Comment changer et avancer ?
Il y a 9 ans, je n’ai pas accepté le déménagement. J’avais alors 14 ans, et cela a bouleversé ma vie.
Contexte :
Je ne l’ai pas accepté, car mes parents se disputaient constamment. En gros, ils se détestaient, mais restaient ensemble pour nous. Il y a eu de la violence conjugale, mais malgré cela, ils sont restés. Étant l’aînée, c’était toujours moi qui devais régler les soucis. J’écoutais ma mère, je la rassurais, et même si j’essayais de mettre de la distance émotionnellement, en réalité, cela me faisait mal à chaque fois. Pourtant, pour moi, ça a toujours été mon rôle.
J’avais l’impression que mes parents n’étaient pas matures sur ce plan-là : ils pouvaient se disputer pour une fourchette non lavée comme pour une voiture mal garée. Et c’était comme ça tous les jours ! Quand j’ai appris que nous allions déménager, j’ai trouvé cela immature, d’autant plus qu’ils venaient d’acheter une maison. Pour moi, c’était la fin du monde. Je m’attendais à tout sauf à ça. Aujourd’hui, avec le recul, je ne comprends pas, surtout avec les problèmes financiers qui sont apparus par la suite.
Les disputes ont toujours existé. Depuis la primaire, je savais tout, et j’ai rapidement pris un rôle de “mini-adulte” pour aider le foyer. Pour moi, c’était mon job. J’ai appris à cuisiner dès la sixième, j’ai appris à avoir un esprit critique, à être indépendante émotionnellement, et à forger une personnalité forte. Sur ce point, je remercie mes parents, car cela me sert aujourd’hui.
Mon enfance :
Quand j’étais petite, en maternelle, j’étais très timide et renfermée à l’école. J’avais du mal à me faire des copines. Mais je restais souvent avec ma sœur, qui a deux ans de moins que moi et que j’aimais beaucoup. Je traînais avec ses copines (d’après mes souvenirs).
Avant le déménagement, en sixième, j’ai été harcelée. Mais je n’en ai parlé à personne, car à cette période, ma mère subissait des violences conjugales. Je m’en suis sortie comme j’ai pu, en pensant à autre chose et en faisant du sport. Personne ne le savait. Je pleurais le soir et je riais la journée. C’était parfait, car j’ai réussi à m’en sortir seule. C’est là que j’ai commencé à être plus dure avec moi-même, en comprenant que je n’avais besoin de personne, mais que c’était les autres qui avaient besoin de moi – surtout ma famille. En revanche, j’ai été très dure avec mes frère et sœur. Moi, j’avais une énorme responsabilité, et eux non. Je voulais les protéger.
Après le déménagement :
J’ai adopté un comportement de boudeuse. Quand ma mère me parlait, je répondais à peine pour lui montrer que je n’étais pas contente. Mais au fur et à mesure, je ne rigolais plus. Je me sentais seule, toutes mes amies étaient restées dans mon ancienne ville. Je refusais de me faire de nouveaux amis. Je m’en étais fait une, mais elle m’a quittée. Ça m’a fait mal. J’ai de nouveau été harcelée. J’étais vraiment au plus bas. Toutes mes craintes sont devenues réelles.
Chez moi, je n’arrivais plus à gérer mes parents. Je vivais dans l’angoisse et la peur de l’avenir. Ils ont commencé à se disputer à propos des courses, car avec le loyer de la maison, ce n’était plus comme avant, où ils avaient les moyens que chacun contribue.
J’évitais de parler de mes problèmes, mais ça se voyait. Je n’arrivais plus à manger, j’avais beaucoup maigri. À ce moment-là, ma mère l’a remarqué, et j’ai fini par dire que quelqu’un me harcelait. Mon père est allé régler le problème avec l’école.
Mais intérieurement, c’était un échec. Pour moi, ça faisait “victime”. Je me sentais mal.
L’année d’après, j’avais peur que ça recommence. J’ai décidé de parler à peu de personnes, jusqu’à m’isoler complètement. Mes notes chutaient. Je me sentais très mal. Je ne gérais rien : ni ma vie sociale, ni mon humeur. Mes parents ne savaient rien. Pourtant, paradoxalement, je me sentais bien chez moi.
Le bac et la suite :
En arrivant au bac, c’était le Covid. J’avais fait des connaissances, ça se passait bien, mais mes notes chutaient toujours. Je voulais faire ES, mais ma mère voulait que je fasse S. Je voulais redoubler, mais j’avais trop peur de la réaction de mon père, qui aurait pu me renier. Finalement, je l’ai eu, et j’étais soulagée.
J’ai décidé de poursuivre mes études tout en m’éloignant un peu de ma famille, mais… c’était pire. Avec le Covid, j’étais enfermée chez moi. Ma santé mentale s’est détériorée. Je n’allais pas bien, mais je faisais avec. J’ai fini par arrêter ma L1 de droit pour aller mieux.
L’année suivante, je suis retournée en appartement, mais j’avais l’impression de perdre confiance en moi. Les cours étaient très durs, alors j’ai encore arrêté. J’ai pris du temps pour moi et j’ai décidé de travailler. Ma famille m’a soutenue.
Mais le problème, c’est que j’ai vu cet arrêt comme un échec. Je n’en pouvais plus. Je ne faisais que pleurer, et je n’acceptais pas la réalité. Je suis devenue vulnérable, ma forte personnalité a disparu. Toute ma famille l’a remarqué. Pour moi, c’était inadmissible. J’avais honte de moi, de ce que j’étais devenue.
Un nouveau départ :
L’année suivante, mon père m’a aidée à trouver une école qu’il finançait (9000€) grâce à sa retraite. Ça a été la meilleure année de ma vie. Je le remercierai toujours pour ça. J’ai travaillé à côté, je me suis fait des amis, et j’ai rencontré mon copain actuel. Mais ma relation avec ma mère était catastrophique. On se détestait.
L’année d’après, je me suis réorientée (l’école était trop chère). J’ai voulu reprendre le droit, car mon copain en faisait et j’ai adoré ça. Il m’a montré comment apprendre. J’ai donc décidé de faire une capacité en droit à la Panthéon-Sorbonne. C’était parfait, et j’espérais me faire de nouveaux amis. J’ai avancé et réussi mon année.
Mais intérieurement, j’essayais de me réparer. Ma relation avec ma famille restait tendue, et ma mère privilégiait ma sœur.
Aujourd’hui :
Je suis en deuxième année. Scolairement, tout se passe super bien. Mais moralement, j’ai encore des ruminations. Tout ça ne passe pas. Après tout ce que j’ai fait pour ma famille, au final, ils préfèrent ma sœur.
Ma confiance est brisée. J’ai toujours pensé à ma famille. Finalement, je me rends compte que c’était peut-être une épreuve pour apprendre à penser à moi.
Mais ça fait toujours mal… Je me sens moins moi-même et mise de côté car j’ai l’impression d’avoir été vulnérable et ça j’accepte pas!
Mes parents vont divorcer et vendre la maison. J’ai l’impression d’avoir vécu un enfer. Mais en même temps appris énormément sur moi-même.
Ce que j’ai du mal à accepter c’est la vulnérabilité c’est horrible car ça a baisser mon estime de moi, j’ai pas l’impression d’être la fille forte. Je peux plus m’imposer comme avant. Comment m’imposer, faire ce que j’aime, penser à moi.
Comment faire pour être moi?