Je vis une relation à distance depuis 6 ans devenue difficile
Je vis une relation à distance depuis 6 ans qui me donne l’impression d’être vouée à l’échec. Nous nous sommes rencontrés sur un groupe d’échanges dont les thèmes principaux étaient la philosophie et la politique. Durant cette période – pour resituer, j’avais une vie fortement décousue – je sortais d’une relation de 4 ans avec une fille avec laquelle j’avais vécu sans pour autant être amoureux ; en fait, à cette époque, je n’avais toujours pas réussi à tourner la page de mon premier amour. Après cette relation, j’ai donc enchaîné les « relations jetables » sur les applications de rencontres et me disais que c’était là mon « fatum » de tisser des liens avec des personnes pour lesquelles je n’éprouvais pas ou peu de sentiments. Je me rendais régulièrement à des soirées où je n’étais jamais sobre pour masquer mon anxiété, car oui, à 17 ans, après avoir fumé un joint avec des amis, j’ai fait un « bad trip » dans lequel j’ai eu la sensation d’être sur le point d’uriner sans pouvoir me retenir dans les transports en commun. Aussi absurde que ça puisse paraître, ce traumatisme m’a suivi jusqu’à aujourd’hui. J’ai littéralement organisé ma vie pour être le moins possible confronté aux transports en commun et aux lieux fermés, car l’anxiété déclenchée par cette situation m’a suivi.
Quand j’ai rencontré la personne que j’aime, j’avais 28 ans et elle 19. Nous échangions avec de nombreuses personnes au sein d’un groupe sur Internet et je ne lui accordais pas d’importance car je la trouvais beaucoup trop jeune. Puis, nous avons commencé à échanger, je l’ai trouvée intellectuellement de plus en plus intéressante, et au fil du temps, elle m’a montré ouvertement son intérêt ; je l’ai aimée comme jamais je n’avais aimé dans ma vie. Nous trouvions la possibilité de nous appeler au minimum 4 heures par jour, et il n’était pas rare que, durant notre temps libre, les appels durent 10 à 12 heures, parfois plus. Nous n’habitons pas la même ville, mais avant même de nous rencontrer physiquement, elle me cherchait des appartements et en a visité une bonne vingtaine pour que je puisse m’installer dans sa ville.
En écrivant tout cela, j’ai conscience qu’il y a quelque chose de fou et d’immature dans tout ça. Avant même de nous rencontrer pour la première fois, notre proximité était telle que nous parlions d’enfants, d’avenir, de mariage. À chaque fois qu’elle me proposait qu’on se rencontre enfin, quelque chose au dernier moment nous en empêchait, et je dois l’admettre : ça me faisait mal, mais, d’un autre côté, ça m’arrangeait bien. J’avais une peur profonde de la décevoir. Durant le confinement, j’ai pris du poids, j’étais obsédé par l’idée qu’elle devait voir ce qu’il y avait de mieux chez moi, et surtout, j’avais peur qu’elle découvre mon anxiété... Au bout de presque cinq années d’attente, je lui ai promis que, cette fois-ci, oui, on se verrait.
On devait passer Noël 2023 ensemble. Elle fait des études de médecine ; il se trouve qu’au dernier moment, on lui a annoncé qu’elle serait de garde. J’ai répondu que ce n’était pas grave, qu’on se verrait en janvier, ou en février, ou plus tard, quand ce serait possible. J’étais à des années-lumière de comprendre ce qui se jouait de son côté. Elle a fait un premier malaise en public, puis un autre alors qu’elle fêtait avec ses amies la nouvelle année, et elle est littéralement tombée sur la tête. Elle m’expliquait que c’était dû au rythme soutenu de cette année de médecine particulièrement difficile et m’a avoué plus tard que c’était aussi, et surtout, parce qu’elle avait réalisé qu’on ne se rencontrerait en fait jamais, qu’il y aurait toujours quelque chose pour nous bloquer.
