Vivre avec ce virus

Vivre avec ce virus nous place en explorateurs d'un monde inconnu, suscitant chez chacun un mélange d'excitation et de peur.

10 SEPT. 2020 · Lecture : min.
Vivre avec ce virus

Pour beaucoup d'entre nous, le confinement a été une expérience émotionnelle correctrice qui modifiera plus ou moins profondément le prisme de notre vision du monde…

L'idée même de se déplacer est devenue improbable, la poignée de mains est un geste inapproprié, l'éternuement un acte terroriste, le sourire un grave manque de conséquence, l'embrassade un suicide !

Se dissimuler derrière un masque, éviter tout contact avec l'autre, se terrer chez soi, ne pas consommer au risque de tarir de nombreuses filières professionnelles, voilà ce que serait devenu le nouveau sens du collectif.

Ermitage heureux pour certains, cauchemar claustrophobe pour d'autres, nous n'étions pas égaux devant le confinement, pas plus d'ailleurs que nous ne l'étions avant.

L'avant et l'après se dessinent sur toutes les lèvres. Passé et futur se côtoient dans notre vie psychique et nos rêveries post-confinées. Le disruptif tant désiré n'est plus un objectif, mais la qualité émergente de ce bouleversement mondial.

La moitié de la planète a été mise à l'arrêt ce qui annonce des lendemains inconnus, nous plaçant tels des explorateurs solitaires face à une terra incognita, suscitant chez nous un mélange de crainte et d'excitation, partagés entre l'espérance d'un monde meilleur et la peur de la fin du monde

Côté professionnel, rôles et fonctions se sont réadaptés au gré du télétravail, pendant que ceux, habituellement en coulisses, étaient projetés sur le devant de la scène pour y être applaudis chaque soir, tels des héros nationaux.

D'autres préfèrent se dire que l'on a mis sur pause le grand orchestre philharmonique de l'industrie mondialisée, et qu'il suffit aujourd'hui de faire "plus de la même chose", de ce qu'on faisait avant, pour retrouver la bonne mesure. Mais cette "marche forcée" volontariste risque fort de ne pas fonctionner dans un contexte redessiné de fond en comble.

"Il faudra bien que les français se remettent au travail" claironnait un chef d'entreprise sur Euronews. Mais son ton disait toute l'inquiétude et le caractère incantatoire d'une telle formule. Le "Il faudra bien que…" risquera fort de ne pas suffire pour convaincre les uns et les autres de faire après ce qu'ils faisaient avant.

Constellations inédites et nouvelles interactions dessineront sûrement un nouveau rapport au travail et il est probable que la capacité d'adaptation des individus soit sur-sollicitée par le contexte.

Depuis, les thérapeutes, toutes tendances confondues, se sont impliqués dans la prise en charge du stress des personnels soignants et des personnes touchées de façon directe et indirecte par la covid. Il n'est pas à douter qu'ils auront tout autant à intervenir sur la gestion de l'après.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Vincent Loury

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