes propres de la sémiologie ainsi que les transformations non-linéaires des symboles de l'âme tel le qu'elle est décrite par Jung dans "Métamorphoses de l'âme et ses symboles". Nous, les jungiens, avons une herméneutique qui nous est propre. Où sont incluses l'herméneutique freudienne mais on va plus loin. On n'est pas coincés dans l'idéologie de la modernité avec l'individualisme et le pouvoir de l'ego placés au centre.

On n'obéit pas non plus à une idéologie religieuse. On n'est pas les héritiers d'un néo-christ nommé Jung ou d'une secte alchimique ou scientifique. Notre pied est fermement posé sur la clinique psychiatrique et notre regard est mis sur la phénoménologie psychique. Comme Alice au pays des merveilles, on court après la souffrance, les compulsions névrotiques et les complexes, mais attention, le lapin n'est pas le but. Ce sont eux qui traînent la conscience vers le labyrinthe du soi-même et vers les besoins profonds de l'âme. La psychothérapie analytique n'est pas une science mais elle s'accroche à cette dernière pour ne pas se perdre dans des spéculations. Elle n'est pas philosophie ou théologie. Je suis de l'avis qu'elle est issue de la médecine qui cherche à transformer et à soulager la douleur. Alors elle est axée sur l'aventure héroïque que suppose le développement créatif de la personnalité. Elle ne cherche plus l'expansion de l'ego mais la réalisation de tout ce qu'on est comme personne humaine. L'action analytique ressemble à celle de l'artisan dans ses rencontres régulières avec son travail réitératif, répétant mille et une fois la même chose, confiné dans un espace et un temps définis. La relation analytique chargée des contenus névrotiques subit des transformations alchimiques qui vont transformer aussi l'analyste. C'est une rencontre humaine qui traverse des moments joyeux et obscurs.

Les complexes envahissent, noient, empoisonnent, mais la lumière de la conscience piégée à l'intérieur de la mécanique névrotique se dégage peu à peu face à l'avancée de l'introspection, la confiance, et le déploiement mystérieux du soi (le self). Le moi apprend à faire confiance au le soi. Avec le rétablissement de l'axe moi-soi le psychanalyste n'est plus l'objet des projections archétypales. La relation analytique s'humanise. La conscience accepte la castration dans la mesure où la liberté intérieure s'élargit. L'analyse ne finit pas. Tel est que les dix taureaux du zen médiéval, ou le fou du Tarot qui parcourt les 21 arcanes majeurs avec ses 56 arcanes mineurs de terre, feu, air et l'eau. Même la mort n'est pas capable de restreindre la liberté humaine, mais ceci serait un autre sujet de dissertation qui aurait Job comme psychopompe.Histoire Symbolique de ma propre migration.Pâques 2012, j'accompagne un ami et collègue à La Havane, à Cuba. Il voudrait faire une étude ethnographique pour son enterprise. A cette époque Chavez était Président du Vénézuéla et ses relations politiques avec le gouvernement cubain et les frères Castro étaient très étroits. Nous arrivons à La Havane un samedi vers midi.

Le soir même on célébrait la Veillée Pascale à laquelle nous participons activement avec la communauté paroissiale. La Pâques est le fondement historique et doctrinal pour les Juifs et pour les Chrétiens. Pour les Juifs, c'est l'événement fondateur de leur nation car, c'est avec l'aide de Dieu, guidés par Moïse qu'ils purent sortir d'Egypte et de l'esclavage pour aller vers la terre promise, terre de liberté. Pour les Chrétiens, la libération se pose en termes eschatologiques, avec la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth, l'homme et l'univers tout entier est arraché aux griffes de la mort pour être conduit vers la libération absolue du Règne de Dieu. En réfléchissant à toute mon histoire, je prends conscience du caractère numineux et libérateur de cet évènement.En tous cas, pendant ce voyage j'ai pu constater directement l'horreur d'un système communiste. J'ai pu comprendre jusqu'où Chavez et les communistes de mon pays, appelés à tort socialistes, voulaient nous entraîner. Après la maladie, puis la mort de Chavez en 2013, il y eut une ouverture, un espoir de changement. Ma consultation privée était suffisamment solide avec 10 patients par jour. Notre Institut de formation de psychanalystes jungiens commençait à prendre corps grâce à de nombreuses années de travail depuis les années 90 avec le Centre d'Études Jungiennes.

J'avais un CDI en tant que professeur à l'Université Centrale du Vénézuéla. A ce moment, penser quitter le Vénézuéla était particulièrement difficile, cela impliquait de renoncer à nos racines et à nos réalisations personnelles et professionnelles.L'histoire a parlé d'elle-même. Après la mort de Chavez, le Vénézuéla est entré historiquement dans un approfondissement catastrophique et dictatorial du système castro-staliniste. Aujourd'hui le pays vit la pire période économique, sociale et politique de ces cent dernières années. C'est la crise migratoire la plus dangereuse que le continent américain, nord et sud, ait connu. Le gouvernement actuel du pays accueille et protège les narcotrafiquants et les terroristes.Pendant les années qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, le Vénézuéla était le pays le plus riche d'Amérique Latine. Il accueillait des milliers d'immigrants. Grâce à une économie puissante, soutenue par le pétrole et une nouvelle immigration qualifiée, le pays se porta à l'avant-garde de la démocratie, de la croissance sociale et économique de l'Amérique du Sud. Une classe moyenne importante se développa et pendant cette période démocratique l'infrastructure agricole, industrielle et urbaine se construisit."L'énantiodromie", bien décrite par Jung, surgit dans notre pays au moment de sa plus forte croissance qui fut aussi celui du début de sa chute.