Suite à ses deux malaises et à sa déception, qu’elle ne me faisait pas part directement, elle a commencé pour la première fois à mettre beaucoup de distance entre nous : nous nous appelions quasiment plus, et elle m’envoyait très peu de messages. Elle mettait cela sur le dos du travail (et, en effet, elle ne se contente pas de la médecine – cette année-là, elle passait son M2 en recherches, si je ne dis pas de bêtises, en plus de travaux annexes, etc.), il était donc difficile pour moi de lui demander des explications sans avoir le sentiment de la culpabiliser injustement alors qu’elle fournissait d’immenses efforts. Chaque fois que je demandais si tout allait bien entre nous, elle répondait que oui. Finalement, j’ai proposé qu’on se rencontre durant une période un peu moins dense niveau études, étant sûr qu’elle me répondrait oui. J’ai réservé absolument tous les trajets BlaBlaCar du jour prévu et autour pour être certain d’avoir une réservation confirmée. Finalement, elle m’a répondu que non, qu’elle n’était plus sûre d’avoir envie de se rencontrer et que, de toute façon, cela ne changerait rien à la situation. J’ai eu immensément mal et me suis dit qu’elle n’avait en fait plus de sentiments à mon égard et que continuer d’insister pour sauver cette relation serait nuisible pour elle comme pour moi. J’ai donc décidé d’y mettre fin en lui souhaitant le meilleur, et elle a mis quelques jours à me répondre en me remerciant de m’être autant battu pour nous. J’étais anéanti, espérant, secrètement, qu’elle fasse marche arrière et me demande de revenir.
Les jours qui ont suivi ont été un enfer, je n’arrivais pas à me résoudre à ces adieux minables, et je me disais qu’en dehors d’un miracle, rien ne pourrait nous réunir, chacun étant à l’autre bout de la France, et surtout, je trouvais absurde de s’être impliqués à ce point pendant tant d’années pour ne jamais se rencontrer une seule fois…
Deux semaines plus tard, un matin, un monsieur m’appelle et me dit qu’il m’attend au rendez-vous convenu « devant la gare » dans un quart d’heure. J’ai demandé « pardon ? », il m’a répondu qu’il était la personne du BlaBlaCar. Il se trouve que j’avais fait de très nombreuses réservations et que, dans la foulée, l’une d’entre elles n’a pas été annulée et le mail de confirmation s’était noyé dans les nombreux mails de BlaBlaCar. J’avais réservé pour les trois jours autour de cette date et dépensé une somme folle en réservant uniquement des trajets payables à l’avance pour être sûr. J’ai répondu, sans réfléchir, que j’arrivais tout de suite, j’ai enfilé les premiers vêtements que je voyais, mis mon ordinateur portable dans mon sac à dos (je faisais des études en distanciel et j’avais des partiels qui m’attendaient), et j’ai foncé ! J’avais peur que mes troubles me reprennent (cette anxiété horrible qui, parfois, me donne la désagréable sensation d’être sur le point d’uriner lorsque je me trouve dans des milieux confinés ou inconnus) – et finalement, par chance, sur le trajet, je n’ai que très peu souffert de cela.
Ce qui m’a le plus fait souffrir sur le trajet fut sa réaction lorsque je lui ai annoncé ma venue. Elle m’a répondu sèchement que j’avais choisi le pire jour, qu’elle était en plein milieu d’une garde de 24 heures, et qu’il fallait que je fasse demi-tour. J’étais déjà en plein milieu du trajet et, évidemment, je ne pouvais pas faire de stop. Je culpabilisais, car ce qui me semblait être un acte de courage teinté de romantisme se transformait dans mon esprit en une agression de son intimité. Je me sentais vraiment mal, de plus, j’avais un budget limité pour prendre un hôtel. Pour faire court, j’ai trouvé, après avoir longuement erré dans la ville (c’était un cauchemar : il pleuvait des cordes et Google Maps bugguait, il m’est arrivé de tourner en rond jusqu’à ce que l’hôtel souhaité ferme ou qu’on me dise, à l’arrivée, que le prix convenu au téléphone ne soit plus le même), une auberge de jeunesse pour backpackers, disponible et bon marché. La gérante, une personne formidable, comprit que j’étais dans une situation très délicate ; elle prit le temps de me faire visiter les lieux et me donna son numéro en cas de problème, avec beaucoup d’affection. Elle m’expliqua qu’il y avait deux personnes souffrant mentalement dans l’établissement – sur le moment, je n’y prêtais pas attention, mais je m’en rendis compte plus tard, ce qui fut problématique.
