Comment savoir qu'il existe une dépendance affective dans le couple ? 5 signes pour le détecter

De quoi s’agit-il ? Sommes-nous tous dépendants affectifs ? Quelle différence entre la dépendance affective pathologique (DAP) et une relation amoureuse saine ? Comment en sortir et construire une relation amoureuse saine et harmonieuse ?

19 AVRIL 2023 · Lecture : min.
Comment savoir qu'il existe une dépendance affective dans le couple ? 5 signes pour le détecter

« L'autre devient une drogue apaisante et rassurante. Celui qui réglera nos affaires d'enfance. Il ne représente plus l'être cher mais l'oxygène dont on a besoin pour vivre. »

Dr William Lowenstein

La dépendance affective (DA), de quoi s'agit-il ?

La dépendance affective est un trouble de la personnalité dépendante qui, selon le DSM-5 (APA,2016), se définit comme « Un besoin général et excessif d'être pris en charge qui conduit à un comportement soumis, collant et à une peur de la séparation qui apparait au début de l'âge adulte et est présent dans des contextes divers. » Il s'agit d'une véritable addiction à une personne auprès de laquelle le dépendant va chercher à combler un manque affectif. Elle concerne 2% de la population française, tant les femmes que les hommes.

Sommes-nous tous dépendants affectifs ?

L'homme étant un être social, il est normal qu'il puisse s'attacher à autrui dans les différentes dimensions de la vie : sociale, familiale et au sein du couple, dans un objectif d'épanouissement personnel. Nous avons tous besoin de nous sentir aimés par les personnes que nous aimons et qui nous sont chères (attachement, approbation, reconnaissance). Ainsi, nous avons besoin autant de nourritures affectives que de nourritures alimentaires et ceci depuis notre naissance, si ce n'est bien avant celle-ci, dans la relation qui se construit entre la mère et son enfant et/ou ses figures d'attachements privilégiées qui sont responsables de lui.

Mais alors, à quel moment la DA pose problème et devient pathologique ?

Elle devient pathologique lorsqu'elle engendre un déséquilibre dans la relation à autrui, avec un proche ou au sein du couple ainsi que la négligence de soi au détriment de l'autre, menant à la souffrance. Généralement, elle puise ses racines dans une enfance ou une adolescence carencée sur le plan affectif où la base sécure n'a pas pu être établie par les donneurs de soins, souvent les parents. C'est donc cette carence qui est vectrice de cette addiction ultérieurement, à l'âge adulte mais aussi de toutes les autres (Tenenbaum, 2010) : addiction alimentaire, aux jeux, au sport, au travail, à la sexualité, …

La dépendance affective pathologique (DAP) au sein du couple, comment ça marche ?

Le conjoint DAP ayant eu des carences affectives graves (rejet, abandon, maltraitances…) n'a pas pu apprendre à s'aimer, à sentir qu'il a de la valeur, ce qui l'incite à rechercher ce manque à l'extérieur pour combler ce vide qui l'étouffe. Il est sans cesse à la recherche de la moindre marque de reconnaissance, d'amour, de gratification pour ressentir un sentiment de valeur personnelle lui procurant un sentiment de plaisir pendant un certain moment passager, avant de retomber dans une humeur basse suite à un reproche, une critique, un échec, un oubli qui le fait jongler entre plaisir momentané, culpabilité, anxiété, dépression. Il est donc victime, inconsciemment de l'incapacité à s'aimer et à être heureux. Tandis que son estime de soi est au plus bas, le conjoint est mis sur un piédestal, admiré, magnifié, fermant les yeux sur les défauts de ce dernier qui souvent, sont minimisés, rationnalisés. Ainsi, il y a confusion entre désir et besoin.

Ce besoin obsessionnel d'attachement à l'autre exige constamment des preuves d'amour pour combler sa peur d'être abandonné. Et c'est donc, inconsciemment qu'il va être amené à utiliser son conjoint pour combler ses carences affectives et retrouver un semblant d'équilibre émotionnel. Pour cela, il sera tenté d'user de stratégies telles que le mensonge, la fusion, la soumission, la domination ou la culpabilisation pour éviter le conflit. Il va s'épuiser et épuiser son conjoint. Une relation de couple saine se distingue donc, par les fondements sur lesquels elle s'est construite.

dépendance affective pathologique (DAP) au sein du couple

Cinq différences distinguent l'amour sain de la dépendance affective pathologique :

Il est donc important de distinguer dans son couple ce qui relève de l'amour sain et de la DAP. Voici 5 critères qui permettent de faire cette analyse dans son couple :

