Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsqu’on est en dépression ?

Connaissons-nous réellement ce qui se passe dans notre cerveau lorsque nous sommes dans un état dépressif ? Quelles zones sont touchées ? Mieux comprendre ces mécanismes peut nous donner les clés pour mieux réagir.

10 AVRIL 2025 · Lecture : min.
Femme assise à un bureau, l'air déprimé

La dépression est une maladie qui touche plus de 300 millions de personnes à travers le monde selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Si l'on parle souvent des symptômes et des différentes approches thérapeutiques indispensables pour la soigner, on s'interroge moins sur ce qui se passe réellement dans notre cerveau lorsqu'un état dépressif s'installe. Mieux comprendre ces mécanismes cérébraux pourrait pourtant nous aider à adopter des comportements plus adaptés et favoriser le processus de guérison.

Rappel sur ce qu'est la dépression

La dépression est une maladie mentale qui se caractérise par une profonde tristesse, une perte d'intérêt ou de plaisir pour les activités du quotidien, et une diminution générale de l'énergie. Elle s'accompagne souvent de troubles du sommeil, de l'appétit, de la concentration et de l'estime de soi.

Contrairement à une simple période de « coup de blues » ou de fatigue passagère, la dépression s'installe dans la durée (plusieurs semaines ou mois) et impacte sérieusement la vie personnelle, sociale et professionnelle.

Elle résulte d'un déséquilibre complexe entre des facteurs biologiques (déséquilibre des neurotransmetteurs comme la sérotonine), psychologiques et environnementaux. La dépression n'est pas une faiblesse de caractère mais une véritable maladie qui nécessite une prise en charge médicale et psychothérapeutique.

Représentation : Sciences et avenir

Explications sur nos idées noires :

Il est fréquent d'entendre l'expression « voir tout en noir » ou « avoir des idées noires » pour décrire l'état d'esprit d'une personne dépressive. Ces ressentis ont une explication biologique et neurologique : dans la dépression, certaines zones du cerveau fonctionnent de manière anormale, ce qui influence directement nos pensées, nos émotions et même notre vision du monde.

L'amygdale, le centre des émotions en suractivité

L'amygdale est une petite zone située dans le lobe temporal du cerveau, impliquée dans la gestion des émotions, notamment la peur, l'anxiété et le stress. Chez les personnes dépressives, l'amygdale devient hyperactive, ce qui amplifie la perception des émotions négatives et des souvenirs douloureux. Résultat : la personne focalise davantage sur ce qui va mal, rumine ses pensées négatives et perçoit le monde de manière pessimiste.

Le cortex préfrontal, chef d'orchestre des pensées, en hypoactivité

Normalement, le cortex préfrontal joue un rôle de régulateur : il module l'activité de l'amygdale et aide à prendre du recul face aux émotions. Mais en cas de dépression, cette région devient hypoactive. Elle contrôle moins bien l'amygdale, ce qui laisse les émotions négatives envahir la pensée. Ce dysfonctionnement favorise les troubles de la concentration, la prise de décision difficile et le repli sur soi.

Le rôle des neurotransmetteurs et de la sérotonine

La dépression s'accompagne aussi d'un déséquilibre des neurotransmetteurs, ces substances chimiques qui assurent la communication entre les neurones. Parmi eux, la sérotonine (souvent appelée « hormone du bonheur ») joue un rôle majeur dans la régulation de l'humeur. En dépression, la transmission de la sérotonine diminue, ce qui accentue la tristesse, la perte de plaisir et les pensées noires.

Le microbiote intestinal : un acteur encore à l'étude

Des recherches récentes s'intéressent également au microbiote intestinal – cet ensemble de milliards de bactéries qui peuplent nos intestins – et à son influence sur notre santé mentale. On parle de plus en plus des intestins comme de notre « deuxième cerveau », notamment dans les médecines douces et le yoga. En effet, le microbiote produit des substances capables d'influencer le cerveau et la production de neurotransmetteurs comme la sérotonine. Des déséquilibres du microbiote pourraient ainsi favoriser ou aggraver la dépression, bien que ces travaux soient encore au stade de la recherche. Modifier notre alimentation ou prendre soin de notre flore intestinale pourrait, à terme, devenir une piste de traitement complémentaire.

Des déséquilibres du microbiote pourraient ainsi favoriser ou aggraver la dépression, bien que ces travaux soient encore au stade de la recherche. Modifier notre alimentation ou prendre soin de notre flore intestinale pourrait, à terme, devenir une piste de traitement complémentaire.

En résumé, la dépression résulte de véritables perturbations dans le cerveau, où les émotions négatives prennent le dessus et altèrent notre perception du monde. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'il existe des leviers pour agir, dès l'apparition des premiers signes. Consulter un professionnel de santé reste essentiel, mais certains gestes du quotidien peuvent aussi faire la différence : pratiquer une activité physique régulière, adopter une alimentation riche en fibres et en oméga-3 pour soutenir son microbiote, maintenir un rythme de sommeil régulier ou encore s'initier à la méditation et aux techniques de gestion du stress. Plus tôt ces habitudes sont mises en place, plus elles peuvent aider à rééquilibrer le cerveau et freiner la spirale dépressive. Comprendre ces mécanismes, c'est aussi reprendre du pouvoir sur sa santé mentale.

Selon le Centre National de la recherche scientifique (CNRS) : "Les cliniciens et les scientifiques reconnaissent que les antidépresseurs ont leurs limites : 30 à 50 % des patients y restent, en effet, insensibles. La priorité est donc de mieux comprendre les mécanismes à l'œuvre dans la dépression en identifiant ce qu'il se passe au niveau biologique, dans le cerveau."

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Écrit par

Mallory Legrain

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Commentaires 1
  • Jeanne Giroux.

    En dépression depuis trois mois ,que faire

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