Dans un premier temps, j’ai pris une longue douche et, une fois revenu dans la pièce commune, la gérante était partie. Je me suis senti très mal à l’aise dans le dortoir, j’ai donc cherché d’autres espaces, de préférence seul, et, une fois dans le grenier, je me suis allongé sur un canapé, pensant pouvoir dormir. Mon meilleur ami m’appela alors, je lui expliquai la situation et, à ce moment-là, j’aperçus une souris – ou un rat – passer. Je ne sais pas pourquoi, mais cela me sembla être la goutte de trop. C’était un raisonnement idiot, mais soudainement, j’en ai beaucoup voulu à la personne que j’aimais de ne pas avoir eu la présence d’esprit de, par exemple, prétexter un motif pour sortir de l’hôpital, m’ouvrir son appartement pour que j’y passe la nuit et repartir le lendemain. J’ai pensé que, tout de même, nous ne nous connaissions pas comme des inconnus, après 5 ans, et je n’avais pas à rester dans cet endroit super flippant. Mon ami au téléphone partageait largement mon point de vue, alors, sur un coup de tête, j’ai décidé d’attendre chez elle jusqu’au matin après sa garde, et ce fut pour le moins regrettable.
Il pleuvait moins, mais Google Maps déconnait toujours autant, et son appartement était à l’autre bout de la ville. Je lui envoyai un message pour lui expliquer la situation. Sur le chemin, tout allait bien : je savais que sa ville ne fonctionnait pas du tout comme la mienne, par exemple, chez elle, les zones un peu chaudes ne sont pas consignées à des blocs bien délimités, tout le monde vit ensemble. Même si je voyais ici et là des groupes pouvant sembler un peu agressifs, globalement, je ne m’inquiétais pas, les habitants de cette ville étaient super accueillants et bienveillants. Durant mes pérégrinations, j’avais pris un thé dans un petit café très chouette, et toutes les personnes à qui j’avais demandé mon chemin étaient sympathiques. Le problème fut que je suis tombé sur la mauvaise personne. Près d’une station de tram, un type m’a repéré avec mon téléphone affichant ma recherche de chemin comme un ahuri. Il parlait une langue que je ne comprenais pas et il était évident qu’il avait des problèmes d’addictions. J’ai essayé de l’éviter, mais il se mit à me suivre. Ce petit jeu dura un moment, puis, une fois à ma hauteur, il tenta de me voler mon téléphone. À ce moment-là, mon instinct de survie prit le dessus : étant dans une ville inconnue, sans téléphone, je n’aurais même plus la possibilité de me rendre chez elle. Lorsque je le vis sortir un couteau, j’ai tapé de toutes mes forces et j’ai couru aussi vite que possible. Il y avait une très grande rue, je le voyais au loin me suivre ; j’ai pris de petites rues adjacentes, j’ai de nouveau couru en m’éloignant le plus possible, et je me suis réfugié dans le hall d’un immeuble, où je dus rester pendant deux bonnes heures. Dans la bagarre, par miracle, je n’ai écopé que de légères coupures à la main. Je me souviens avoir pleuré de peine et de colère, caché dans un hall devant l’entrée d’une cave, et j’ai envoyé un message absolument abject dans lequel je lui disais qu’elle était la pire personne qui puisse exister, que je remerciais D.ieu d’avoir fait en sorte que nos chemins ne se croisent plus jamais et que, pour rien au monde, je ne voudrais qu’elle soit un jour la mère de mes enfants. J’ai par la suite beaucoup regretté ce message, sous le coup de la colère, car sa vie a toujours tourné autour de la petite enfance et elle se bat très durement pour exercer un métier difficile dans ce domaine. Il était donc mesquin de ma part d’insinuer qu’elle serait potentiellement la pire mère qui puisse exister, la pire chose que je pouvais lui dire au vu de son rapport à tout cela. Mais j’étais vraiment désemparé, en colère et très triste.