  1. Une relation saine ne comble pas une carence affective : A la base, l'amour est un sentiment magnifique qui est générateur de bien-être intérieur, de créativité et donnant « des ailes » à celui qui l'a expérimenté. Il se construit sur le désir de partager quelque chose avec l'autre et non dans l'unique objectif de combler une carence affective. La vie du DAP tourne autour de son conjoint qui représente le seul et unique pilier de sa vie. Celle-ci n'a de sens que pour lui et à travers lui, une sorte de demi-dieu qu'il se doit de satisfaire sur tous les plans par crainte de le perdre. Il croit fermement agir par amour mais ne se rend pas compte qu'il est lui-même esclave de cette situation de dépendance. Mais un amour possessif, idéalisé, exigeant, étouffant, n'en est pas un tant qu'il cause désolation et destruction.
  2. Le dépendant affectif pathologique a un besoin permanent d'être en présence de son conjoint : L'éloignement physique est insupportable pour le conjoint DAP, au point où les projets sont réajustés ou abandonnés pour s'adapter au besoin du conjoint DAP. Le célibat est impensable pour lui et va tout faire pour retenir son conjoint idéalisé. Il agit comme il doit le faire et non comme il a envie de le faire car étant attentif aux besoins de l'autre, il est souvent sourd à ses propres désirs et souhaits. Tout ceci pour recevoir cette dose d'amour, de reconnaissance tant attendue qui sera telle une prothèse à son estime de soi (Tenenbaum, 2010).
  3. La jalousie du dépendant affectif pathologique : Une jalousie récurrente apparait sans raison particulière car le DAP est envahi par la peur de ne plus être intéressant et digne d'être aimé. Son esprit est envahi par des scénarios où il imagine que son conjoint va le quitter ou le trahir à la moindre occasion. Cette peur irrationnelle l'incite à scruter le moindre signe de désamour ou de désintérêt vite interprété en tant que tel, ce qui déclenche des disputes et des conflits inutiles énergivores dans le couple. La blessure d'abandon est souvent le facteur parasite à l'origine de cette jalousie excessive.
  4. Un amour unilatéral : L'amour sain entre les conjoints ne les empêchent pas de se remettre en question quant à la qualité de ce lien. Lorsque l'un des conjoints perçoit la toxicité de la relation et malgré tout l'amour qu'il peut éprouver, il est capable de prendre du recul, en reconnaissant les incompatibilités et en prenant les décisions nécessaires pour son bien-être personnel. Le DAP, malgré l'observation de comportements toxiques, dangereux, impardonnables, reste, se persuadant pouvoir arranger la situation. Un défi inadapté que de se battre pour une relation destructrice et éteinte. La faible estime de soi et les schémas de dévalorisation amènent le DAP à tolérer l'intolérable de son conjoint, ce qui l'empêche de réagir face à l'agression, au manque de respect.
  5. Des émotions fortes et ambivalentes : Le dernier point qui permet de distinguer entre l'amour sain et la DAP, concerne la gestion et l'intensité dans l'expression des émotions. Contrairement à l'état amoureux sain où sont présentes de fortes émotions et sensations agréables, de l'empathie et où l'attention est focalisée sur la personne aimée, en situation de DAP, le conjoint DAP passe de l'expression de l'amour fou à la haine extrême. C'est ce passage d'un extrême à un autre, de l'obsession au rejet, de moments agréables à des moments de souffrance qui rend le conjoint addicte à l'autre.

La dépendance affective pathologique : une vulnérabilité qui attire des profils malveillants

Logiquement, une personne DAP devrait attirer une personne du même profil qu'elle. Hélas, non ! Le constat est que celui-ci attire surtout les personnalités toxiques, manipulatrices ou perverses narcissiques qui vont exercer une emprise sur lui l'enfermant dans un cercle vicieux de violence psychologique, voire physique à long terme.

Progressivement, la relation évolue vers l'aliénation, des crises de jalousie ou du chantage, ce qui engendre beaucoup de souffrance. Ces comportements vont être perçus par le DAP comme des preuves d'amour alors que ce sont des situations de pouvoir et de domination. Selon les études, l'amour sain ne peut être chez le pervers narcissique, d'où la recommandation des psychologues spécialisés sur la question, de ne pas chercher à le changer mais de fuir. Par ailleurs, un couple de co-dépendants affectifs est possible tant que l'un des deux ne ce décentre pas.

Comment vaincre la dépendance affective et retrouver une relation saine et harmonieuse ?

Sortir de la dépendance amoureuse et aimer réellement, exige un travail thérapeutique car pour pouvoir aimer l'autre, il faut d'abord apprendre à s'aimer soi-même. Quatre principaux types de thérapie validés scientifiquement, permettant de trouver l'origine de la blessure affective, soigner les blessures de rejet et d'abandon, retrouver sa liberté et ne plus souffrir du manque de l'autre : La thérapie de couple, la thérapie psychodynamique, la thérapie interpersonnelle et la thérapie émotionnelle cognitivo-comportementale.

Comme évoqué, l'amour dans une relation de couple saine repose sur la réciprocité des sentiments, de confiance et de respect, alors que dans la relation de dépendance affective pathologique, l'amour est un outil qui permet de combler l'estime de soi défaillante et le besoin de reconnaissance du conjoint DAP. Cette vulnérabilité prenant racine dans les traumas vécus dans l'enfance où la relation d'attachement a été mise à mal entre l'enfant et ses figures d'attachement privilégiées, elle expose le conjoint DAP à la co-construction de liens toxiques. Tant que la prise de conscience n'a pas pu se faire, l'enchainement des relations toxiques vont se succéder car on ne peut soigner ce dont on n'a pas conscience.

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Écrit par

Mehdia Salhaoui

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Bibliographie

  • Américan Psychiatric Association. (2016). Mini DSM-5. Critères diagnostiques, Dir. : Boyer, P., Pull, C., Pull-Erpelding, M-C, Crocq, M-A, Daniel Guelfi, J., Elsevier Masson.
  • Chapelle, F., Monié,B., Rusinek, S., Poinsot,R., Willard,M. (2018). Thérapies comportementales et cognitives. Aide-mémoire, 3ème édition, Dunod.
  • Tenenbaum, S. (2010). Vaincre la dépendance affective. Pour ne plus vivre uniquement par le regard des autres, Albin Michel.

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