Meilleure réponse
9 AVRIL 2013
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Une connaissance de son fonctionnement, la plus objective, et la plus complète possible, exposée sans tabou, mais adaptée à l'âge de l'enfant pour s'assurer qu'elle puisse être bien comprise et bien intégrée, me semble absolument salutaire et indispensable dans le cas des enfants doués.
Non seulement le décryptage de leur fonctionnement, adapté dans sa forme mais sincère et authentique sur le fond, doit être très tôt transmis aux enfants, mais il doit également être "re-dit", réitéré régulièrement, pour signifier à l'enfant la cohérence et la stabilité de son "être au monde et s'assurer qu'il n'a pas "refoulé" l'information gênante de sa (relative) singularité. En effet, contrairement à ce que le terme de précoce laisse croire à qui y trouve une promesse de salut, l'intelligence ne disparait pas avec l'âge et, sauf accident de parcours majeur, les petits enfants précoces deviennent des enfants précoces, puis des adolescents surdoués et enfin des adultes surdoués ; leur offrir la compréhension de leur fonctionnement c'est donc leur faire un cadeau extraordinaire, c'est leur donner les clefs de leur propre royaume et leur éviter de se tendre à eux même les pièges et les chausse-trappes qui guettent ceux qui ne se connaissent pas.
Cependant, a fortiori pour les jeunes enfants, la notion de QI en tant que mesure du "combien" de l'intelligence n'est pas une réponse suffisante, ni adaptée à leur sentiment d'étrangeté et de décalage. L'explication doit, sans cependant jamais occulter qu'un QI élevé signe une intelligence (telle que mesurée par le test) élevée (le contraire n'étant pas forcément exact…) selon moi, également porter sur le "comment" de l'intelligence, et sur ses intéractions avec la personnalité et l'environnement.
On évoquera plutôt la différence sous un angle qualitatif à travers des notions de centres d'intérêts, de capacités de concentration, de vivacité de pensée, de sens de l'observation, de goût pour les chiffres, les mots et les phrases et les ressources qu'elles procurent pour dire le monde. Cependant, dans la notion de qualitatif, j'ajoute la notion de singularité, de rareté, qui doit répondre positivement au sentiment d'étrangeté que ressentent, plus ou moins confusément, mais de manière systématique, les enfants surdoués.
Il est fondamental de rassurer l'enfant doué sur la justesse de sa perception ; en effet, il ne réagit pas tout à fait comme la plupart des autres : il a un mode de fonctionnement qui le différencie de ses camarades, il est légitime qu'il se trouve différent et cela ne doit pas l'inquiéter, car ce sentiment repose sur des données objectives.
L'examen psychologique a montré qu'il ne donnera pas les mêmes réponses que les enfants de son âge quand on l'interroge. Il se trouve que ses réponses sont assez rares voir très rares, mais elles sont, en même temps, d'une grande exactitude et correspondent parfaitement aux questions qui étaient posées, simplement, en classe, il peut observer que, souvent, ses camarades ne connaissent pas ce genre de réponses et peuvent en donner d'autres, pas forcément fausses mais peut être moins précises ou qui correspondent davantage à leur âge ou à leur niveau de connaissance du sujet, et qui sont parfois tout à fait ce que leur demande le professeur.
Il me semble important, également, de rappeler que cette "belle intelligence qui fonctionne" bien est un allié solide et fiable, qui le suivra toute sa vie, mais que cela ne le rend ni meilleur que les autres, ni infaillible, et qu'il devra s'appliquer et travailler pour continuer à apprendre et à "nourrir son cerveau".
Suivant l'âge, je glisserais sans doute aussi, soit à l'enfant soit aux parents, que, dans le fond, ce potentiel appartient à l'enfant et que lui seul a le droit fondamental d'en disposer et donc, éventuellement, de le gâcher, si tel devait être son souhait, mais qu'il appartient aux parents de s'assurer, sans pression mais avec beaucoup d'écoute et d'adaptation, de fournir toujours à l'enfant le meilleur terreau possible.