Bonjour,
J'ai découvert que mon conjoint était addict au porno il y a 4 ans. Il était particulièrement distant et froid depuis quelques mois, j'ai fini par fouiller son ordinateur et trouver des quantités astronomiques de films porno, des rdv donnés à des escorts aussi. Je lui en ai parlé en lui donnant un livre sur l'addiction. Il a tout reconnu, il est allé voir une psychologue pendant 6 mois et a accepté le dialogue sur le sujet, même si ce n'était pas facile du tout au début et qu'il lui était pénible d'entrer dans les détails . On s'en est sortis. Seulement, aujourd'hui je me rends compte en posant des questions plus précises qu'en réalité il ne s'est jamais sevré, puisque le mois dernier il m'a dit qu'il avait réussi à tenir 20 jours, son record. En sachant que c'est très compliqué pour lui et que c'est encore une période où il a tenté l'abstinence complète, c'est à dire que je ne peux pas l'approcher. Je me suis dit pour la première fois que je m'étais peut être voilée la face en imaginant quelques rechutes occasionnelles passé un premier cap, comme les alcooliques dans les séries TV... Est-ce qu'un tel temps de sevrage est "normal"? Je pensais sincèrement avoir accepté totalement la situation mais cette prise de conscience récente chamboulé tout ça. Je suis très empathique et malheureusement je souffre de la situation, même si rationnellement je sais que ce n'est pas moi qui ai le problème. Je ne veux pas le culpabiliser car je sais que c'est pour lui que c'est le plus compliqué mais il n'empêche que j'en souffre. Je sens que ça a un impact sur mon rapport au sexe, moi qui ai la chance d'avoir toujours eu un rapport sain et simple à ça. Aujourd'hui c'est devenu compliqué, je ne sais jamais si mon envie sera bien reçue, parfois je me sens mal dans ma peau. Qu'est ce qui pourrait m'aider à mieux vivre cette situation particulière ?
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9 MARS 2020
· Cette réponse a été utile à 10 personnes
Bonjour,
De votre description, et de vos souffrances à tous les deux, je peux voir une réelle volonté et beaucoup d'efforts chez chacun de vous pour prendre en charge votre situation: votre conjoint en reconnaissant son addiction et en acceptant de se faire aider et vous en cherchant à le comprendre et à éviter de le culpabiliser.
Pour que votre vie de couple retrouve un réel climat de confiance, d'apaisement, une dynamique corporelle et sexuelle plus vivante à deux, vous avez besoin de comprendre les ressorts inconscients qui parasitent votre relation de couple. Votre conjoint a bien à gérer personnellement son addiction mais ce sera très difficile pour lui de la faire disparaître réellement sans comprendre les mécanismes inconscients qui se rejouent pour lui dans le couple. Et de votre côté, il serait intéressant d'explorer comment tout cela vous impacte, Qu'est ce qui se rejoue de votre histoire à vous dans cette situation?
Considérer cette addiction chez votre conjoint aussi comme un symptôme dysfonctionnel de votre couple peut être une vraie opportunité pour retrouver une relation plus harmonieuse entre vous sur de nouvelles bases de dialogue, d'écoute, d'expression et de compréhension profonde. La sexologie utilisée dans les thérapies de couple prend en compte les interactions relationnelles dans le couple, conscientes et inconscientes pour comprendre et résoudre les difficultés sexuelles vécues dans le couple. Un thérapeute utilisant cette méthode pourrait beaucoup vous aider.
Bien à vous,
Pascale Gittler
Psychothérapeute en Analyse Relationnelle (séances individuelles et en couple)
9 MARS 2020
· Cette réponse a été utile à 5 personnes
Bonjour,
Oui votre conjoint a une addiction et les addictions sont très difficiles à faire disparaître, voire impossible. Seul votre conjoint peut travailler la question, et encore s'il le souhaite. Après tout, si cela lui convient .... a priori, il ne fait de mal à personne, et si vous n'aviez pas fouillé, vous ne le sauriez peut-être pas.
Maintenant, vous, cela vous gêne : ce qui pourrait vous aider à mieux vivre cette situation, c'est de faire le point sur votre vie de couple, un vrai bilan. Etant donné cette addiction, étant donné qu'on ne va plus se voiler la face, et que cela perdurera probablement, que souhaitez vous faire ? Continuer cette vie de couple avec les conséquences que l'addiction a pour vous, ou arrêter ? Ou autre chose ?
Bien à vous
Sylvie Protassieff
Psychologue clinicienne - Psychothérapeute – Psychanalyste (Paris)
6 MARS 2020
· Cette réponse a été utile à 7 personnes
Bonjour RiverS,
Vous souffrez de votre situation de couple et demandez de l'aide.
Seriez-vous prête à venir en consultation pour vous éclairer sur votre situation ?
Concernant votre conjoint, il consultera de nouveau s'il considère qu'il a un problème, une addiction.
Pour vous, vous avez avantage à prendre du recul et à prendre vos décisions par rapport à vos besoins et désirs.
Bien chaleureusement.
Kim-Vân Nguyen-Dinh
Psychopraticienne, Paris
5 MARS 2020
· Cette réponse a été utile à 5 personnes
Bonjour Rivers,
Vous écrivez : "je sais que ce n'est pas moi qui ai le problème", mais vous dites aussi avoir des "difficultés à gérer l'addiction de votre conjoint" ou bien encore "on s'en est sortis". De fait, son problème est devenu entièrement le votre. D'ailleurs, vous vous êtes investie dans sa rédemption (puisqu'il a "reconnu" sa faute...) : vous fouillez son ordinateur, vous lui donnez un livre sur l'addiction, vous suivez de près ses efforts, vous travaillez à "accepter la situation", etc. Et aujourd'hui, vous réalisez que les choses ne sont peut-être pas tout à fait réglées, qu'elles sont peut-être bien hors de votre contrôle et que vous vous êtes peut-être bien voilé la face. Pire, vous sentez que tout cela a un impact sur votre rapport au sexe. Vous êtes atteinte au plus intime de vous-même.
Pourquoi voulez-vous "mieux vivre" cette situation ? Et même, pourquoi voulez-vous la vivre ? Si vous vous occupiez moins de l'addiction de votre conjoint (puisque comme vous le dite, c'est son problème), que feriez-vous ? Qu'est-ce qui vous fait penser que vous en occupez, tenter de "gérer son addiction", "accepter la situation", "ne pas le culpabiliser" est la chose à faire ? Vous a-t-il demandé de l'aide ou l'avez-vous offert sans attendre qu'il le fasse ? Et pourquoi ?
Et si vous le laissiez se débrouiller avec son addiction, prendre lui-même les choses en main (ou pas, après tout, c'est à lui de choisir, il est adulte) ? Qu'est-ce que cela changerait pour vous ? Que cherchez-vous en voulant résoudre ses problèmes à sa place ?