La classe politique de l'époque n'avait pas su redistribuer l'énorme richesse pétrolière en organisant l'infrastructure sociale et l'éducation. La pauvreté et l'ignorance ne furent pas vaincues. Le gouvernement actuel, avec son discours démagogique, populiste et socialiste suit les lignes politiques de la manipulation comme l'ont fait les Soviétiques et les Cubains pendant la guerre froide. Cela entraîne le pays à revenir socialement et économiquement au niveau des pays les plus pauvres d'Afrique. Depuis l'année 2010 jusqu'en 2017, 3 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays, surtout des professionnels qualifiées qui, comme moi ont des attaches directes ou indirectes avec des immigrants européens. A partir de 2017 la deuxième vague migratoire a commencé, c'est maintenant, pas moins deux millions de personnes de la classe pauvre qui se dirigent vers tous les pays du continent américain y occasionnant une véritable catastrophe migratoire.Au début 2014 notre économie familiale était en miettes et l'espoir d'un changement favorable au Vénézuéla n'était plus que fumée. Nous décidons que c'était le moment d'émigrer. Nous commençons alors un long chemin de réflexion. Du coup, nous avons commencé à taper aux portes de nos amis, relations et collègues aux Etats Unis, au Panama et en Colombie.

Quand nous pensions à la France, mon beau-père, français et breton, nous décourageait en parlant du froid qu'il avait subi dans son enfance. La famille paternelle de mon épouse était décédée et nous n'avions pratiquement aucun contact avec la famille espagnole de ma belle-mère. Enfin, une porte s'entrouvrit, on me proposait de travailler avec les groupes jungiens émergent en Equateur, Colombie et Panama, car les deux sociétés du Venezuela sont mandatées par l'AIPA pour les tutorer. Mais la porte s'est refermée brutalement parce que l'Office Vénézuélien d'Identification ne m'a pas renouvelé mon passeport à temps.Mi 2014, mon épouse a décidé de recontacter un ami d'enfance qui avait vécu neuf mois à Paris et se trouvait à Brest depuis peu de temps. Évidemment pour nous, Brest était totalement mystérieux. Mais grâce aux informations procurées par cet ami, Brest s'est mis à briller comme la meilleure option. Nous prîmes notre décision fin 2015, nous partirions en France, à Brest, à la fin de l'année scolaire 2015-2016 pour laisser nos enfants l'achever. Quelle douleur de quitter mon pays et de me séparer de ma famille. Nous autres latins nous restons très proches de notre mère. Immigrer dans un pays inconnu avec une langue complexe m'angoissait mais de l'autre côté je ressentais un tel désespoir en constatant la vie quotidienne à Caracas.

L'augmentation de la violence, l'insécurité et la difficulté de se procurer de quoi manger et se soigner ravageait le pays. Je craignais que l'avenir soit sombre pour mes enfants et cela me brisait le cœur. Il fallait aussi les séparer de leurs amis, ce qui me faisait aussi souffrir. Vu de ma fonction sensation et pensée, Brest apparaissait comme une bonne option. C'est alors que je vécu ma première synchronicité numineuse.

Un jour que je regardais attentivement la carte de Brest et du Finistère sur Google Maps, quelque chose me parut familier, cela m'attirait, un sentiment de "déjà vu". Je me suis alors souvenu de la BD d'Astérix et d'Obélix que je lisais avec enthousiasme quand j'étais petit, la partageant avec Tintin. J'ai retrouvé la BD des irréductibles gaulois et, à ma grande surprise, j'ai découvert que nous allions vivre sur leur terre, dans l'Armorique de l'Empire Romain, là où Panoramix cueillait les herbes lui servant à préparer ses potions magiques. Au début de ma cinquantaine, alors que ma vie paraissait bien établie, l'Esprit s'est ouvert à moi, et ma vie a trouvé un nouveau commencement, notre Exode, notre Pâque.

Quelque chose d'important m'est arrivé début 2012 : mon analyste, avec qui j'avais travaillé pendant plus de 20 ans, devenu un collègue et un ami, fut hospitalisé pour un cancer du cerveau en phase terminale. Il me demanda mon aide pour donner un dernier cours. J'ai organisé ce dernier cours avec notre premier groupe d'analystes en formation. Maria Carolina Concha était présente. Malgré sa difficulté à parler et de moments de somnolence, il put reconnaître chacun d'entre nous et nous nommer car il nous aimait tellement. Il a ensuite donné un enseignement à chacun d'entre nous. Quand ce fut mon tour, il me regarda avec tendresse, fit un petit sourire fripon et me dit « Arrogant, tu dois choisir l'humilité» Tout le monde a ri, parce que nous avions tous compris de quoi il s'agissait. Quand nous sortîmes de l'hôpital, nous savions que notre maître nous faisait ses adieux, tel Jacob sur son lit de mort, nous recevions une mission initiatique.

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Écrit par

Luis CALDERA

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