Meilleure réponse
11 NOV. 2013
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Madame,
En premier lieu, il faut veiller à ne pas vous focaliser sur cette consommation, et maintenir un lien de confiance avec votre fille. Si une relation conflictuelle s’installe, vous aurez beaucoup de mal à vous en dégager.
Quand on découvre que son enfant fume du cannabis, la première chose à faire est de laisser passer la colère et trouver un palliatif à l’angoisse. Mais il faut surtout éviter de le menacer, de le traiter de drogué …
Le cannabis, quelle que soit la façon dont on le consomme, n’est pas sans effet, y compris sur les résultats scolaires. Cependant, une consommation occasionnelle (ou festive comme on dit) n’est pas toujours dommageable. Aujourd’hui, malgré l’interdiction, cela fait partie des pratiques des jeunes.
La consommation devient dommageable lors qu’elle est utilisée pour masquer une difficulté, une préoccupation, une question, les frustrations de la vie quotidienne, auxquelles on n’arrive pas à faire face (tout comme pour l’alcool). À l’adolescence ou à l’entrée dans la vie adulte, ce type de questions ne manque pas. On fume un joint, on trouve cela plaisant, agréable, on partage ce plaisir avec d’autre, pourquoi pas.
Les difficultés arrivent quant le cannabis a un effet apaisant, tranquillisant. Quand il permet de mettre à distance une relation difficile avec le ou les parents, avec l’école, avec les autres (qu’il s’agisse de relation amicale conflictuelle ou amoureuse). À partir de là peuvent apparaitre des effets délétères parce que l’on augmente insensiblement les doses, parce que petit à petit on perd l’aptitude à faire face aux frustrations et difficultés de la vie quotidienne (puisque le cannabis permet de les mettre de côté), parce qu’on perd l’envie de faire, d’avoir des activités sociales, sportives culturelles. Parce qu’on limite ses relations à ceux qui fument du cannabis.
Il vous faut donc, madame, parler avec votre fille de sa consommation. Lui demander aussi tranquillement que possible : depuis quand elle fume ? À quels moments ? Quelles difficultés rencontre-t-elle ?
Il faut aussi la soutenir là où elle semble être en difficulté. Faire votre possible pour maintenir des activités diverses et variées.
Si elle est vraiment en difficulté, il faut vivement l’inviter à consulter un psychologue, un psychanalyste, un centre de soin. Non pas pour la faire arrêter de fumer du cannabis, mais pour que, ayant trouvé quelqu’un à qui parler (hors du cercle familial ou de ses amis), elle trouve des réponses aux questions qui la travaillent. Si elle y trouve des réponses satisfaisantes, il est plus que probable que sa consommation de cannabis s’arrêtera ou ne sera plus qu’occasionnelle. Les professionnels sérieux et compétents ne manquent pas : psychologue, psychanalyste, travaillant en cabinet ou centre de soin (Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie, Centre Médicaux Psychologique, Point Écoute Jeune, etc.).
Si elle nie sa consommation ou l’importance de celle-ci, je vous encourage vivement à rencontrer l’un de ces professionnels (psychologue, psychanalyste, en libéral ou en Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie ou Centre Médicaux Psychologuique). Vous y trouverez une écoute, un apaisement et des indications sur la façon dont vous pouvez vous y prendre avec votre fille. Les parents font partie de ce que vivent leurs enfants. De plus, bien souvent le cannabis sert à les isoler de leur environnement. À tort ou à raison, peut importe si vous trouvez un professionnel à qui parler, vos réactions changeront et la situation évoluera.
Nicolas Boisnard, Psychologue à Aix-en -Provence