Une formation d'excellence encore méconnue : La CPES

A mi-chemin entre l'université et les classes préparatoires aux grandes écoles, une formation ouverte et internationale.

2 FÉVR. 2016 · Lecture : min.
Une formation d'excellence encore méconnue : La CPES

Entre fac et prépa, un nouveau cursus pour étudiants curieux de tout

Au cœur du Quartier latin, dans un amphi de la rue Gay-Lussac, une assemblée studieuse prend en note la conférence de l'historien Johann Chapoutot, spécialiste du nazisme, en ce tout début du mois d'octobre. Il l'invite à penser ce totalitarisme et ses crimes non pas comme un accident, mais en discernant ses racines, ses complicités et ses prolongements.

Le propos captive son auditoire : 73 étudiants inscrits en première année du cycle pluridisciplinaire d'études supérieures (CPES). Un cursus original entre « prépa » – du moins pour le rythme de travail – et université d'une durée de trois ans, où tous les étudiants peuvent suivre un large champ de matières (philosophie, mathématiques, histoire, sociologie, langues, arts…), lancé en 2012 comme une sorte d'ovni universitaire, grâce à un financement d'excellence (Idex) par la Communauté d'universités et d'établissements (Comue) de Paris Sciences et Lettres (PSL).

Le démarrage de ce qui était au départ un simple diplôme d'établissement de PSL est un succès. A la rentrée, cette formation a obtenu le grade licence. Ce qui permet aux étudiants d'obtenir chaque année 60 crédits ECTS (système de validation européenne des diplômes). Cette reconnaissance vient consacrer une réussite déjà avérée : quatre élèves diplômés l'an dernier sont entrés à Polytechnique, d'autres ont intégré l'Ecole normale supérieure d'Ulm, de Cachan ou de Lyon, sans passer les concours. D'autres encore des masters à l'Ecole d'économie de Paris, à l'université Paris-Dauphine ou encore à Sciences Po.

En première année, l'essentiel des cours se tient au lycée Henri-IV. Le CPES, s'il a recours aux professeurs de la prépa, n'est pas une préparation aux concours. Il offre un cocktail large d'enseignements, avec une spécialisation progressive. Les 73 élèves (90 sont prévus pour la rentrée 2016) sont répartis en trois filières : humanités, sciences et sciences économiques, sociales et juridiques. Ils se retrouvent tous dans un « tronc commun » comprenant le cours d'initiation aux pratiques de recherches où chercheurs et sommités du Collège de France viennent régulièrement apporter leur éclairage.

Enseignement décloisonné

Les élèves y apprennent « les règles contraignantes d'un travail de recherche. Et ils soutiennent des dossiers de recherche ou, en deuxième année, des mémoires ou des travaux collectifs, selon les filières », explique David Schreiber, professeur d'histoire et coordinateur de cet enseignement. Egalement dans le tronc commun : des sessions d'histoire de l'art, des cours d'expression orale et écrite ou des cours d'anglais renforcés.

Tous les enseignements sont décloisonnés : « Ce que j'adore, c'est que les matières ne sont pas segmentées : un atelier de lecture avec des textes de sociologie, un prof d'économie qui mêle sociologie et mathématiques…. », témoigne Aladji Jikine, 18 ans, ancien élève du lycée François-Villon à Paris. Les élèves se spécialisent au fil du temps – avec une matière majeure et une mineure – mais en mêlant toujours sciences dures et sciences sociales.

PREUVE DU SUCCÈS DE CE NOUVEAU CYCLE : POUR LA RENTRÉE 2015, 834 FUTURS BACHELIERS ONT TENTÉ LEUR CHANCE POUR 73 PLACES

Si elle offre une telle palette, c'est que cette formation repose sur les 25 institutions membres de PSL, dont les classes préparatoires du lycée Henri-IV, l'Ecole normale supérieure (ENS-Ulm), Mines ParisTech, l'ESPCI (Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris), l'université Paris-Dauphine ainsi que des écoles d'art. L'accent mis sur les langues a séduit Clémence Biellemaz, 17 ans, bachelière de l'institut Saint-Pierre à Brunoy (Essonne), qui a obtenu 19,6 de moyenne au bac S, de même que les activités culturelles. Depuis la rentrée, les étudiants sont allés visiter le Panthéon, passer la soirée à l'Opéra, ou participer à un atelier de dessin au Louvre.

Au-delà, c'est la possibilité de pouvoir mûrir son projet qui attire les élèves. « C'est le cycle des indécis », plaisante Joséphine Raugel, 18 ans, bac S mention très bien, du lycée Claude-Monnet à Paris ; même si elle sait déjà qu'elle est passionnée par les neurosciences.

« C'est une alternative à la prépa pour comprendre les choses plutôt que de se mettre en mode bête à concours. Les profs sont géniaux et nous incitent à développer notre esprit critique. Les profs de prépas nous disent eux-mêmes qu'ils nous enseignent différemment », explique-t-elle. De même que son collègue Attouman Kouassi, 19 ans, arrivé en 1re d'Abidjan au lycée Guy-de-Maupassant de Colombes, passionné lui aussi par cette matière, s'investit dans Paris Montagne. Une association qui initie les jeunes à la recherche.

Privilégier la diversité sociale

Cette formation est accessible sur admission post-bac. Ensuite, comme toute formation sélective, il faut remplir un dossier et écrire une lettre de motivation. Preuve de son succès : pour la rentrée 2015, 834 futurs bacheliers ont tenté leur chance pour 73 places.

« On ne va pas chercher d'abord des têtes de classe au profil purement scolaire dans les grands lycées parisiens », indique Isabelle Catto, directrice du CPES. Mais des bons élèves, curieux, avec de vraies personnalités et conservant une passion à côté de leurs études – musique ou sport notamment. Dans la promo 2015, on trouve à la fois des mentions très bien au bac mais aussi des mentions passable.

« Au terme d'une année de médecine, j'ai décidé de me réorienter. Je n'ai pas eu de mention au bac et pourtant j'ai été sélectionnée pour cette formation, ce qui m'a d'ailleurs étonnée. Ici on donne une chance à tout le monde », dit Geanice Kamba, originaire de Bougival. Le recrutement privilégie la diversité sociale : 33,6 % des 834 candidats étaient boursiers ; à l'arrivée 45,2 % des 73 admis le sont. L'objectif est d'atteindre les 50 %. Un partenariat signé avec la Cité universitaire propose par ailleurs des logements à 56 élèves de province ou de l'étranger.

Une fois la sélection de départ opérée, le taux de passage en année supérieure se situe entre 85 % et 90 %. Seuls trois étudiants de 3e année n'ont pas validé le diplôme du premier coup l'an dernier. Certains élèves choisissent néanmoins de se réorienter en cours de route – parfois en étant admis dans une école – et laissent des places ouvertes en 2e et 3e année… notamment à des élèves de prépa qui souhaitent les quitter.

Au bout des trois ans, l'accès à des masters de la Comue PSL est grand ouvert : « Je suis intéressé par l'actuariat, la banque et la finance, et en 3e année, nous avons un cursus sur ces matières avec Dauphine », se réjouit d'avance Charles Jugeau, élève marseillais de 17 ans, en première année. Mais pas exclusif : les diplômés ont visiblement de larges perspectives.

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Écrit par

Psychomaitris - Association pour l'orientation scolaire

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