Quelques heures plus tard, à sa sortie de garde, elle m’a demandé ce qu’il s’était passé et m’a dit qu’elle arrivait. Je suis donc sorti de l’immeuble et j’ai rejoint son appartement en l’attendant. Je n’avais pas dormi de la nuit, je portais un tee-shirt troué, j’étais au bout de ma vie ; bref, je m’attendais à ce qu’elle soit très déçue de me voir, mais j’avais simplement très envie de prendre une douche et de dormir enfin. Lorsqu’elle arriva à l’étage au petit matin, elle manqua légèrement de trébucher sur l’arrête d’un escalier tant elle était pressée de me serrer contre elle. Pendant quelques instants, j’eus du mal à la serrer moi aussi tant j’étais surpris, puis finalement, je refermai mes bras autour d’elle. Nous nous sommes serrés ainsi un bon moment, et son regard était très amoureux. Je la suivis jusqu’à chez elle et, après avoir pris une douche, je pensais qu’en toute logique nous nous reposerions ensemble puisqu’elle venait de finir 24 heures de garde. Mais elle m’expliqua qu’au contraire, sa journée ne faisait que commencer, qu’elle partait réviser, que je pouvais rester chez elle le temps de trouver un BlaBlaCar, et qu’en attendant, je pourrais occuper son appartement. Je lui demandai donc quand nous aurions enfin le temps de nous voir et de nous parler ; elle me répondit très froidement : « Et nous, quoi ? Bah non, il n’y a plus de nous, c’est terminé, on ne se reverra plus. » C’était censé m’anéantir, mais curieusement, j’ai pensé qu’au vu de l’épisode précédent et de sa façon de me serrer contre elle, c’était surtout la colère de ma venue surprise qui parlait. Je lui demandai alors de bien vouloir supprimer ce message affreux que j’avais envoyé sous le coup de la colère et lui dis que je comprenais. Je lui promis qu’après un repos bien mérité, je chercherais un BlaBlaCar.
Finalement, je suis resté deux jours et demi, car je devais me concentrer sur un partiel. Durant ces deux nuits, j’espérais à chaque fois qu’elle viendrait me rejoindre. Le deuxième soir, elle me prévint que sa mère m’avait rapporté des provisions et qu’elles m’attendaient sur le pas de la porte. J’allai les récupérer et, après lui avoir dit de la remercier chaleureusement de ma part, elle me répondit, à mon grand étonnement, qu’elle m’aimait plus que tout. Cela me redonna espoir pour la suite, et je quittai son appartement le cœur léger. Mon entourage m’expliquait au téléphone que je devenais aussi fou qu’elle et que je devais impérativement sortir de cette relation. C’est pourquoi je gardai pour moi l’épisode de l’agression ; d’une certaine façon, j’en avais même un peu honte.
Une fois rentré chez moi, les choses se débloquèrent entre nous. Pour la première fois en 5 ans, nous nous autorisâmes à parler ouvertement de nos envies sexuelles – jusque-là, nous étions restés assez prudes sur le sujet – et cela débloqua quelque chose. J’avais, de mon côté, eu de nombreuses relations par le passé et, pour elle, j’étais son premier amour. C’était donc la première fois pour elle qu’elle évoquait ce sujet avec quelqu’un, et, de cette façon, et très franchement, étant donné que, depuis le début, je lui étais resté fidèle, j’avais aussi un peu la sensation d’une « première fois ». Nous nous sommes donc dit que nous avions très envie de nous revoir, et il se trouve qu’elle aurait, dans quelques semaines, quelques jours avec un peu moins de travail. Alors, nous avons sauté sur l’occasion. Nous nous sommes revus et, pendant 5 jours, c’était magique, le paradis sur terre. J’avais des courbatures, car j’avais travaillé comme un acharné dans la maison de mes grands-parents avant d’y aller, j’étais donc assez fatigué, mais cela ne nous empêcha pas de vivre des moments extraordinairement intenses et romantiques. Au moment de partir, elle me parlait déjà du prochain séjour, et une fois chez moi, nos échanges demeurèrent passionnés jusqu’à ce que nous nous revoyions le mois suivant.
Cette fois-ci, j’avais proposé que nous nous voyions un peu plus longtemps, et, rétrospectivement, c’était une connerie de ma part : j’avais voulu forcer les choses. Durant ce séjour de 8 jours, le début se passa superbement bien. Seulement, une allergie me faisait éternuer sans arrêt et, semble-t-il, provoqua chez moi des ronflements importants, au point qu’elle ne put quasiment pas dormir pendant 4 jours de suite. Elle l’évoqua vaguement, sans jamais vraiment s’en plaindre, et j’ignorais que cela impactait son sommeil à ce point. Par ailleurs, je voulais que nous sortions souvent, que nous ne restions pas à ne rien faire, et, pour me faire plaisir, elle acceptait alors qu’elle avait surtout envie de se reposer un peu après l’année difficile qu’elle avait eue. Les derniers jours, je la voyais s’éloigner de plus en plus de moi, sans que je ne comprenne pourquoi. Elle s’enfermait dans le silence, et cette situation me faisait beaucoup de peine. Chaque fois que je lui demandais si tout allait bien, elle me répondait que oui, d’un air très agacé. Je me sentais désemparé.
