Détresse psychologique/tentative de suicide
Bonjour, je m'appelle Camille, j'ai 20 ans
Suite à ma deuxième tentative de suicide, je me permets de vous demander conseil.
En effet, je ne sors plus de mes pensées noires.
Je suis suivie pour trouble dépressif majeur depuis 2 ans et sous traitement depuis (tranxene, risperdal, cymbalta, lambipol) mais je ne vois pas le bout du tunnel. Il se passe rarement plus d'une journée sans que je pense à la mort. Certaines idées m'obsèdent : la pendaison, la défenestration.
Je n'arrête pas d'imaginer ce qui se passerait si je disparaissais et tout les bienfaits de cela.
Souvent, je me venge sur mon corps. C'est une sorte de dermatillomanie (je ne suis pas diagnostiquée mais c'est ce que j'ai trouvé par moi-même). J'attaque couramment mes bras et mes jambes de coups de lames. Plus rarement les organes génitaux. La douleur me ramène à la réalité.
Cette sensation de réalité, je ne l'ai que quand je suis en phase suicidaire ou quand je souffre réellement. Le reste du temps, j'ai l'impression de vivre dans un mensonge qui me force à exister. Quand je souffre, je prends conscience de la Vérité : il faut que je disparaisse. Je ne sais pas ce que je fais ici bas. Je ne comprends pas. Quand quelqu'un me donne une bonne raison de rester en vie, j'ai l'impression qu'il me ment. Qu'on me force à vivre un enfer que je n'ai pas choisi.
Je souffre en permanence.
Physiquement, je ressens une pression derrière le sternum, comme une boule qui pèse fort.
Mentalement, c'est la même chose, j'ai mal. Je me sens oppressée, enfermée, c'est comme si je ne pouvais jamais respirer à fond. A chaque fois que je reçois de l'aide, j'ai l'impression qu'elle est « fausse ». Qu'on ne fait que me forcer à souffrir, encore et encore, comme si j'étais dans un jeu. Ce n'est pas de la paranoïa car ce délire n'est pas construit, c'est une sensation globale de mal aise.
Je me sens mal depuis un temps que je n'arrive pas à déterminer. Il y a des « souvenirs » de moment où je montrais déjà des problèmes psychologiques dès ma basse enfance.
Il y a à peu près un cas de suicide par génération dans ma famille. Un arrière grand père, un grand père, une tante, mon oncle a fait une tentative, tout comme ma mère (qui avait la même dermatillomanie).
En maternelle j'avais déjà du consulter une assistante sociale car mes dessins étaient sombres et torturés.
Je me rappelle particulièrement d'un dessin de moi-même en train de me noyer.
Quand j'ai su écrire (vers 6 ou 7 ans), j'ai rédigé un premier « testament » où je disais au revoir à mes parents et camarades de l'école. Je me souviens avoir beaucoup pleuré quand ma maman a trouvé ce dernier. Je crois que c'était une sorte de « blague » avec moi même et que je pleurais en fait de honte d'avoir été découverte.
Autre flash, je me souviens de mes premières pensées suicidaires. C'était entre deux cours, lorsque j'avais 15 ans. L'idée de sauter par la fenêtre était particulièrement obsédante et je me souviens m'être mise debout dans l'encadrement de la fenêtre et d'avoir hésité avant qu'une copine de classe ne me tire en arrière.
Cela correspond avec l'entrée dans ma vie du roaccutane : un médicament pour la peau aujourd'hui interdit en France en raison de ses effets secondaires parmi lesquels la dépression majeure... Et poussant au suicide.
La descente aux enfers a commencé à cette époque et mes souvenirs se perdent dans une sorte de brouillard.
Je me souviens juste que vers mes 17 ans, j'étais souvent exclue du cours à cause de mes crises de larmes. C'est à cette époque que j'ai consulté ma première thérapeute... qui m'a lâchée au bout de 3 séances en disant que j'avais toutes les clefs pour m'en sortir.
Mes parents ont pris ça pour argent comptant et la situation s'est dégradée de mois en mois.
J'ai consulté un autre psychologue qui très vite s'est dit dépassé et m'a redirigée vers une psychiatre.
L'entrée dans les études supérieures a été un enfer.
J'ai commencé à consommer de l'alcool en grande quantité, d'abord en soirée puis seule.
Tout cela s'est achevé avant même la première session d'examen de janvier : j'ai fait une tentative de suicide en rentrant chez moi après avoir appelé mes parents car je n'en pouvais plus d'être seule dans ma résidence étudiante.
A partir de ce moment là ma psychiatre m'a prescrit une grosse médication. Cette époque, c'est le brouillard dans ma tête, je ne sais plus ce que je prenais à part du lysaxia.
Bien sûr quand j'ai découvert ce calmant, j'en ai très vite abusé. Je doublais la dose que j'étais censée prendre sans penser que j'allais me retrouver à sec pour tenir jusqu'à la prochaine consultation.
Je suis restée 6 mois chez moi. Une équipe d’infirmers passait 2 fois par semaine pour prendre de mes nouvelles et veiller à ce que cette fois, je suive ma médication.
Fin de l'été dernier, j'ai fait un coma éthylique après avoir consommé de l'alcool pour oublier ce que je vivais.
J'ai repris les cours en septembre.
Je ne m'explique pas ma dernière tentative de suicide.
Tout commence à aller bien dans ma vie et je fous tout en l'air... Je ne supporte pas de posséder car c'est la peur de perdre. Et toujours dans ma tête cette question : « qu'est ce que je fais ici ? ».
J'ai terriblement mal. Je veux que ça s'arrête.
On me conseille d'avoir des personnes ressources, d'avoir des choses auxquelles me raccrocher...
Sauf que, toujours cette idée que « ça ne sert à rien » et que « je n'ai rien à faire là » revient. Je crois que j'en suis au point de refuser l'aide au fond de moi car je la ressens comme un piège. Quoi qu'on me dise, au fond de moi, je sens que ma place n'est pas ici. Je me sens étrangère à ce monde et non désirée.
La question qui me torture et qui tourne en boucle dans ma tête depuis toujours : "qu'est ce que je fais là?"