Je me rends compte que le message est beaucoup trop long et que peu de monde prendrait le temps d’aller jusqu’au bout, ce que je comprends. Je vais donc essayer de faire le plus bref possible. Suite à ce séjour qu’elle jugea catastrophique, elle me dit, tour à tour, tout et son parfait contraire. Nous avons eu des moments pendant lesquels elle me disait avoir très envie de me revoir, et, le reste du temps, elle m’expliquait qu’elle avait peur que nous nous revoyions et de finir par être définitivement dégoutée de notre relation. Elle m’expliqua qu’elle avait une boule au ventre à l’idée que nous nous revoyions. Le type qui m’a agressé fut de nouveau évoqué : il avait tenté d’agresser, avec deux couteaux, des commerçants, la police l’a tué, et lorsque l’affaire fut passée à la télévision avec sa description, je lui disais que cela ne pouvait être que lui. Elle me dit qu’elle avait suivi l’affaire avec ses camarades, car tout le monde en parlait, mais qu’elle n’avait même pas fait le lien avec moi. Cela me choqua profondément, car à sa place, c’est la première chose à laquelle j’aurais pensé. J’ai aussi pensé à ce type, même s’il m’avait agressé ; j’ai bien vu qu’il était question d’une personne profondément souffrante qui méritait un traitement plutôt que des balles. Lorsque je lui en parlai, elle sembla absente et, suite à cela, je me posai des questions sur ses capacités d’empathie. Bref, après une période catastrophique, j’ai rompu. Elle est revenue, plus amoureuse que jamais, et m’a dit avoir pris conscience qu’elle avait besoin de consulter. De mon côté, je suis en thérapie depuis un bon moment et je fais tout ce que je peux pour m’améliorer, d’abord pour moi, pour mieux me comprendre, mieux fonctionner, pour moi et pour les personnes que j’aime. Elle m’a attendu 5 ans et a été très patiente avec moi.
Je ne lui ai parlé en substance de mes problèmes d’anxiété que très récemment, sans jamais lui donner tous les détails, parce que j’en ai honte, mais aussi pour ne pas lui ajouter une charge. Je ne sais pas si cette omission est une bonne chose. J’essaie, autant que je peux, de lui expliquer que, peut-être, il serait bon pour elle de consulter, sans jamais lui imposer cette idée. Par moments, lors d’un appel d’une heure, elle me dit à quel point elle ne croit plus en notre relation, d’être incroyablement pessimiste, puis, une demi-heure plus tard, elle m’envoie des messages enflammés. Je lui explique que, pour moi, ces ascenseurs émotionnels permanents sont difficiles à vivre. Elle avait déjà consulté il y a deux ans et demi ; à cette époque, elle était stable sur le plan émotionnel, mais avait besoin de parler. Sur le coup, cela lui fit du bien, d’autant qu’elle avait un passé familial difficile et avait pu « vider son sac ». Mais malheureusement, elle n’a pas donné suite et semble mépriser le principe de thérapie en lui-même. Par moments, elle m’explique qu’en effet, ce serait peut-être bon pour elle, pour revenir ensuite sur tout cela en me disant que ça ne changerait rien et qu’elle n’a de toute façon pas le temps pour ça.
Parfois, je prends du recul et je me demande si ce n’est pas simplement un manque d’amour et d’investissement de sa part, et qu’il n’y a aucun rapport avec un quelconque besoin de thérapie. Et parfois, je repense au fait qu’elle a beaucoup pleuré et a tout fait pour arranger les choses après notre dernière rupture, qu’elle m’a beaucoup parlé d’avenir et de sa volonté que les choses s’arrangent entre nous, et combien elle m’aime. Je suis donc partagé entre la peur d’insister et de nous faire perdre du temps à tous les deux pour une relation déjà condamnée, et la peur de la laisser tomber alors qu’elle a besoin d’aide, de parler, et de persévérer dans cette relation qui pourrait redevenir belle et qui m’a beaucoup apporté malgré les moments difficiles.
Tout ceci étant déjà très long, j’ai écourté et omis certains détails, mais je pense que l’essentiel est là. Merci par avance aux personnes qui ont bien voulu me lire.